Parti des travailleurs, membre de l'Entente internationale des travailleurs et des peuples

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La taxation des revenus financiers.

Dans cette période de grèves et de manifestations contre le projet Raffarin de remise en cause du système de retraites, on voit fleurir nombre de textes économiques, relayés par de grands quotidiens, textes écrits par des économistes qui ont tous la particularité d'être à ATTAC, ou du moins d'en être proches. Ils nous disent (...), que, pour financer les retraites, « y' a qu'à taxer » les profits.
Il faut bien considérer le danger de ces propos.
Si nous poussons leur logique jusqu'au bout, ce qu'ils se gardent bien de faire, on arrive à une situation pour le moins paradoxale : les salariés, pour s'assurer des retraites confortables, ont donc tout intérêt à ce que les profits des entreprises augmentent, de manière à dégager plus de fonds pour les caisses de retraite.
Nous savons bien que les profits ne peuvent être réalisés qu'au prix d'une exploitation sans vergogne des classes laborieuses, de licenciements massifs, d'une déréglementation généralisée, d'une remise en cause des Codes du travail nationaux. La régionalisation en cours ne poursuit d'ailleurs pas d'autre but.
Le fait de penser financer à long terme les retraites en taxant les profits, induit de plus une confiance dans ces dits profits, et, par conséquent, dans le système capitaliste qui les génère. Comment peut-on, d'une part, prétendre lutter contre la mondialisation capitaliste, objectif avoué d'ATTAC, et, d'autre part, entériner le capitalisme comme système économique indépassable ? Le système fondé sur la propriété privée des grands moyens de production conduit inéluctablement le monde à la barbarie.
Il est à noter que ce sont les mêmes économistes qu'on retrouve dans les forums sociaux, financés par l'Union européenne, qui exigent de démanteler le service public (...).
En revanche, ces mêmes économistes se gardent bien de dévoiler les presque 20 milliards d'euros d'exonérations de cotisations sociales des entreprises en 2002, peut-être pour pouvoir dire en octobre qu'une « bonne réforme » de la Sécurité sociale est nécessaire...
P. G.  SAINT-CESAIRE (ALPES-MARITIMES)  (courrier d'un lecteur)
(semaine du 25 juin au 1er juillet 2003 - n°595)

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L'Union européenne, porte–parole d'ATTAC?

Nous apprenons que « plusieurs dizaines d'associations altermondialistes (dont ATTAC et la Ligue des droits de l'homme) et syndicats (CGT, G 1O, FSU, CFTC, FGTE–CFDT) redoutant la perspective d'une ouverture à la concurrence de l'ensemble des services publics, regroupés en collectif, viennent de demander au président Jacques Chirac de "réviser" le mandat donné au commissaire européen Pascal Lamy, afin qu'il propose un "moratoire" sur l'accord général sur le commerce des services (AGCS) en négociation à l'OMC » (AFP, 3 juillet) .
La vice–présidente d'ATTAC, Susan George, a précisé : « Il y a une boulimie dans l'action de l'OMC », déplorant, selon l'AFP, que l'OMC voie « dans les services, l'eau, la santé et l'éducation de gigantesques sources de profit ».
Et lors d'une conférence de presse, Pierre Barge, membre du collectif, a déploré que « l'AGCS, en négociation à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), menace de livrer au marché et à la concurrence l'ensemble des services publics ». Il s'agirait donc, pour ce collectif et pour ATTAC, de « réviser» le mandat du commissaire européen Lamy pour défendre les services publics?
LE COMMISSAIRE EUROPÉEN PEUT–IL VRAIMENT AVOIR UN MANDAT CONTRADICTOIRE AUX EXIGENCES DE L'OMC ?
Mais la Commission européenne, qui dicte, directive après directive, la privatisation de tous les services publics, vient de publier un Livre vert sur ce qu'elle appelle les services d'intérêt général (SIG).
Que dit ce Livre vert ? « Les termes service d'intérêt général et service d'intérêt économique général ne doivent pas &ecicr;tre confondus avec l'expression "service public" (…), qui n'est pas utilisée dans le présent Livre vert. » Et pourquoi cette disparition du nom de service public au profit des SIG ? Car, contrairement au service public, « le fait que les fournisseurs de services d'intérêt général soient publics ou privés n'a pas d'importance dans le droit communautaire (…). Les entreprises publiques confient de plus en plus souvent la fourniture de ces services à des entreprises publiques ou privées, ou à des partenariats entre le secteur public et le secteur privé. »
Et que recouvrent ces SIG, qui peuvent donc être privés? Le Livre vert répond : « La réalité des services d'intérêt général couvre un large éventail d'activités de types différents, de certaines activités des grandes industries de réseau (énergie, services postaux, transport et télécommunications) à la santé, l'éducation et les services sociaux », donc… tout ce que l'OMC se fixe de « livrer au marché et à la concurrence ».
Dès lors, comment comprendre la requête de ce collectif et d'ATTAC ?
L'Union européenne et son commissaire Lamy pourraient avoir un « mandat » contradictoire à l'OMC ?
Qui peut sérieusement le croire?
DANIEL SHAPIRA     (semaine du 9 au 15 juillet 2003 – n°597)

