Parti des travailleurs, membre de l'Entente internationale des travailleurs et des peuples

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UNE LETTRE OUVERTE À ATTAC

A propos de l'appel " Vers les états généraux de l'assurance maladie"

Cadre à la Sécurité Sociale et syndiquée CGT, j'ai lu avec attention l'appel que vous avez lancé " Vers les états généraux de l'assurance maladie " et je voudrais vous faire part de quelques interrogations.
Vous écrivez dans votre appel : " La contre-réforme gouvernementale doit sortir de leur bouche début avril. "
Début avril ? Je suis quand même surprise.

Certes, le gouvernement annonce qu'il fera connaître ses intentions en avril, à la suite des discussions et des groupes de travail qu'il a mis en place. Il a fait la même chose pour tes retraites. Mais c'est pour brouiller les cartes. Se peut-il que vous n'ayez pas entendu parler du Haut Conseil pour l'avenir de l'assurance maladie ? Se peut-il que vous ne sachiez pas que le Haut Conseil pour l'avenir de l'assurance maladie a remis, le 23 janvier, un rapport au gouvernement, rapport dont, selon M. Mattei lui-même, " les pistes d'action doivent constituer notre fil directeur " (9 février) ?
Je suis quand même étonnée que, alors que vous dites que le gouvernement va présenter en avril sa contre-réforme, vous ne parliez pas du rapport du Haut Conseil. Les " pistes d'action " dont parle le ministre, n'est-ce pas le premier acte de la contre-réforme ? Et cela, non pas en avril, mais en ce moment même.
Le Haut Conseil, par exemple, considère que " le niveau et la dynamique des dépenses placent l'assurance maladie en situation de grande difficulté " (p. 1 de la synthèse). C'est le point de départ de la contre-réforme, gouvernementale.
Or c'est dans le rapport remis le 23 janvier. Ne faut-il pas en parler maintenant ?
C'est un fait avéré qu'entre 1992 et 2001, les patrons ont été exonérés de 95,9 milliards d'euros, dont 20,1 milliards ont constitué une perte sèche pour la Sécurité sociale. Pourquoi n'en parlez-vous pas ?
Ne faut-il pas dire maintenant que le prétendu déficit a été fabriqué par les exonérations octroyées depuis 20 ans par tous les gouvernements ?
POURQUOI NE PAS ALLER AU GOUVERNEMENT POUR EXIGER LE RETRAIT DE CETTE CONTRE-RÉFORME ? N'EST-CE PAS LÀ QUE SONT LES RESPONSABLES ?
Le Haut Conseil ne dit mot des exonérations de cotisations, mais considère la CSG " comme une réponse (aux problèmes de financement), en raison de son universalité et de sa proportionnalité " (p. 15 de la synthèse). Pourquoi n'en parlez-vous pas ?
Peut-être ne le savez-vous pas, mais la CSG, créée par le gouvernement Rocard en 1991, est payée, à plus de 90 % par les salariés, les retraités, les chômeurs et les malades. Le Haut Conseil suggère, au nom de " l'équité " d'augmenter encore le taux pour ces dernières catégories.
Peut-on être d'accord avec cela ? N'est-ce pas maintenant, sans attendre avril, qu'il faut le dire ?
