1939

Une lettre à propos de l'éphémère Parti Socialiste Ouvrier et Paysan, de M. Pivert. Ce qui opposait vraiment centristes et trotskystes.
Première publication : New International, mai 1939, pp. 38-43.


Oeuvres - mars 1939

Léon Trotsky

Lettre à Daniel Guérin

10 mars 1939


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Cher camarade Guérin,

J’ai reçu votre lettre en même temps que la lettre officielle de Pivert [1]. Je vous suis très reconnaissant de l'exposé de votre point de vue personnel, quoique - ce que, d'ailleurs, vous prévoyiez - je ne puisse le partager.

Vous pensez, à la différence de Pivert, qu’il n'y a pas entre nous « divergences sérieuses ». J'admets pleinement qu'il existe, à l’intérieur de votre parti, diverses nuances, et que certaines d'entre soient fort proches des conceptions de la IV° Internationale. Mais la tendance qui domine, semble-t-il, dans la direction, et que Marceau Pivert exprime, n'est guère moins séparée de nous que par un abîme. Je m'en suis convaincu précisément par la dernière de Pivert [ ... ] [2].

Le jeu de cache-cache.

Il semble à Marceau Pivert qu'il a compris les conditions et les leçons de juin 36. Mais il ne les a pas comprises, et son incompréhension se manifeste de la façon la plus claire dans la question du P.O.U.M. Martov traversa la révolution de 1905 sans profiter de ses leçons : il le montra lors de la révolution de 1917. Andrès Nin écrivit des dizaines de fois - et tout à fait sincèrement qu'il était « en principe » d'accord avec nous, mais en désaccord quant à la « tactique » et au « rythme » : il n'a d'ailleurs, hélas, jusqu'à sa mort, jamais trouvé la possibilité de dire une seule fois clairement et précisément sur quoi exactement il était d'accord et sur quoi il ne l'était pas. Pourquoi ? Parce qu'il ne se le disait pas à lui-même [3].

Marceau Pivert dit dans sa lettre que sa seule divergence avec nous est dans l'appréciation du « rythme », et lui-même mentionne en outre une divergence analogue en 1935. Mais précisément, quelques mois plus tard, en juin 1936, se sont déroulés de grands événements qui révélèrent complètement quelle était l'erreur de Pivert dans la question du rythme. Pivert se trouva pris à l'improviste par ces événements car, en dépit de tout, il continuait à rester un ami de « gauche » auprès de Léon Blum, c'est-à-dire auprès du pire agent de l'ennemi de classe [4]. Le rythme des événements ne s'adapte pas au rythme de l'indécision centriste. D'autre part, les centristes couvrent toujours leur désaccord avec la politique révolutionnaire en invoquant le « rythme », la « forme » ou le « ton ». Vous pouvez retrouver cette manière centriste de jouer à cache-cache avec les faits et les idées dans toute l'histoire du mouvement révolutionnaire.

Concernant le problème de la Révolution espagnole, le problème le plus important de ces dernières années, la IV° Internationale a donné à chaque étape une analyse marxiste de la situation, une critique de la politique des organisations ouvrières (surtout du P.O.U.M.) et un pronostic. Pivert a-t-il fait une seule tentative pour soumettre notre appréciation à sa critique, pour opposer son analyse à la nôtre ? Jamais ! C'est une chose que les centristes ne font jamais. Ils craignent d'instinct toute analyse scientifique. Ils vivent d'impressions générales et de corrections imprécises aux conceptions d’autrui. Craignant de s'engager eux-mêmes, ils jouent à cache-cache avec le processus historique.