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ATTAC et les « privilèges » des fonctionnaires brésiliens

« Certes, le régime de retraite des fonctionnaires brésiliens, instauré par la Constitution de 1988, a de quoi faire rêver : retraite à 53 ans avec 100 % du traitement sous condition d'avoir cotisé vingt ans. La presse se repaît depuis de nombreuses années du "scandale des maharadjahs", ces juges ou hauts fonctionnaires dont les pensions atteignent 5 000, voire 10 000 dollars mensuels.
L'instauration d'un plafond (une pension maximum de 800 dollars) et le report du départ à 60 ans pour les femmes et 65 ans pour les hommes (comme dans le privé) n'apparaissent donc pas scandaleux à l'opinion publique brésilienne. »

Fonctionnaires « nantis », opposition du privé au public... Qui peut tenir de tels propos, sinon un fieffé réactionnaire ? On a entendu tout cela en France dans la dernière période, au moment des grèves et manifestations pour le retrait du plan Fillon, pour les 37,5 annuités pour tous, public-privé.
Malheur et damnation! Cette fois, c'est un membre du conseil scientifique d'ATTAC (excusez du peu), Thomas Coutrot, qui s'exprime dans l'hebdomadaire Politis (24 juillet) au sujet du Brésil. Présenté comme un économiste « à contre-courant », il reproche au président brésilien, Lula, de tourner sa politique « vers un seul objectif : rassurer les milieux financiers ». Très juste. Mais en opposant ainsi les « privilèges » des fonctionnaires brésiliens « aux dizaines de millions de chômeurs, de travailleurs au noir ou de paysans sans terre » qui ont élu Lula, où veut-il en venir ? De quel côté est-il, cet « à contre-courant », au moment où les fonctionnaires brésiliens sont en grève générale contre la réforme de leur régime de retraite?
En tout cas, pendant le mouvement qui a dressé contre le plan Fillon travailleurs du public comme du privé (ce que Coutrot semble oublier), les « économistes » d'ATTAC se répandaient sur la « nécessité d'une bonne réforme des retraites » ; aujourd'hui, au moment où se prépare le démantèlement de la Sécurité sociale, les mêmes viennent nous expliquer qu'il ne s'agit pas d'un salaire différé, mais d'une « contribution de toute la société » - en quelque sorte la contribution sociale généralisée (CSG), payée à 90 % par les salariés, machine de guerre contre le système de solidarité entre tous les salariés, sur les fonds duquel lorgne le patronat.
Il est vrai que pour ces « experts »
, la lutte de classe n'existe pas. Mais il semblerait qu'elle n'ait pas besoin de leur autorisation, et les faits sont là : au Brésil, comme en France, le combat pour la défense des retraites, c'est le combat de tous les travailleurs, de tous les exploités.
(semaine du 30 juillet au 5 août 2003 - n°600)

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CORRESPONDANCE DE LA FÉDÉRATION DE L'AUBE DU PARTI DES TRAVAILLEURS

Quand l'orateur d'ATTAC fait campagne pour
"en finir avec les services publics"

CORRESPONDANCE
La correspondance ci-dessous nous a été transmise par la fédération de l'Aube du Parti des travailleurs. Nous avons jugé utile de la livrer à nos lecteurs tant les faits qu'elle relate nous ont laissé pantois.