Le Haut Conseil ose parler de " l'aisance dans l'accès aux soins " (p. 14 de la synthèse), alors que 426 médicaments, faisant suite à plus d'un millier d'autres, sont menacés de déremboursement en 2004, alors que les urgences hospitalières deviennent inaccessibles, faute de personnel en nombre suffisant, alors que le gouvernement vient de supprimer la prise en charge à 100 % des soins faisant suite à une intervention chirurgicale prise en charge à 100 %. Et cela, ce n'est pas en avril, c'est actuellement que cela se passe ! Et c'est actuellement que le Haut Conseil préconise " de faire évoluer certains paramètres de la prise en charge " (p. 12 de la synthèse), c'est-à-dire de remettre en cause les règles de remboursement des soins.
Peut-on être d'accord avec le déremboursement des médicaments ? C'est également maintenant que le gouvernement augmente de 10 à 13 euros le forfait journalier à l'hôpital, qui constitue une charge intolérable pour les plus démunis.
Peut-on être d'accord ? Doit-on attendre d'apprendre " de la bouche du gouvernement " un plan qui est dans le rapport du Haut Conseil ? Je ne comprends pas.
Le Haut Conseil ose se plaindre de " la trop grande lenteur avec laquelle se réalise le redéploiement des moyens à l'hôpital " ? Savez-vous que 49 maternités (sur 152) ont été fermées en Ile-de-France ? Le Haut Conseil, qui veut accélérer ce processus, ne prépare-t-il pas un désastre sanitaire? Et il n'y aurait pas un lien entre ce rapport et la contre-réforme, dont le gouvernement nous assure qu'elle verra le jour... en avril ?
J'avoue ne pas comprendre.
Je suis, d'ailleurs, tout aussi perplexe devant la proposition qui est faite "d' actions spectaculaires devant les CPAM et les hôpitaux ".
Vous parlez dans votre appel, de la " contre-réforme gouvernementale ". Dès lors, pourquoi ne pas, aller au gouvernement pour exiger le retrait de cette contre-réforme ? N'est-ce pas là que sont les responsables ? Pourquoi faudrait-il des " actions spectaculaires devant les CPAM " ? Comment comprendre ? Dans les CPAM, vous ne trouverez pas les responsables de cette contre-réforme, vous trouverez les personnels. Pensez-vous que le personnel employés et cadres des CPAM aurait une responsabilité dans la " contre-réforme " ?
Bien sûr, vous n'êtes pas bien familiarisés avec ce qu'est la Sécurité sociale et ce que ressent le personnel de la Sécurité sociale, mais vous pouvez me croire quand je vous dis que le personnel a toujours, et dans les pires conditions de travail et de salaire, fait le maximum pour que les assurés perçoivent leur dû. Loin d'avoir une quelconque responsabilité dans la contre-réforme gouvernementale, il en est bien plutôt, également, la victime, puisque le gouvernement, par l'intermédiaire de la Caisse nationale d'assurance maladie, ferme les uns après les autres les centres de paiement, où les assurés venaient porter leurs dossiers et s'informer de leur situation, organisant la mobilité du personnel. Et cela au moment même où la convention collective nationale garantissant l'emploi, l'avancement automatique à l'ancienneté, est remise en cause pour instaurer, comme dans le privé, le salaire au mérite.
Est-ce là l'objectif, être face à face avec le personnel qui fait son travail ? Je ne peux y croire !
Espérant que vous pourrez me répondre, je suis toute prête à vous rencontrer.
(semaine du 25 février au 2 mars 2004 - n°629)