Je n'ai pas la moindre intention de présenter à votre parti des exigences extraordinaires : il vient seulement de se séparer de la social-démocratie, il n'a connu aucune autre école. Mais il s'en est séparé sur la gauche, dans une période de profonde crise et cela lui ouvre de sérieuses possibilités de développement révolutionnaire. C'est de là que je pars : sinon je n'aurais pas eu la raison de m'adresser à Marceau Pivert dans une lettre à laquelle il a, hélas, répondu en continuant de jouer à cache-cache. Marceau Pivert ne se rend pas compte de la véritable situation de votre parti, il écrit qu'en septembre, lors de la crise internationale, le parti s'est trouvé à la hauteur. Je souhaite de tout cœur que cette appréciation fût exacte. Mais aujourd'hui elle me semble trop rapide [5]. Il n'y a pas eu la guerre. Les masses ne se sont pas trouvées devant le fait accompli. La peur de la guerre dominait dans la classe ouvrière et parmi les petits bourgeois. C'est à ces idées d’avant-guerre que votre parti a donné un expression dans les mots d'ordre abstraits de l'internationalisme. Mais n'oubliez pas qu'en la social­-démocratie allemande et le parti socialiste français se maintinrent très internationalistes, très « intransigeants » jusqu’au moment où éclata le premier coup de canon. Le Vorwaerts changea si brusquement sa position, le 4 août, que Lénine se demanda si ce n'était pas un faux de l'Etat-major allemand. Bien entendu, on doit saluer le fait que votre parti, en septembre, n'est pas entré dans la voie du chauvinisme. Mais ce n'est encore qu'un mérite négatif. Affirmer que votre parti a passé un examen d'internationalisme révolutionnaire, c'est se contenter de trop peu, c'est ne pas prévoir l'offensive enragée qui surviendra, en cas de guerre, de la part de l'opinion publique bourgeoise, y compris son agence social-patriote et communo-chauvine. Pour préparer le parti à une telle épreuve, il faut dès maintenant polir et repolir sa conscience, tremper son intransigeance, aller jusqu'au bout de toutes les idées, ne pas faire grâce aux amis perfides. En premier lieu, il faut rompre avec les francs-maçons (qui sont tous des patriotes) et les pacifistes du genre de Maxton et se tourner vers la IV° Internationale - non pour se mettre dès maintenant sous son drapeau, personne ne vous le demande, mais pour s'expliquer honnêtement avec elle sur les problèmes fondamentaux de la révolution prolétarienne.

C'est précisément en raison de l'approche de la guerre que la réaction mondiale et surtout son agence staliniste attribuent tous les maux au « trotskysme » et dirigent contre lui leurs principaux coups. D'autres reçoivent quelques horions en passant, se faisant traiter aussi de « trotskystes ». Ce n'est pas par hasard. Les groupements politiques se polarisent. Le « trotskysme », c'est, pour la réaction et ses agents, la menace internationale de la révolution socialiste. Dans ces conditions, les centristes de toutes nuances, effrayés par la pression croissante de la réaction « démocratique » staliniste, jurent à chaque pas : « Nous ne sommes pas trotskystes », « Nous sommes contre la IV° Internationale », « Nous ne sommes pas si mauvais que vous le croyez ». C'est jouer à cache-cache. Mon cher Guérin, il faut en finir avec ce jeu indigne !

Sensibilité personnelle et intransigeance idéologique.

Pivert déclare d'un ton assez hautain que lui est ses amis - évidemment à la différence de nous, les pécheurs - sont étrangers aux considérations de caractère personnel et de tendance. Ces paroles ne sont-elles pas étonnantes ? Comment peut-on placer sur le même plan des considérations de caractère personnel et principiel (« de tendance ») ? Les préoccupations et les griefs jouent un très grand rôle chez tous les centristes, orgueilleux et ombrageux, parce que manquant d'assurance. Mais les considérations « de tendance », c'est le souci du programme politique, de la méthode, du drapeau. Comment peut-on dire que l'intransigeance idéologique est « indigne » de notre époque, alors que celle-ci, plus qu'aucun autre, exige de la clarté, de l'audace et de l'intransigeance ?

Dans la franc-maçonnerie se réunissent des gens de différents partis, avec des intérêts différents et avec des fins personnelles différentes. Tout l'art de la direction de la franc-maçonnerie consiste à neutraliser les tendances divergentes et à aplanir les contradictions entre les groupes et les cliques (dans l'intérêt de la « démocratie » et de « l'humanité », c'est-à-dire de la classe dominante). On s'habitue ainsi à parler à haute voix de tout, sauf de l'essentiel. Cette morale fausse, hypocrite, frelatée, imprègne en France, directement ou indirectement, la majorité des chefs ouvriers officiels. Marceau Pivert lui-même est pénétré de l'influence de cette morale.

Il lui semble que nommer à haute voix un fait désagréable, c'est une inconvenance. Nous, nous jugeons criminel de taire les faits qui ont une importance pour la lutte de classe du prolétariat. C'est là la différence fondamentale de notre morale.