"Notre assemblée de section a été introduite par les camarades qui avaient été mandatés pour participer à la réunion d'ATTAC, à laquelle notre parti avait été convié, fin juin, ainsi que d'autres organisations politiques et syndicales, voire associatives.
L'orateur principal à cette réunion d'ATTAC était M. Salers. Il a commencé par une présentation de son association, faisant, par la même occasion, la promotion de son livre et de sa personne, ex-membre du cabinet du ministre Gayssot.
Son discours a été long, mais a eu le mérite de la clarté. Il n'a pas caché son but: construire un regroupement d'usagers pour « en finir avec les services publics gérés par les fonctionnaires et les syndicalistes ». Rien que cela.
Le summum de la démocratie serait, selon lui, de « mettre le fonctionnaire sous la responsabilité des élus et non d'une hiérarchie n'ayant aucun mandat électif ». Aux dires de M. Salers, la fonction publique doit être « sous la tutelle des quartiers ». Curieux propos en cette fin juin, à un moment où la grève des enseignants contre la décentralisation venait à peine de se terminer.
Nous sommes donc intervenus pour dire ce que des centaines de milliers de fonctionnaires veulent, à savoir : « Défendre les services publics nationaux avec des fonctionnaires indépendants des pouvoirs d'influence locaux. »
Nous avons répété dans cette réunion d'ATTAC ce que la masse des fonctionnaires avait exigé, avec leurs syndicats, dans la grève et dans les manifestations : « Ces administrations garantissent l'égalité en droit de tous les citoyens sur tout le territoire de la République. »
La réponse de l'orateur a été presque totalement consacrée aux « camarades du PT » dont les propos ont été taxés de « réactionnaires ».
Impensable pour ce monsieur qu'il existe encore des défenseurs d'une conception « archaïque de la fonction publique ». Selon lui, cette « conception technocratique » mettrait en péril l'existence des services publics. La cause du « processus de privatisation » résiderait dans les « carences » du service public dues à la mauvaise qualité du travail des fonctionnaires. On croirait entendre Francis Mer. Il faudrait, selon lui, pour améliorer le service public, mettre ce dernier sous l'autorité des usagers localement.
Il a alors lancé un appel à la création partout de regroupements associatifs pour donner corps à cette tutelle locale sur les services publics. Il s'agissait donc pour lui d'impliquer les participants dans la mise sous tutelle du service public et dans son démembrement par la création d'associations.
A ne pas en croire ses oreilles...
Bref, la remise en cause du combat plus que séculaire des républicains et socialistes pour extirper notamment l'école des influences locales. Les personnels de l'Education nationale apprécieront, alors même qu'ils se sont mis en grève pour préserver leur statut national de fonctionnaires d'État indépendants des élus locaux.
Mais il ne s'est pas arrêté là, il a allégrement fait un amalgame entre la Sécurité sociale et la fonction publique. Alors qu'il s'agit de deux institutions de nature différente, et il ne peut l'ignorer, la première est un organisme paritaire de gestion du salaire différé des travailleurs, indépendant du budget voté par le Parlement. Ce qui n'est pas un détail, car cette « confusion » couvre la fiscalisation initiée par Rocard avec la CSG pour détruire nos acquis.
CORRESPONDANT     (semaine du 6 au 12 août 2003 - n°601)

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COURANT COMMUNISTE INTERNATIONALISTE DU PARTI DES TRAVAILLEURS
(SECTION FRANÇAISE DE LA IVe INTERNATIONALE)

Encore un effort pour ne plus être stalinien, M. Nikonoff !

