RAPPORT ADOPTE PAR LA
VIe CONFERENCE (1-2-3 novembre 1991) DU "COMITE POUR LA CONSTRUCTION DU PARTI
OUVRIER REVOLUTIONNAIRE (LA RECONSTRUCTION DE LA IVe
INTERNATIONALE)
Le
PCI et IVe internationale-c.i.r. détruits
comme
organisations trotskystes
SOMMAIRE:
Contradiction entre les conditions "objectives" et les conditions "subjectives"
Capitulation de la direction de la ive internationale, formation du C.I.
Capitulation lourde de conséquences
A "IVe internationale (comité international)"
De l’opportunisme au révisionnisme
Selon la méthode de lénine et de trotsky
"L’autre politique" celle du MPPT et du futur PT
Mort du PCI et de IVe internationale-cir, comme organisations trotskystes
La première partie du rapport politique préparatoire à la VIe Conférence du Comité se termine par une citation de Trotsky, dont les dernières phrases sont :
"Une situation révolutionnaire se forme par l’action réciproque de facteurs objectifs et subjectifs. Si le parti du prolétariat se montre incapable d’analyser à temps les tendances de la situation pré-révolutionnaire et d’intervenir activement dans son développement, au lieu d’une situation révolutionnaire surgira une situation contre-révolutionnaire."
Il ne faut évidemment pas dessécher ce
que Trotsky explique et en faire une application mécanique qu’il aurait
réprouvée. La crise de la société bourgeoise et des bureaucraties parasitaires
est telle que peuvent surgir des situations révolutionnaires, des explosions
révolutionnaires ou même des révolutions prolétariennes, sans même que le parti
du prolétariat (c’est-à-dire en l’occurrence le parti ouvrier révolutionnaire)
existe. Mais la victoire du prolétariat c’est autre chose. En l’absence d’un tel
parti ou même si celui-ci existe mais commet des fautes majeures, le prolétariat
sera dans une impasse et, à un moment ou un autre "surgira inévitablement une
situation contre-révolutionnaire".
Dans la période actuelle, tous les éléments
objectifs existent pour qu’une situation révolutionnaires se constitue à
l’échelle internationale, que la révolution prolétarienne déferle dans un grand
nombre de pays, qu’une nouvelle vague révolutionnaire se propage dans le monde.
Plus encore : les organisations ouvrières traditionnelles, celles
s’apparentant à la social-démocratie, celle relevant de l’appareil international
de la bureaucratie du Kremlin, les organisations nationalistes bourgeoises, les
centrales syndicales et leurs appareils, sont en crise. Les unes et les autres
subissent une désaffection massive et croissante d’une masse considérable de
prolétaires. Elles et ils sont considérablement affaiblis, alors qu’à la fin de
la 2e guerre mondiale elles et ils avaient la confiance des masses les plus
profondes et les plus larges, qu’elles exerçaient sur ces dernières un contrôle
politique serré et, qu’en conséquence, elles purent les soumettre à la formation
de "l’ordre" de Yalta et de Potsdam.
A l’intérieur du prolétariat, les conditions
"objectives" (pour autant que l’on puisse utiliser, en l’occurrence, ce terme)
de la constitution d’une nouvelle représentation, une nouvelle direction de la
classe ouvrière se dégagent donc amplement et profondément. En témoigne, et ce
n’est qu’un exemple cité parce que facilement saisissable, l’énorme proportion
d’électeurs qui ne participent plus aux scrutins. Or, les éléments "subjectifs"
— qui vont du niveau de conscience politique des larges masses à la construction
de Partis Ouvriers Révolutionnaires et d’une Internationale Ouvrière
Révolutionnaire — ne sont pas réunis. De telle sorte que s’il n’y a pas eu,
dans le monde, de défaites majeures du prolétariat alors même que surgissent des
situations révolutionnaires, que se produisent des explosions révolutionnaires -
des révolutions prolétariennes conscientes d’elles-mêmes, capables de vaincre et
de porter au pouvoir la classe ouvrière ne déferlent pas. En fin de compte, il
peut en résulter de dures défaites.
La cause fondamentale de cela c’est la crise qui a disloqué la IVe Internationale et ses aboutissants. Maintes et maintes fois le Comité a montré qu’en 1953, avec le soulèvement révolutionnaire du prolétariat de la partie est de l’Allemagne, la grève générale des fonctionnaires et des services publics en France et, un an plus tôt la révolution bolivienne, alors que le POR, membre de la IVe Internationale était un des partis ouvriers les plus importants, sinon le parti ouvrier le plus important de Bolivie, sonnait l’heure de la IVe Internationale. Mais au cours des années précédentes, sous la pression énorme de l’impérialisme et de la bureaucratie du Kremlin, la direction de la IVe Internationale, terriblement affaiblie théoriquement et politiquement, craquait. En 1952 en Bolivie et en 1953, alors que se développaient la grève générale et le soulèvement dans la partie est de l’Allemagne, elle s’alignait derrière : la direction du MNR en Bolivie ; l’agence de la bureaucratie du Kremlin (le PCF) en France ; la bureaucratie du Kremlin laquelle noyait dans le sang le mouvement révolutionnaire du prolétariat en Allemagne de l’est. Mais la section française, le PCI, dès 1951 résistait au révisionnisme, le pablisme. Elle était exclue de la IVe Internationale, exclue elle poursuivait la lutte politique pour le redressement de la IVe Internationale. Le 16 novembre l’organe du SWP publia une "lettre ouverte du comité national du SWP aux trotskystes du monde entier". Il y dénonçait la capitulation de la direction de la IVe Internationale. Il déclarait :
"En résumé : l’abîme qui sépare révisionnisme pabliste du trotskysme est si profond qu’aucun compromis n’est possible ni politiquement, ni organisationnellement".