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Le document d'ATTAC ("lnfosanté", n° 20, ATTAC santé-Sécu)

1. Bilan des "4 heures pour la Sécu" à la Sorbonne.
Nous en tirons un bilan globalement positif. La salle était pleine. Il y avait donc plus de 200 personnes. Le grand intérêt a été de mettre ATTAC dans le jeu des acteurs sociaux de l'assurance maladie. La qualité et la diversité des intervenants a été remarquée : CFTC, Fondation Copernic, INPH (praticiens hospitaliers). MG France, Confédération paysanne, FSU, Union syndicale solidaire, SMG et CGT. L'introduction et la conclusion ont été réalisées par ATTAC France. Seul point noir : il manquait les drapeaux et la presse ATTAC. De ce point de vue, nous n'aurons plus le droit à l'erreur. Ce premier événement nous permet de construire les suivants : préparation d'un livre ATTAC sur les alternatives et le 60e anniversaire du Conseil national de la Résistance, les 13 et 14 mars (au Palais des congrès de Nanterre - 92) avec son volet Sécu.

2. Création des comités de défense de la Sécu.
D'ici fin mars, début avril, il est souhaitable que tous les comités locaux d'ATTAC prennent l'initiative de la création de comités de défense de la Sécu en invitant les organisations syndicales, les associations d'usagers de la Sécu, les organisations fondatrices d'ATTAC, les associations de malades, les associations liées à la dépendance, aux personnes âgées, etc. Tous ces acteurs seront invités aux états généraux de l'assurance maladie (voir point 4).

3. Campagne d'avril des comités locaux d'ATTAC.
La contre-réforme gouvernementale doit sortir de leur bouche début avril. Il convient que tous les comités locaux d'ATTAC préparent une campagne d'information et d'éducation populaire sur une quinzaine de jours par tous les canaux à leur disposition : communiqués de presse dans les médias locaux (télés, radios, journaux), distribution de tracts dans tous les hôpitaux et centres de soins et de Sécu, actions spectaculaires devant les CPAM ou les hôpitaux, etc. Du matériel sera adressé au siège (communiqué de presse et tract), sur lequel vous pourrez " broder " ou mettre votre touche locale.

4. Vers les états généraux de I'assurance maladie.
La campagne précédente se terminera par un rassemblement massif le samedi 24 avril dans des états généraux de l'assurance maladie. Le lieu n'est pas déterminé. Nous attendons des propositions des comités locaux de Rennes, Lyon, Tours et de la région parisienne. Nous choisirons dans les 20 jours qui viennent. Il faudrait un format du style de l'AG nationale d'ATTAC avec une salle plénière et des salles pour ateliers (...).
Il est suggéré aux comités locaux d'ATTAC de préparer dès maintenant la mobilisation. Nous devons être entre 600 et 1 000 personnes de toute la France. Cette manifestation sera l'occasion de rassembler tous les comités de défense de la Sécu créés à l'initiative d'ATTAC ou non. Seront également invités toutes les associations et syndicats qui s'intéressent à ce secteur.
(semaine du 25 février au 2 mars 2004 - n°629)

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L'ASSOCIATION ALTERMONDIALISTE A ORGANISÉ UN COLLOQUE SUR LE PROGRAMME
DU CONSEIL NATIONAL DE LA RÉSISTANCE (1)

Quand ATTAC commémore les nationalisations...

" Un pacte social inédit ", " un remarquable consensus " : c'est ainsi que la revue altermondialiste Politis qualifie le programme du Conseil national de la Résistance (mars 1944), auquel ATTAC a consacré un colloque, les 13 et 14 mars, à Nanterre. Un modèle qu'ATTAC semble vouloir ressusciter pour " refonder les services publics ", à la sauce de l'Union européenne, c'est-à-dire de la privatisation.