Monsieur Nikonoff, dans l'article que vous signez dans Libération (18 août), vous vous en prenez aux « deux (...) formations d'extrême gauche (PT et LO) » pour qui « le mouvement altermondialiste et particulièrement ATTAC - est devenu leur bête noire ».
Non, M. Nikonoff, les militants du Parti des travailleurs n'ont qu'une « bête noire » : le système d'exploitation capitaliste fondé sur la propriété privée des grands moyens de production.
Pour autant, n'avons-nous pas le droit, en démocratie, de nous interroger sur l'orientation du mouvement ATTAC et des forums sociaux ?
En fait de bête noire, c'est vous, M. Nikonoff, qui semblez obsédé par une idée : dégager ATTAC et le mouvement « altermondialiste » de ce que vous appelez « une image "gauchiste" qui semble le marquer ». C'est votre droit. Mais pourquoi l'accompagner de cette affirmation : « Les libéraux préfèrent toujours l'extrême gauche »? Sachant que vous rangez le Parti des travailleurs dans l'extrême gauche et que « libéral », sous votre plume, signifie quelque chose comme : de droite, réactionnaire, bourgeois, etc., on peut traduire votre formule par : « L'extrême gauche (dont le PT fait partie) est une agence de la classe capitaliste. »
C'est la vieille rhétorique stalinienne qui perce au grand jour. Il y a quelques décennies, vous auriez sans doute, M. Nikonoff, dénoncé les « hitléro-trotskystes » et montré du doigt comme agents de Hitler et du Mikado les militants de toutes tendances du mouvement ouvrier qui refusaient obéissance au génial « Petit Père des peuples » qui régnait au Kremlin.
Des millions de militants ont ainsi payé de leur vie, dénoncés comme les agents d'une classe capitaliste que pourtant ils n'avaient jamais cessé de combattre, quelle que soit leur référence idéologique.
Les temps ont passé, le PCF jure ses grands dieux n'avoir plus rien à voir avec le stalinisme... mais vous, M. Nikonoff, qui avez été formé à cette école, vous avez encore quelques efforts à faire pour ne plus être un stalinien.
Un fait : le Parti des travailleurs est totalement indépendant financièrement, donc politiquement. Il refuse d'être subventionné par l'État, les institutions internationales, le gouvernement, les patrons, etc.
D'autres faits vérifiables par tout un chacun : ATTAC, dont vous êtes le président, s'est rendue le 14 janvier dernier à Matignon pour demander des subventions pour le Forum social européen. Selon votre prédécesseur, M. Cassen (Le Figaro, 17 janvier 2003), le gouvernement s'est engagé à vous apporter un appui financier et à vous appuyer dans votre démarche auprès de l'Union européenne pour obtenir semblable soutien financier. L'organe officiel d'ATTAC (Courrier, n° 406, 4 mars 2003) confirme ce soutien financier du gouvernement.
N'étant pas une stalinienne, je n'en conclurai pas, M. Nikonoff que « les libéraux préfèrent toujours ATTAC » ou que vous seriez vous-même un suppôt de la bourgeoisie. Je laisse les lecteurs juger sur la base des faits. Je suis convaincue que la plupart des adhérents d'ATTAC ne partagent pas ces méthodes.
Il n'en reste pas moins - et votre article est là pour nous le rappeler à bon escient, M. Nikonoff - que le stalinisme n'est pas mort.
Pour ma part, le 30 août, je serai sur la tombe de Léon Sedov pour commémorer la mémoire des militants ouvriers de toutes tendances victimes du stalinisme.
I.C., militante du parti des travailleurs, membre de son Courant communiste Internationaliste (section française de la IVe Internationale)... et fière de l'être !
(semaine du 20 au 26 août - n°603)

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UN ÉCRIVAIN PROLIXE... CONTRE LA CLASSE OUVRIÈRE

Jacques Nikonoff, d'ATTAC et du PCF

Jacques Nikonoff, président d'ATTAC-France, est aussi membre du PCF. En sous-main, il est même un de ses économistes les plus en pointe. « Hu-iste » patenté, il ne jure plus que par les forums sociaux et prône à demi-mots ce nouveau « mouve » contre la classe ouvrière et les partis. Analysons quelques réflexions de cet ardent défenseur d'un « statut du travailleur salarié" contre les conventions collectives et les statuts nationaux.