Pouvez-vous, Guérin, répondre clairement et franchement aux ouvriers ? Qu'est-ce qui lie Pivert à la maçonnerie ? Je vous le dis : c'est ce qui le sépare de la IV° Internationale, c'est-à-dire l'indécision sentimentale petite-bourgeoise, la dépendance à l'égard de l’opinion publique officielle. Si quelqu'un me déclare qu'il est matérialiste et qu'en même temps il se rende à la messe le dimanche, je dis que son matérialisme est faux. Il peut bien crier que je suis intolérant, que je manque de tact, que j'attente à sa « personnalité », etc., cela ne m'émeut pas. Combiner le socialisme révolutionnaire à la franc-maçonnerie est aussi inconcevable que combiner la matérialisme au catholicisme. Le révolutionnaire ne peut avoir politiquement deux domiciles : l'un avec la bourgeoisie, pour l'âme, l’autre avec les ouvriers, pour la politique courante. La duplicité est incompatible avec le révolutionnaire prolétarien. Excluant toute stabilité interne, la duplicité engendre la sensibilité, la susceptibilité, la timidité intellectuelle. A bas la duplicité, Guérin !

Le sectarisme.

Quand Marceau Pivert parle de notre « sectarisme » (nous ne nions pas la présence de tendances sectaires dans nos rangs et nous luttons contre elles) et de notre isolement des masses, il démontre de nouveau son incompréhension de l'époque présente et de son propre rôle dans celle-ci. Oui, nous sommes encore isolés des masses. Par qui ou par quoi ? Par les organisateurs du réformisme, du stalinisme, du patriotisme, du pacifisme et par les groupements centristes intermédiaires de tout genre dans lesquels s'exprime .- parfois sous une forme extrêmement indirecte et complexe - le réflexe d'autodéfense du capitalisme expirant. Marceau Pivert, tout en empêchant un groupe déterminé d'ouvriers de pousser leurs idées jusqu'au bout et tout en isolant ainsi ces ouvriers du marxisme, nous reproche d'être isolés des masses. L'un de ces « isolateurs », c'est le centrisme ; un élément actif de ces isolateurs, c'est Pivert. Notre tâche consiste précisément à écarter ces isolateurs, convaincre les uns et les conquérir à la cause de la révolution, et anéantir les autres. Pivert s'effraie tout simplement de l'isolement des révolutionnaires pour pouvoir rester tout près des pacifistes, des confusionnistes et des francs-maçons, remettre à un avenir indéterminé les questions sérieuses, invoquer le « rythme » incorrect et le mauvais « ton » - en un mot, faire obstacle à la conjonction du mouvement ouvrier et du mouvement révolutionnaire.

Marceau Pivert apprécie peu nos cadres parce qu'il n'a pas compris le fond des questions actuellement à l'ordre du jour. Il lui semble que nous passons notre temps à couper des cheveux en quatre. Il se trompe profondément. De même que le chirurgien doit apprendre à distinguer chaque tissu, chaque nerf pour manier correctement le bistouri, de même le militant révolutionnaire doit examiner soigneusement et minutieusement toutes les questions et en tirer les dernières conclusions. Marceau Pivert voit le sectarisme là où il n'est pas. Il est remarquable que tous les véritables sectaires, du genre de Sneevliet, Vereecken, etc., gravitent autour du bureau de Londres, du P.O.U.M., de Marceau Pivert. La raison en est simple : le sectarisme est un opportunisme qui craint son propre opportunisme. D'autre part, l'amplitude des oscillations du centriste va du sectarisme à l'opportunisme. D'où leur attraction réciproque. Le centriste ne peut être à leur tête que pour un bref moment passager. Seul le marxiste révolutionnaire est capable de se frayer un chemin vers les masses.

La IV° Internationale.