Parmi bien d'autres, Stéphane Hessel (ancien résistant, ambassadeur de France) a salué, au cours de ce colloque d'ATTAC, le programme du Conseil national de la, Résistance comme œuvre commune du " communisme ", du " gaullisme ", du " personnalisme chrétien " et du " New Deal de Roosevelt ". Il a appelé " à retrouver un peu l'esprit de cette époque-là ". Comment cela ?
M. Hessel ne sait-il donc pas que le peuple, les travailleurs, les cheminots avaient combattu pour imposer ce qui précisément est aujourd'hui remis en cause par l'Union européenne et les gouvernements successifs à ses ordres : la Sécurité sociale, les services publics, les statuts nationaux ? Ne sait-il donc pas qu'il y avait, pour les travailleurs, la volonté de rupture avec le capitalisme qui venait d'entraîner l'humanité dans la barbarie ?
Prenom l'exemple d'EDFGDF, dont la nationalisation date elle aussi de la Libération. Yann Cochin, responsable de Sud énergie, déclare lors d'une table ronde de ce colloque : " Nous faisons partie de ceux qui interrogent les fondements de la nationalisation (...) qui nous pose problèmë sur un certain nombre de points. " Ce ne serait finalement donc pas un colloque pour défendre les nationalisations, mais pour les remettre en cause ? La suite le démontrera.
"Défendre EDF telle qu'elle est, cela n'a pas de sens"
Dominique Pilhon, président du conseil scientifique d'ATTAC, l'appuie : "Ton intervention est utile, car il y a effectivement une ambivalence dans la nationalisation." Et la privatisation, monsieur le dirigeant d'ATTAC, elle est aussi " ambivalente " ?
La directrice générale de Greenpeace France et ancien députée apparentée PS, Michèle Rivasi, déclare carrément : " Défendre EDF telle qu'elle est, est-ce une garantie ? Je dis non. Je suis, pour le service au public. " Le mot est lâché. On l'a vu à l'œuvre, le " service au public " des entreprises privées d'électricité de Californie, qui ont soutiré des milliards de dollars à la population en manipulant les tarifs, avec coupures de courant à la clef. Public ou privé, Michèle Rivasi dit elle-même qu'elle ne fait pas de " distingo ". Et de dénoncer avec virulence, dans une diatribe anti-ouvrière, " les syndicats complices ", coupables de " vouloir conserver le système ".
Un membre d'ATTAC des Hauts-de-Seine se charge d'expliquer : " Il peut y avoir des missions de services publics rendues par des entreprises privées. Il ne faut pas se tromper de débat. Le débat, ce n'est pas l'avenir d'EDF " Courant avril, le gouvernement entend déposer son projet de loi de privatisation d'EDF-GDF, mais ce n'est pas le sujet pour ATTAC. " Ce qui me chiffonne, c'est la confusion entre service public et entreprise publique ", martèlera un autre membre d'ATTAC.
L'Union européenne et le gouvernement, pour justifier les privatisations, ne disent pas autre chose, avançant la notion de " services d'intérêt général ". Yann Cochin, de Sud énergie, conclut : " Défendre EDF telle qu'elle est, cela n'a pas de sens. " C'est ce qu'il appelle " refondre un programme de service public ".
Parlons concrètement : le " pacte social ", aujourd'hui, que le gouvernement et l'Union européenne appellent de leurs vœux, c'est pour précisément défaire tout ce qui avait été alors conquis à la Libération... Constatons qu'ATTAC, avec ces personnalités de " gôche " qui la composent, compte visiblement apporter plus qu'une pierre à cet édifice réactionnaire.
YAN LEGOFF    (semaine du 17 au 23 mars 2004 - n°632)

(1) Organisme fédérateur des organisations de la Résistance française, pendant la Deuxiéme Guerre mondiale, constituée en 1943 sous l'égide de De Gaulle.

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D'où vient la "réforme alternative" de la Sécurité sociale
prônée par ATTAC ?

ATTAC organise des réunions dans toute la France, visant à la création de " comités de défense de la Sécurité sociale " (1). Avec quels objectifs ? Voici ce qui s'est dit dans l'une de ces réunions, tenue le 11 mars dernier, dans les Hauts-de-seine.