Pour Jacques Nikonoff, « les luttes du printemps pour la défense des retraites et de l'école ont été un demi-succès pour le gouvernement et un demi-échec pour le mouvement social (...). Le gouvernement et le MEDEF n'ont pas atteint leur objectif. » Étonnant.
La loi sur les retraites ne vient-elle pas d'allonger de quatre ans et demi le nombre d'annuités pour les fonctionnaires et de deux ans pour les salariés du privé? Une décote n'a-t-elle pas été mise en place, abaissant à un niveau sans précédent les futures pensions? Un demi-échec?
Jacques Nikonoff, décidément, s'inspire des appareils du syndicalisme et n'est-il pas, d'ailleurs, un de leurs inspirateurs ? - pour chanter un demi-échec du patronat et du gouvernement, qui voulaient 45 annuités? Pour lui, le gouvernement a perdu « sur le plan idéologique... Il a perdu aussi sur la division qu'il voulait organiser entre les fonctionnaires et les salariés du privé. »
Mais qu'est-ce qui était le ciment de ces grandes grèves de printemps? N'était-ce pas les 37,5 annuités pour tous?
Il est certain qu'ATTAC ne défend pas cette position. Il est certain que le parti auquel appartient Jacques Nikonoff propose une « autre réforme des retraites », qui se traduit par une contre-réforme, puisque découlant directement du rapport Teulade voté par toutes les organisations au Conseil économique et social. La grande question que n'aborde pas Jacques Nikonoff, c'est la raison pour laquelle les confédérations syndicales n'ont pas appelé à la grève générale jusqu'au retrait du plan Raffarin, comme les travailleurs le réclamaient le 12 juin, lors du meeting intersyndical de Marseille.
Il considère que, sur un certain nombre de questions, « le mouvement altermondialiste, pas plus que le mouvement syndical, n'est encore au point ». Mais de quel droit le mouvement altermondialiste s'érige-t-il en porte-parole des millions de travailleurs qui ont agi dans notre pays contre les contre-réformes?
Jacques Nikonoff est bien à son affaire, puisqu'il représente la puissance stalinienne au sein d'un mouvement qui est pour une mondialisation « adoucie », « à visage humain ». D'ailleurs, en prenant position dès maintenant sur la question de la Sécurité sociale, de qui détient-il son mandat? Du rassemblement du Larzac?
Des millions des travailleurs, dans les rues, au printemps, disaient non aux fonds de pension, 37,5 annuités pour tous, retrait du plan Fillon... Vu ses propos et ses propositions, il est loin des préoccupations de la classe ouvrière.
Pour lui, « les salariés du secteur privé, particulièrement dans les entreprises, ont peu suivi les grèves ».
37,5 ANNUITÉS POUR TOUS : LE CIMENT DES GRÈVES DU PRINTEMPS, N'EN DÉPLAISE, À M. NIKONOFF
Et pourtant, des millions d'entre eux sont garantis par des conventions collectives de branche. Agiront-ils mieux quand ils seront sous un statut du travail salarié individualisé sans garanties collectives?
Pour Nikonoff, toutes ces « absences contrastent fortement avec la mobilisation des salariés contre Le Pen ». Il est vrai qu'il est difficile pour Nikonoff - comme pour ATTAC, pour le PS, pour le PCF, la LCR et bien d'autres, qui ont aidé à la mise en place de ce gouvernement par l'appel à voter Chirac - de nier sa politique ultra-réactionnaire. Tout le monde le sait, Le Pen n'avait aucune chance d'arriver au pouvoir.
D'ailleurs, au premier tour de l'élection présidentielle, il faisait moins de voix qu'à l'élection précédente. Mais pour justifier l'échec d'une politique que Nikonoff et consorts ont soutenue, celle de la gauche plurielle, pour organiser une société de collaboration de classe, il est plus facile d'appeler à voter Chirac et de se retrouver tous ensemble avec Chirac et son financement dans les forums sociaux que d'appeler à la lutte de classe pour faire barrage au capital, pour préserver les conquêtes et les garanties de tous les travailleurs, dans chaque pays, en Europe et dans le monde.
La « prochaine bataille qui s'annonce sur l'assurance maladie », comme vous le déclarez, monsieur le président d'ATTAC, ne vous appartient pas, ni à vous, ni aux dirigeants « altermondialistes » (les mêmes qui ont dirigé des pays pendant des années et y ont liquidé les acquis sociaux) : elle appartient à la classe ouvrière, qui attend de ses organisations syndicales et politiques qu'elles agissent pour défendre ses intérêts, pour faire reculer le gouvernement.
J.-C. MARQUISET     (semaine du 10 au 16 septembre 2003 - n°606)

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ATTAC à Matignon.

Le 2 septembre, les ONG altermondialistes étaient reçues une nouvelle fois par le gouvernement. « L'organisation de la mondialisation doit se faire en termes démocratiques », a déclaré Raffarin à ses interlocuteurs. « Je souhaite rappeler la proposition de créer un observatoire national de la mondialisations. » Pour observer quoi ?
Le démantèlement des retraites et de la Sécurité sociale par le gouvernement ? On pourrait en rire. Le président d'ATTAC, Jacques Nikonoff, répond favorablement à la proposition : « Le groupe de travail sur les taxes globales, dont nous avons proposé la création, acceptée par le président, n'a toujours pas vu le jour... Je vous propose de créer un autre groupe sur la construction de l'observatoire nationale de la mondialisation. »
Conclusion de Raffarin : « D'accord pour un groupe de travail mixte de suivi... D'accord pour travailler ensemble sur l'observatoire national de la mondialisation. Je vous demande de me faire des propositions. Nous nous rencontrerons à nouveau en novembre et je voudrais que nous parlions de la possibilité d'organiser une conférence annuelle avec les ONG. »
Un avant-goût du Forum social européen ? Tout cela n'a pas empêché ATTAC d'appeler à manifester le 6 septembre. « Dans la rue, nous dirons "non" aux politiques libérales de l'OMC, dont Raffarin s'inspire en France », lit-on dans son tract.
De quoi, décidément, s'interroger.
(semaine du 17 au 23 septembre 2003 - n°607)

