Lutte de classe
L’élection présidentielle : la question du pouvoir,
des institutions et du régime.
Selon un sondage Ipsos à paraître
le 11 janvier dans l'hebdomadaire Le Point, réalisé les 5 et 6
janvier, Royal et Sarkozy font jeu égal
avec 50% des intentions de vote au second tour de l'élection présidentielle.
Sarkozy devance Royal au premier
tour avec 33% des intentions de vote contre 32%.
Le Pen est crédité de 12%. Bayrou,
de 10%.
Selon un autre sondage CSA pour
I-Télé, Le Parisien et Aujourd'hui en France, réalisé le 3
janvier et qui donnait les mêmes résultats à un point près, Buffet atteint 5
%, Laguiller, 3 %, Besancenot 2 %, de
Villiers 2 %, Voynet 1 %. Quant à Schivardi, il semble l'avoir oublié !
Selon le même sondage 28 % des
sondés auraient l'intention de
s'abstenir ou de voter blanc ou nul.
D'après le journal Le Monde,
« le maintien de Royal et Sarkozy au-dessus du seuil de 30 % dans les
enquêtes d'opinion est le signe que le réflexe du « vote utile »,
cinq ans après le choc du 21 avril 2002, pourrait être fort. ».
C’est aussi l’avis que j’ai recueilli au près de quelques contacts en France.
Bien qu'il faille prendre avec
prudence ces chiffres, ils indiquent une tendance qu'il faut sans doute
rectifier.
Tout d'abord, Schivardi pourrait
obtenir ou dépasser la barre des 1%, ensuite, si l'inscription massive de
jeunes sur les listes électorales à l'initiative d'associations proches du PS a
bien été réelle, par rapport aux 42 ou 43 millions d'électeurs inscrits, ces
nouveaux électeurs représentent globalement un pourcentage infime, moins de 1
%. Le chiffre de 1 % pour Voynet est sous-estimé, d'autant plus que les
sondeurs donne 10% à Hulot s'il se présentait, ce qui montre bien qu'une partie
importante de la population place les questions environnementales parmi leurs
principales préoccupations, de là à dire que les instituts de sondages
racontent n'importe quoi, il n'y a pas loin.
Ils sous-estiment aussi
volontairement le vote Besancenot et Laguiller. Que Besancenot paie sa
désaffection du collectif antilibéral, c'est possible, mais comme la
candidature de Laguiller est toujours apparue comme marginale et sectaire, il
se peut que le candidat de la LCR récupère tout de même les suffrages d'une
grande partie de la jeunesse, Laguiller se contenterait des miettes de ceux qui
voudraient faire payer à Besancenot sa « trahison ».
La démission de Michel Husson de
la LCR a qui il reproche « une lourde responsabilité dans l'échec
prévisible » du rassemblement antilibéral, vient s'ajouter aux
reproches directement adressés à la direction de son organisation en parlant de
« Surenchères programmatiques », « analyses
unilatérales », « sous-estimation du potentiel des collectifs ».
Selon lui « La direction de la LCR l'a entraînée sur une voie sectaire
qui lui fait tourner le dos au mouvement de masse ». J'avais déjà
écrit que les élections de 2007 alimenteraient la crise qui traverse tous les
partis du mouvement ouvrier, PS, PCF, LCR et PT, LO accessoirement, mais aussi
les partis bourgeois.
Si traditionnellement l'élection présidentielle n'est pas à proprement parlée le terrain le plus favorable où peut s'exprimer la lutte des classes, le niveau de pourrissement du capitalisme obligera de plus en plus chaque parti et organisation du mouvement ouvrier à dévoiler au grand jour leur véritable nature, à prendre en charge la crise du capitalisme dans la mesure ou aucune de ces formations politique ne se situe sur le terrain de la remise du pouvoir politique de la bourgeoisie et du capitalisme, dans certaines conditions, elles peuvent aller jusqu'à soutenir des positions conduisant à leur autoliquidation, comme la situation actuelle ne nécessite pas pour le moment pas d'aller jusque là, elles se contentent de se positionner en fonction des intérêts de leur propre appareil qui de toute évidence coïncident avec un soutien au régime en place.