Ce 11 mars, sont à la tribune de la Bourse du travail de Gennevilliers : Michel Husson, du conseil scientifique d'ATTAC, Catherine Mills, économiste, de la Fondation Copernic, et Bernard Hesse, responsable du syndicat CGT des agents de la Sécurité sociale dans les Hauts-de-Seine (2).
Michel Husson commence par expliquer qu'il faut " présenter des alternatives " à la contre-réforme préparée par le gouvernement. Bon. Admettons. Catherine Mills approuve, mais précise : il y a besoin, dit-elle, " d'une réforme alternative ". Ce qui rejoint ce que demandent le gouvernement et le MEDEF, qui déclarent vouloir " réformer " la Sécurité sociale, mais veulent, en réalité, comme le démontrent les faits cités dans cette page, supprimer les droits des malades.
Un militant du Parti des travailleurs, qui intervient de la salle, n'est pas d'accord: il déclare qu'il n'y a pas de déficit de la Sécurité sociale, que le Haut Conseil pour l'avenir de l'assurance maladie a été mis en place par le gouvernement pour aboutir à un " diagnostic partagé " pour faire appliquer sa contre-réforme par les organisations syndicales. Il propose le retour à la Sécurité sociale de 1945, la restitution des 20 milliards d'euros d'exonérations de cotisations sociales consenties chaque année au patronat, l'abrogation de l'impôt CSG et " d'aller au gouvernement pour l'exiger ". Il n'a pas le temps de terminer son intervention, son micro est coupé ! Belle démonstration de la liberté de discussion et de la démocratie dont se targuent les responsables d'ATTAC.
Catherine MiIls, de la tribune, répond qu'il faut " trouver d'autres façons de se soigner ", qu'on ne peut " pas revenir au système de 1945 ", car " les risques ont changé ". Au moins, c'est clair. Si " les risques ont changé ", alors, la prise en charge à 100 %, le libre accès des malades à l'hôpital, la heerté de prescription n'ont plus lieu d'être !
N'est-ce pas précisément l'argument du MEDEF, qui affirme que " le système de Sécurité sociale français, qui a fait ses preuves durant la période d'après-guerre, ne semble plus adapté à la situation (…). Il faut bâtir une protection sociale moderne à partir de nouveaux risques à couvrir. Or les risques ont changé depuis 50 ans " (3) ?
Catherine Mills poursuit : " L'idée du salaire différé est fausse. " Il faut le faire !
HARO SUR LE SALAIRE DIFFÉRÉ ET LE SYSTÈME DE 1945 !
Ce sont les cotisations sociales, une fraction de notre salaire, qui financent la Sécurité sociale. Et ces cotisations sociales, que les patrons appellent frauduleusement " charges des entreprises ", sont répercutées dans le prix de revient des marchandises qu'achètent les consommateurs que nous sommes. C'est bien pourquoi les exonérations de cotisations sociales au bénéfice du patronat constituent un véritable détournement. Catherine Mills propose de " trouver une solution pour le déficit ", qu'elle juge, bien évidemment, tout à fait réel. Et comme elle considère que " l'idée du sa/aire différée est fausse ", faut-il, comme on l'entend de plus en plus, augmenter la CSG ? CSG qui, rappelons-le encore une fois, est payée à 90 % par les salariés, les retraités, les chômeurs et les malades.
Le MEDEF ne peut que se féliciter " On est passé (...) des fameuses cotisations (...) à des financements fiscaux, comme en témoignent la CSG ou le CRDS. Nous prenons acte de cette évolution (...). La solidarité dans le financement est remplaçant les cotisations de Sécurité sociale par le recours à la CSG." (5)
C'est précisément ce qu'exige le Fonds monétaire international (FMI), qui veut " déplacer le poids de la taxation des salaires vers des taxes à assiette élargie, comme les taxes sur la consommation " ce qui " pourrait être mis en œuvre par la réduction des cotisations Sécurité sociale et par l'augmentation simultanée de la TVA ou de la CSG. " (6)
Pense-t-on sérieusement qu'en reprenant, sans le dire et sous une phraséologie " altermondialiste ", les " réformes " convergentes prônées par le MEDEF, l'Union européenne et le FMI, on préserve la Sécurité sociale ? Signalons, quand même, que, dans la salle, plusieurs militants syndicaux, de toutes tendances, ont dénoncé ces propositions.
YAN LEGOFF     (semaine du 24 au 30 mars 2004 - n°633)