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La "taxe Tobin" : mythe et réalité

On ne pouvait trouver plus démystificateur que cet article paru dans le journal espagnol El Pais et dans le Courrier d'information d'ATTAC, n° 213 (23 février), qui le présentait ainsi : "Voici un article paru en espagnol qui ne peut nous laisser indifférents. Conseillons-en la lecture à M. Fabius en particulier." Son auteur, Jesûs Lizcano Alvarez, est directeur de la revue Encuentros Multidisciplinares ("Rencontres pluridisciplinaires"), titulaire de la chaire d'économie financière et comptabilité de l'université autonome de Madrid.
Rappelant "qu'il s'agit d'une proposition lancée à l'origine par l'économiste américain James Tobin, de l'université de Yale (prix Nobel d'économie 1981), qui consiste essentiellement à fixer une petite taxe fiscale, de l'ordre de 0,1 %, sur les transactions financières spéculatives, dans la pratique sur celles réalisées sur les marchés internationaux de devises", l'auteur entreprend de réfuter un à un les "mythes", qui, selon lui, sont entretenus autour de la fameuse taxe par ceux qui veulent la dénigrer :
« Premier mythe : la taxe Tobin est une proposition "de gauche". Cette affirmation est inexacte. En dehors de son origine nord-américaine, cette proposition ne peut être étiquetée exclusivement "de gauche" .. elle peut aussi bien être avancée par une droite qui se veut moderne, progressiste et libérale (libérale en ce sens qu'elle vise une certaine liberté pour les individus, en particulier les plus défavorisés) (...). De nos jours, les formations politiques de droite ne devraient pas laisser à celles de gauche le monopole d'une mesure à forte connotation positive comme la taxe Tobin.. celle-ci pourrait servir - en dotant substantiellement les pays les moins développés - à amplifier le libre commerce international et mettre face à face, en définitive, l'économie réelle et l'économie financière, question qui, plus que le débat classique entre économie de droite et économie de gauche, marquera le débat économique de ce nouveau siècle. » Histoire, comme dit M. Husson, de "maîtriser les rapports vis-à-vis du marché".
« Second mythe : la taxe Tobin est une utopie, sans aucun soutien dans la pratique. Cette fois encore, l'affirmation est fausse. Il suffit de rappeler à ce propos que, rien qu'au cours de l'année 2000, cette taxe a reçu d'importants soutiens, non seulement dans la société civile internationale, mais encore au sein d'institutions politiques nationales et internationales très diverses. Ainsi, le Parlement européen lui-même a-t-il débattu au mois de janvier une proposition sur la création de cette taxe, qui a recueilli 223 votes pour et 229 voix contre (avec 36 abstentions), ce qui donne une idée de l'équilibre politique au niveau européen autour de cette proposition. Il faut rappeler, par ailleurs, que des institutions comme le Parlement canadien ou le gouvernement finlandais ont adopté des propositions favorables à ce sujet, et que l'on a de même débattu de la taxe Tobin dans les Parlements de pays comme les États-Unis, la Grande-Bretagne et le Brésil, tandis qu'un débat parlementaire est en préparation dans divers autres pays. Nous pensons que l'étendue de ces propositions et débats politiques sur la taxe Tobin vient contredire l'affirmation répandue selon laquelle la taxe ne serait que la proposition lunatique de quelques-uns.»
Avec un tel parrainage, s'il reste encore quelqu'un pour douter du caractère "révolutionnaire" de ladite taxe, c'est à s'arracher les cheveux.
« Troisième mythe : la taxe Tobin n'est pas viable techniquement. Cette affirmation non plus n'est pas exacte. L'argument fondamental sur lequel elle repose est que la mise en place dl! cette taxe dans tous les pays du monde s'avérerait très complexe et bureaucratique, sans parler du fait que cela provoquerait la délocalisation des capitaux vers les paradis fiscaux qui refuseraient d'appliquer cette taxe. Face à cet argument, il convient de rappeler que, dans les faits, les marchés un tant soit peu efficaces et automatisés fonctionnent par transactions financières électroniques, réalisées par l'intermédiaire de banques et établissements financiers liés aux systèmes nationaux de règlement et supervisés par leurs banques centrales respectives (...). La Banque des règlements internationaux, organisme international de coopération monétaire entre banques centrales, pourrait jouer un rôle.»
Alors, si les banques, les banques centrales et même les institutions financières internationales s'y mettent... On peut avoir confiance.
« Quatrième mythe : la répartition des fonds créerait des tensions, des inégalités et de la corruption dans de nombreux pays. Cette affirmation est la moins rationnelle, et en tout cas la moins inquiétante de toutes (...). Nous sommes sûrs que la communauté internationale trouverait le moyen de parvenir à un consensus sur l'ordre des priorités et des actions à mener. »
"Finalement, et en guise de résumé, conclut notre économiste, nous pensons que la taxe Tobin (...), en plus d'augmenter la stabilité et l'efficacité à long terme du système économique international, pourrait contribuer à convaincre de nombreuses personnes des bienfaits d'une société véritablement globale."