Vous répétez les vieilles phrases, suivant lesquelles il faut d'abord « convaincre les masses » de la nécessité de la IV° Internationale et qu'ensuite seulement il faut la proclamer. Cette opposition n'a rien de réel, rien de sérieux, n'a aucun véritable contenu. Les révolutionnaires qui sont pour un programme déterminé et pour un drapeau déterminé se rassemblent à l'échelle internationale pour lutter pour la conquête des masses. C'est précisément ce que nous avons fait. Nous éduquerons les masses par l'expérience du mouvement. Vous voulez les éduquer « préalablement ». Comment ? Par l'alliance avec le laquais impérialiste Maxton ou avec le prêtre centriste Fenner Brockway ou avec les amis francs-maçons ? Pensez-vous sérieusement que ce public-là éduquera les masses pour la IV° Internationale ? Je ne puis que rire amèrement. Le bien connu Jakob Walcher, vulgaire social-démocrate, enseigna longtemps à Marceau Pivert que, pour la IV° Internationale, « il n'était pas encore temps », et maintenant il s'apprête à passer dans la II° Internationale, où il a d'ailleurs sa place. Quand les opportunistes invoquent le fait que la masse n'est pas mûre, ce n'est d'ordinaire que pour masquer leur immaturité à eux. Toute la masse ne sera jamais mûre sous le capitalisme. Les différentes couches de la masse mûrissent à différents moments. La lutte pour la « maturation » de la masse commence avec une minorité, avec une « secte », avec une avant­-garde. Il n'y a et ne peut y avoir d'autre voie dans l'histoire.

Sans avoir de doctrine, de tradition révolutionnaire, de programme clair, de masses, vous n'avez pas craint de proclamer un nouveau parti. De quel droit ? Evidemment, vous croyez que vos idées vous donnent le droit à la conquête des masses' n'est-ce pas ? Pourquoi donc vous refusez-vous à appliquer le même critère à l'Internationale ? Uniquement parce que vous ne savez pas vous élever jusqu'au point de vue international. Un parti national (même si c'est sous la forme d'une organisation initiatrice) est pour vous une nécessité vitale, mais un parti international, cela ressemble à un luxe, et cela peut attendre. C'est mal, Guérin, fort mal !

Pour une fusion honnête.

Marceau Pivert propose, au lieu de la fusion des organisations, un «Front unique ». Cela a un air solennel, mais ne contient pas grand­-chose. Un Front unique a un sens quand il s'agit d'organisations de masses. Mais ce n'est pas le cas. Avec l'existence séparée des organisations, des accords épisodiques en telles ou telles occasions sont, assurément, inévitables. Ici, ce qui nous intéresse, ce ne sont pas des cas isolés, mais toute la politique. La tâche centrale est le travail à l'intérieur des syndicats, la pénétration dans les partis socialiste et communiste. Cette tâche ne peut se résoudre par un Front unique, c'est-à-dire par le jeu diplomatique de deux faibles organisations. Il faut une concentration des forces sur un programme déterminé pour pénétrer avec des forces unies dans les masses. Autrement on perd tout le « rythme ». Il reste très, très peu de temps.

A la différence de Pivert, vous estimez personnellement que la fusion est possible et nécessaire mais, ajoutez-vous, à la condition que ce soit une fusion loyale, honnête. Qu'entendez-vous par là ? La renonciation à la critique ? La rémission réciproque des péchés ? Notre section française mène avec un programme déterminé et avec des méthodes déterminées la lutte pour ses conceptions. Elle est prête à lutter en commun avec vous pour ces conceptions : elle est prête à lutter dans vos rangs pour ses idées, par les méthodes qu'assure toute organisation prolétarienne saine. C'est cela que nous considérons comme une unité honnête.

Qu'est-ce que Pivert entend par unité honnête ? « Ne touchez pas à ma franc-maçonnerie, c'est mon affaire personnelle », « Ne touchez pas à mon amitié avec Maxton ou avec Fenner Brockway ». Permettez : la franc-maçonnerie est une organisation de l'ennemi de classe. Maxton est un laquais pacifiste de l'impérialisme [6]. Comment peut-on ne pas lutter contre eux ? Comment peut-on ne pas l'expliquer à tous les membres du parti que l'amitié politique avec ces messieurs, c'est une porte ouverte à la trahison ? Cependant, notre critique de Maxton semble à Pivert déloyale ou... « sectaire ». Pourquoi ces soucis superflus ? Il faut vivre et laisser vivre les autres , Dans la question de la loyauté politique, nous avons des critères différents - pour ne pas dire opposés de ceux de Marceau Pivert. Il faut le reconnaître ouvertement.