(1) La LCR, l'organisation d'Olivier Besancenot, est partie active de cette initiative, se félicitant du " rôle rassembleur d'ATTAC " . (Rouge, 19 février). Le PCF, par la voie de sa secrétaire nationale, Marie-George Buffet, a appelé à la création de " comités de résistance et d'avenir pour la Sécurité sociale " (L'Humanité, 15 mars) dans toutes les communes.
(2) La réunion était appelée par ATTAC, mais aussi, notamment, par le PCF, la LCR, la FSU, les syndicats SUD, l'union départementale CGT, les Mutuelles de France, la Confédération paysanne (l'organisation de José Bové), un syndicat de médecins (SMG).
(3) Denis Kessler, vice-président du MEDEF, le 20 novembre 2001, présentant sa proposition de " nouvelle architecture de l'assurance maladie ".
(4) Denis Kessler, référence déjà citée,
(5) Rapport du FMI sur la France, n° 03/335, octobre 2003.

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À PROPOS D'UN APPEL "CONTRE LA PRIVATISATION DE L'ASSURANCE MALADIE, POUR UNE RÉFORME ALTERNATIVE DU SYSTÈME DE SANTÉ"

Faut-il rétablir la Sécurité sociale de 1945 ?

Nous venons de lire l'appel lancé par Catherine Mills, d'ATTAC, " contre la privatisation de l'assurance maladie, pour une réforme alternative du système de santé ".