La LCR et LO entendent faire de
l'Union européenne une « Europe sociale » au lieu de rompre
avec elle, ils sont alignés sur le PS et le PCF, donc sur la bourgeoisie.
Quand au PT, s'il met bien en
avant la rupture avec l'Union européenne, l'éditorial de cette semaine d'Informations
ouvrières (n° 776) cède la place à un autre mot d'ordre dont la réelle
signification n'échappera à aucun militant. Gluckstein identifie les
nationalisations à la « civilisation », comme s'il s'agissait
d'un but en soi, autant dire qu'une nouvelle fois le PT se contenterait bien
d'un nouveau général de Gaulle à la tête de l'Etat bourgeois, puisque c'est lui
qui avait réalisé les nationalisations après la seconde guerre mondiale. Autant
dire que le socialisme n'est plus l'objectif poursuivi par le PT qu'il remplace
pour l’occasion par la « civilisation », il le dit lui-même en
écrivant « Privatisations ou (re)nationalisations, barbarie ou
civilisation : n’est-ce pas, aussi, la question posée dans notre pays ? »,
ce qui ne veut rien dire, ou plus exactement, qui signifie qu'il suffirait de
rationaliser sous le contrôle de la bourgeoisie pour « sauver le peuple
de la misère et de la déchéance », je reproduis ici textuellement ce
qu'il a écrit.
Malheureusement, les dizaines de
millions de travailleurs et leurs familles qui ont vécu les années d'après
guerre savent très bien que la « misère » et la « déchéance »
étaient bien réelles malgré les nationalisations, je peux en parler puisque
j'en suis une des victimes. Le programme du PT est entièrement subordonné au
maintien de l'ordre bourgeois, de l'Etat bourgeois qu'il se refuse à
caractériser et à combattre. Tout le reste, je parle de la plate-forme
politique du PT, c'est du baratin pour donner le change à sa tendance
communiste internationaliste, car son contenu est totalement absent de
l'éditorial de Gluckstein, pire ces propos s'inscrivent en totale contradiction
avec son contenu. Je vois d'ici des militants du PT hurler au mensonge, mais
camarades, les travailleurs en règle générale ne vont lire que l'éditorial de
Gluckstein, vous ne pouvez pas dire le
contraire, ils vont se forger une opinion sur le PT sur le contenu de cet
éditorial seulement, et non sur des textes qu'ils n'ont pas sous les yeux et
qu’ils ne liront jamais, que cela vous plaise ou non.
Le double langage est une méthode
couramment utilisée par les dirigeants du PT pour tromper les militants et les
travailleurs, les nationalisations ne règleront aucun problème fondamental,
aussi importante que soit cette revendication, d’ailleurs elle n'est pas la
première préoccupation des millions de travailleurs, jeunes et retraité réduits
à l'état de pauvreté ou de misère.
Le PT a refusé de poser la question du pouvoir lors du référendum du 29 mai, alors que cette question était directement posée à travers le rôle primordial joué par la Constitution. Aujourd'hui, alors que c'est directement le rôle des institutions bonapartistes de la Ve République qui est au cœur de la situation politique à travers l'élection présidentielle, il refuse à nouveau de poser la question du pouvoir, de l'Etat et ses institutions, du régime. Dans ces conditions là, comment la conscience de classe du prolétariat pourrait-elle progresser ? N'est-il pas de notre devoir de militant révolutionnaire de nous poser cette question à chaque étape de la lutte des classes : Peut-on aider le prolétariat à prendre conscience de la nécessité de poser la question politique du pouvoir, si on ne relie les revendications économiques à cette question déterminante pour entrevoir une issue politique ?
Dans la bouche du PT, le mot
d'ordre de nationalisation a un contenu purement corporatif, il s'agit pour lui
de répondre aux aspirations des fonctionnaires, et tout particulièrement à sa
couche supérieure constituée d'intellectuels petits-bourgeois qui constituent
depuis toujours son fond de commerce. Le PT se présente de plus en plus comme
un parti politique au service de Force ouvrière, sans lequel ce syndicat serait
en voie de disparition. La politique du PT s'identifie un peu plus chaque jour
avec la composition et les intérêts de son appareil.