Quand j'ai écrit à Pivert, je ne me faisais pas de grandes illusions, mais je ne renonçais pas à l'espoir d'un rapprochement avec lui. La réponse de Pivert m'a montré que nous avons affaire avec lui à un centriste organique qui, sous l'influence des événements révolutionnaires se déplacera plutôt vers la droite que vers la gauche. Je serais heureux de me tromper. Mais, à l'étape actuelle, je ne puis me permettre un jugement optimiste.

Quelle est la conclusion, me demandez-vous ? Je n'identifie pas Pivert à votre jeune organisation. La fusion avec elle me semble possible. La technique de la fusion ne dépend pas de moi : c'est l'affaire des camarades qui travaillent sur place. Je suis pour une fusion honnête dans le sens indiqué plus haut : poser clairement et franchement devant tous les membres des deux organisations toutes les questions de la politique révolutionnaire. Personne n'a le droit de faire serment de sa sincérité et d'accuser l'esprit chicanier de l'adversaire. Il s'agit du sort du prolétariat. Il ne s'agit pas de s'appuyer sur les bons sentiments d'individus isolés, mais sur la politique conséquente d’un parti. Si on allait jusqu'à la fusion, ce que je veux espérer, et si la fusion ouvrait une discussion sérieuse, je vous prierais de considérer ma lettre comme une contribution venue de loin à cette discussion [7].

Coyoacan D. F. 10 mars 1939.


[1] Daniel Guérin, absent de Paris lors de la réunion du bureau du P.S.O.P. qui avait discuté de la réponse à faire à Trotsky, avait tenu à ajouter le 2 février, un mot personnel à la lettre de Pivert. Il n'existait pas, selon lui, de « sérieuses divergences », sauf celles qui étaient « créées artificiellement par le sectarisme de certains ». Il écrivait : « C'est de vous et de vous seul que dépend la question de savoir si la fusion serait loyale ou déloyale. » Guérin tenait pour « formelle » la seule divergence réelle, qui portait évidemment sur la proclamation de la IV° Internationale, prématurée selon lui.

[2] Nous avons cru nécessaire de supprimer ici, étant donné leur longueur, trois paragraphes consacrés à un véritable réquisitoire contre l'I.L.P. et le P.O.U.M. à travers la révolution espagnole. Le lecteur intéressé pourra se reporter au tome III des Ecrits, en particulier au long article intitulé « Leçon d'Espagne, dernier avertissement ». Il n'y trouvera malheureusement pas un des articles essentiels de la critique de Trotsky contre le P.O.U.M. « Problèmes de la révolution espagnole : la victoire est-elle possible ? » paru dans la Lutte ouvrière, n° 44 et 45 (14 - 21 mai 1937).

[3] « Enlevé » à Barcelone par les services « parallèles » de la Guépéou en Espagne, Andrès Nin fut assassiné. Il semble bien qu'il ait, quant à lui, toujours pensé que les divergences entre Trotsky et lui venaient de ce que Trotsky était « mal informé ».

[4] Marceau Pivert avait accepté en 1936 de se charger, dans le gouvernement Blum, au secrétariat à la présidence du conseil, du contrôle politique de la presse, de la radio et du cinéma. « Nous nous étions laissés lier par un fil à la patte », écrit Daniel Guérin. Ce dernier avait été le seul, au comité directeur de la Gauche révolutionnaire, à voter contre l'acceptation de ces fonctions officielles.

[5] Avec le recul, Daniel Guérin constatera que Marceau Pivert avait bien péché par optimisme. « Après Munich », écrit-il, « si notre parti n'éclata point le clivage ira s'approfondissant entre les pacifistes intégraux ( ... ) et les militants intégrés à la guerre d'Espagne ». En 1940, le P.S.O.P. vole en éclats, l'aile droite se divisant en pacifistes intégraux et légalistes la gauche entre les résistants et les animateurs d'un éphémère « mouvement national révolutionnaire » qui tenta l'existence légale sous l'occupation.

[6] Maxton avait salué Chamberlain, après Munich, comme « le sauveur de la paix ».

[7] En réponse à la direction du P.S.O.P., Trotsky devait rédiger un long texte intitulé « le « Trotskysme » et le parti socialiste ouvrier et paysan ». L'hebdomadaire du P.S.O.P., juin 36, ne le publia pas, malgré une lettre de sommation de Trotsky du 25 juillet 1939.


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