A priori, un appel contre la privatisation de l'assurance maladie a de quoi susciter la sympathie.
On y lit un certain nombre de choses sur les objectifs du gouvernement de " réduire les dépenses publiques de santé ", " d'élargir le rôle des complémentaires au détriment de la Sécurité sociale... ".
Cela est fort juste, encore que, lorsque l'appel dénonce la " définition " par le gouvernement " d'un panier de soins ", il convienne de rappeler que c'est le gouvernement Jospin qui a, en février 2000, introduit cette notion en affirmant : " Le principe de réalité (...) est que, s'il faut effectivement des soins pour tous, cela ne peut pas concerner tous les soins. "
Pourquoi ne pas le dire ?
Pourquoi ce silence ?
Continuons la lecture : " Répondre aux nouveaux besoins de santé nécessite de les évaluer au plus près pour prendre en compte le vieillissement, pour s'attaquer aux inégalités de santé, garantir l'accès de tous aux progrès médicaux et promouvoir la santé publique. " Mais qu'est-ce qui a permis de " répondre aux besoins de santé ", de " garantir l'accès de tous aux progrès médicaux ", sinon la Sécurité sociale créée en 1945 ? Pourquoi ne pas dire simplement qu'il faut revenir à la Sécurité sociale de 1945, qui a permis de financer les hôpitaux publics, de garantir la prise en charge à 100 % des maladies graves, longues et coûteuses ? Pourquoi ce silence ?
Mme Mills était, le 11 mars dernier, à une réunion d'ATTAC à Gennevilliers (lire page 9)" on ne peut pas revenir au système de 45, car les risques ont changé ". Elle propose aujourd'hui " une réforme véritable du système de santé, (qui) exige que l'on trouve des moyens de financement à la hauteur des besoins nouveaux ". Ce n'est donc pas la Sécurité sociale de 1945. C'est clair. En quoi le changement proposé diffère-t-il, alors, des changements proposés par le gouvernement et le MEDEF ?
Pourquoi ne pas exiger la restitution des exonérations ?
Elle dit qu'il faut trouver " des moyens de financement ". Elle parle des " exonérations de cotisations patronales, qui atteignent désormais 20 milliards d'euros par an ". Très juste. Mais pourquoi n'exige-t-elle pas la restitution de ces exonérations ? De 1992 à 2001, les patrons ont empoché, grâce aux gouvernements qui se sont succédé, 95,9 milliards d'euros, de quoi largement financer tous les besoins actuels et " nouveaux ". Que ces 95,9 milliards d'euros soient restitués et la Sécurité sociale peut être rétablie sur les bases de 1945.
Mme Mills nous dit " qu'il faut garder le lien avec l'entreprise, lieu où se créent les richesses ". Le lien avec l'entreprise ? Est-ce les entreprises qui financent la Sécurité sociale ? C'est le MEDEF qui dit que les cotisations sociales sont des " charges pour les entreprises " ! Mme Mills n'est évidemment pas le MEDEF, mais pourquoi utilise-t-elle le même vocabulaire ? La part dite " patronale " et la part ouvrière font, toutes les deux, partie de notre salaire, qui, au lieu de nous être versé directement, est différé et versé à la Sécurité sociale. Comme le salaire, elles sont d'ailleurs répercutées dans le prix de vente des marchandises que nous achetons ! C'est un fait, et l'utilisation de termes comme " ratio masse salariale-valeur ajoutée ", auxquels personne ne comprend rien, ne fait que semer la confusion.
Le 11 mars, Mme Mills disait que " l'idée du salaire différé est fausse ". Dans son appel, elle dit qu' " il faut garder le principe des cotisations sociales "... Elle semble donc avoir changé d'avis. Mais ATTAC a déclaré le 13 mars, au colloque de Nanterre : " Il faut instituer une justice sociale grâce à un juste prélèvement sur tous les revenus par une CSG progressive. " Alors, que faut-il comprendre ? La CSG, rappelons-le, est payée à 90 % par les salariés, les retraités, les chômeurs, tandis que les cotisations sociales font partie du salaire payé par l'employeur.
Que signifie la proposition de mise en réseau ?
Continuons la lecture : " Une réforme de progrès du système de soins est indispensable. " L'appel propose " la médecine en réseau " et " développer les réseaux ville-hôpital ". En soi, ces termes qu'on entend partout ne disent pas grand-chose. De quoi s'agit-il ? Le Haut Conseil pour l'avenir de l'assurance maladie (1) en a fait l'axe de sa " réforme " : " Associer à des modes de remboursement majorés les formes d'accès aux soins par lesquelles tout recours au spécialiste, voire à l'hôpital, devrait s'effectuer par l'intermédiaire d'un généraliste. " Aujourd'hui, on peut librement aller à l'hôpital ou voir un spécialiste pour se soigner. Avec le système des " réseaux ", ce libre accès ne serait plus remboursé comme aujourd'hui. Le libre accès à l'hôpital ou au spécialiste serait réservé à ceux qui peuvent payer ou payer une assurance privée.
Est-ce là une réforme " de progrès " ?
On lit également que " le système de santé doit être réorienté vers la prévention " . D'accord, " il est préférable de prévenir que de guérir ". Mais ne faut-il pas être soigné quand on est malade ?
Les gouvernements ont fermé la moitié des maternités, des services, des lits, des hôpitaux entiers (lire page 8) . Pourquoi l'appel n'en parle-t-il pas ? Pourquoi ne pas dire que, dans les services des urgences, on assiste à des situations dignes du Moyen Age ? Ne faut-il pas exiger la réouverture des lits et des services fermés ?
L'appel de Mme Mills nous parle de " démocratie sanitaire ", pour revendiquer " la reconnaissance du rôle des associations de malades et des malades eux-mêmes ". Mais comment les malades peuvent-ils se soigner sans médecins, sans hôpitaux ? Qu'est-ce que " la démocratie sanitaire " ? S'agit-il que les malades décident, " démocratiquement ", comment se soigner? Se soignent eux-mêmes ?
L'appel se conclut par : " Ne pas laisser faire la contre-réforme qui s'organise, c'est faire des propositions alternatives audacieuses. " Des " propositions alternatives "...
Faut-il défendre notre système de santé ? Faut-il défendre nos hôpitaux public? Faut-il rétablir la Sécurité sociale de 1945 ?
NICOLE VILLA, PIERRE SAXE      (semaine du 24 au 30 mars 2004 - n°633)

(1) Il faut dire que, dans son communiqué du 23 janvier 2004, ATTAC France déclarait que " le diagnostic partagé proposé par le Haut Conseil réaffirme un certain nombre de principes importants (...). C'est un compromis avec des aspects positifs (...)."

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