Sans commentaire.

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Réflexions à propos d'un "forum social" sur l'école

CORRESPONDANCE
Je vous fait parvenir un article de La Provence, datée du 27 août, avec quelques réflexions comme contributions au débat sur les forums sociaux.
Sous le titre : « Des professeurs ouvrent le débat avant la rentrée », La Provence nous informe qu'un « groupe d'enseignants s'est réunis hier au théâtre Toursky à Marseille pour discuter de l'avenir de l'école républicaine et de cette nouvelle année scolaire qu'ils veulent résolument différente ». Nous apprenons que « le public est composé d'enseignants, quelques visages connus du SNES, de SUD, de la CFDT, ils sont là à titre individuel... » Le ton est à l'« antimondialisation » et à l' « altermondialisation ». L'orateur du matin est Samuel Joshua (élu LCR des quartiers nord de Marseille). Pour le journaliste de La Provence, « ces assises à petite échelle constituent un échantillon d'une gauche qui se cherche et se retrouve au chevet d'une école depuis si longtemps en crise ».
"L'école républicaine est un mythe"...
Quels débats et quelles décisions ont donc été prises, au moment même où le gouvernement venait de rendre public son projet de décentralisation de l'Education nationale ? Selon l'un des coordonnateurs de ces assises, « on ne pouvait pas repartir comme ça, pour une année scolaire, qui sera une année ordinaire ou une année de lutte - ce sera à chacun de décider (selon notre « altermondialiste », si la casse de l'école républicaine passe, ne cherchons pas noise à Aschieri, qui parle de « recul » du gouvernement, mais aux enseignants, qui auront « décidé une année ordinaire », sans faire quelque chose, sans avoir une réflexion. On ne pouvait pas attendre et s'en tenir aux débats bouclés d'avance. »
La Provence rend compte des propos de Joshua : « L'école républicaine est un mythe (souligné par nous), l'école n'a jamais été égalitaire. »
Le système scolaire a quand même du bon puisque « le cheminot de base s'est rapproché culturellement de l'ingénieur qui lui donne des ordres » et qu'un « facteur est en mesure de se présenter aux élections présidentielles ».
Conclusion de ces assises, en référence au débat sur l'école annoncé par le ministre : « Attention aux grands débats. Débattre de l'école, de ses valeurs, en oubliant le contexte socioéconomique (souligné par moi), l'intégration des populations immigrées, l'organisation géographique des villes, serait une vaste... raffarinade. »
Finalement; pour nos « altermondialistes », il faudrait que les syndicats participent au « grand débat sur l'école » de Raffarin-Ferry afin que ces derniers « n'oublient pas le contexte socioéconomiue ». C'est précisément la méthode qui a permis, avec la mise en place du Conseil d'orientation sur les retraites par la « gauche plurielle », de faire passer la contre-réforme des retraites.
N'est-ce pas le but de ces « forums sociaux » que de faire oublier aux militants syndicaux la défense pied à pied des revendications et acquis de la classe ouvrière par de grands débats institutionnels, en lieu et place de l'organisation nécessaire pour résister?
JEAN-MARIE TRIBOUT   (Un lecteur de Marseille)   (semaine du 24 au 30 septembre - n°608)

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