Bornons-nous à constater encore
une fois que le PT est totalement incapable de poser la question du pouvoir
politique, de l'Etat et du régime, alors que c'est la question cruciale dont
dépend toutes les autres. On pourrait d'ailleurs dire exactement la même chose
de la LCR et de LO, ainsi que des groupes de militants issus du PCI ou du PT
qui sont muets comme des carpes depuis le début décembre, si j'en juge en me
connectant sur leur site Internet.
En résumé, la LCR, LO et le PT
sont sur la même longueur d'onde : redistribution des richesses pour les uns,
surtout sans remettre en cause le pouvoir politique de la bourgeoisie,
renationalisation sous contrôle de la bourgeoisie pour le PT sans remettre non
plus en cause le pouvoir politique de la bourgeoisie. Ils ont au moins un point
commun : leur subordination totale à l'ordre établi.
Revenons à la campagne des
présidentielles.
Ce qui joue à fond à l'heure
actuelle et qui risque de durer jusqu'au deuxième tour, c'est la présentation
de Royal comme une « femme moderne », une « nouvelle
voie », un « espoir », une candidature « progressiste »,
alors que c'est la réaction sur toute la ligne. Sans parler de la phobie
entretenue par le PS sur l'éventuelle présence de Le Pen au second tour, alors
que c'est totalement invraisemblable, pour faire jouer la carte du « vote
utile ».
Le Pen questionné sur ces
intentions au soir du premier tour, a indiqué qu'il réfléchirait alors s'il
appellerait ou non à voter Sarkozy, à mon avis, tout va dépendre de l'attitude
des élus UMP à son égard dans la pèche aux 500 signatures et aux concessions
que Sarkozy serait prêt à faire au FN en cas de victoire.
Ces commentaires ne sont pas d'un
intérêt déterminant j'en conviens, je me suis livré à cet exercice uniquement
pour informer les camarades rien de plus. Je m'étonne un peu du score que les
instituts de sondages prête à la reine du PS, mais il correspond assez bien à
la campagne que les médias mènent eux-mêmes pour orienter le vote de la
majorité de la population.
En ce qui nous concerne, je le répète encore, la meilleure façon de préparer le prolétariat à affronter le prochain gouvernement, c'est de continuer le combat contre le gouvernement Chirac - de Villepin.
De Villepin a commenté le rapport
annuel 2006 sur l'état de la France qui lui a été remis par Sophie Boissard,
directrice générale du Centre d'analyse stratégique (CAS), lundi 8 janvier, en
proposant « d'accélérer la
réforme du service de l'emploi, notamment par la fusion de l'ANPE et de
l'Unedic - déjà annoncée par Chirac -, mais aussi la réforme des allocations
chômage jusqu'ici gérées par les partenaires sociaux, ou encore la mise en
place d'une « flexi-sécurité » à la française (qui combine
flexibilité pour l'entreprise et sécurité pour le salarié). » selon le
journal Le Monde.
Ce qui extraordinaire et qu'il
faudrait mettre au premier plan de notre argumentation pour justifier le
boycotter des élections présidentielles, c'est que de Villepin parle de mesures
importantes qu'il n'aura manifestement pas le temps de mettre en oeuvre avant
la fin du mandat de Chirac, tout en affirmant
de manière catégorique qu'elles seront mises en application par le
prochain gouvernement que ce soit Sarkozy ou Royal qui l'ait emporté.
Au fait, qui dit « battre
la droite » signifie qu'il existerait une « gauche », une
opposition, et cette « gauche », cette « opposition » qui
reflèterait les aspirations du prolétariat ce serait Royal ? De qui se
moque-ton franchement ? A bas le populisme de « gauche » ! A bas la
démagogie et le mensonge ! Aucun soutien à ceux qui soutiennent de près ou
de loin le PS ou qui reprennent à leur compte sa politique réactionnaire.
Il est nécessaire de revenir à un
combat classe contre classe sans pour autant tout confondre.
(source : Reuters 10/01/07 ; Le
Monde 04, 09 et 11/01/07)