La résistance et le combat du PCI
n’avaient pas été vains. Le 23 novembre, le "Comité International de la IVe
Internationale" qui devait assurer la continuité de la IVe Internationale, était
formé.
De toute façon, la capitulation politique de la direction de la IVe Internationale, au moment où politiquement l’heure de celle-ci sonnait, ne pouvait avoir que de graves conséquences sur la clarification et le niveau de conscience politiques du prolétariat, sur les développements nationaux et internationaux de la lutte des classes. Le prolétariat est en effet confronté, non seulement à la crise de l’impérialisme mais aussi à la bureaucratie du Kremlin, aux bureaucraties satellites, à la bureaucratie chinoise, à la trahison des partis appartenant à l’appareil international de la bureaucratie, à celle des partis nationalistes bourgeois et petits bourgeois, à celle des appareils bureaucratiques des confédérations, des fédérations des organisations syndicales. Pire encore : là où le prolétariat avait pris le pouvoir, en URSS, le régime a sécrété une bureaucratie parasitaire spoliatrice, répressive, criminelle qui écrase le prolétariat et les nationalités de l’URSS, qui a étendu ses tentacules sur la partie est de l’Allemagne et de l’Europe, etc..., généré des bureaucraties satellites. En Chine, au Vietnam, à Cuba, dans la partie nord de la Corée, se sont formées d’autres bureaucraties qui semblent être des copies conformes de celle du Kremlin. Toutes ces bureaucraties déchaînent des répressions sanglantes contre la population laborieuse lorsqu’elle se soulève. L’économie planifiée s’effondre, laissant ruines et misère. La restauration capitaliste est à l’ordre du jour. Les médias aidant, voilà à quoi semble avoir mené la révolution d’octobre, l’expropriation du capital, ce qui a été appelé pendant des années le "socialisme".
Seuls le programme de la IVe Internationale,
la politique fondée sur ce programme, pouvaient répondre valablement au
prolétariat de chaque pays, au prolétariat international (ouest et est), lui
ouvrir la voie de la révolution sociale et de la révolution politique,
rassembler une avant-garde, construire l’Internationale (la IVe Internationale)
et ses partis. Au lieu de quoi, la direction de la IVe Internationale non
seulement n’a pas formulé les réponses, l’orientation politique nécessaire, mais
elle a cautionné les bureaucraties parasitaires et contre-révolutionnaires, elle
a pratiqué une politique d’adaptation à la société bourgeoise. Il n’est pas
exagéré de conclure que le désarroi politique manifeste des différents
prolétariats, de la population laborieuse, de la jeunesse doit être mis en
relation avec la crise de la IVe Internationale.
A son tour le swp s’adapte
Le Comité Internationale de la IVe Internationale aurait pu surmonter cet handicap en balayant par une bataille politique inflexible la direction pabliste et pratiquement reconstruire la IVe Internationale. Mais sous l’influence du SWP, dès la déclaration de fondation, il proclamait :
"Nous considérons comme déchu de ses pouvoirs le secrétariat international des usurpateurs pablistes".
Mais il n’entreprenait aucune action
politique pour détruire ce secrétariat, pour en finir avec l’organisation
pabliste. Le SI et son organisation pouvaient se présenter ainsi qu’incarnant la
légitimité de la IVe Internationale. Le SWP avait dénoncé la direction pabliste,
pour les mêmes raisons qu’il lui avait laissé les mains libres pendant les
années précédentes : par national trotskysme, parce que Pablo s’était
efforcé de construire à l’intérieur du SWP sa propre fraction, développant se
propre politique et mettant en cause la direction du SWP. Sa direction n’a
jamais combattu pour liquider le SI et le pablisme. Elle a paralysé toute
activité du Comité Internationale pouvant aller dans ce sens.
Finalement, le SWP a été contaminé par le
révisionnisme. Isolé et sans perspective aux USA, la révolution cubaine a été
pour lui la "divine surprise". Bientôt il a considéré que Castro et les
dirigeants du mouvement du 26 juillet étaient des "marxistes naturels". En même
temps, il a adopté un ensemble de positions révisionnistes : réforme de la
bureaucratie, développement à un tel rythme des forces productives en URSS
qu’elles dépasseraient dans les dix ans à venir (on était en 1960), celles des
USA.
Rien ne s’opposait plus à la réconciliation
entre la direction du SWP et celle du SI qui lui-même estimait que la révolution
et le mouvement du 26 juillet ouvraient une nouvelle voie. Le seul obstacle
restant était la personnalité de Pablo, lui-même. Les circonstances (son
emprisonnement à Amsterdam et ses divergences) ont permis de l’éliminer. Le SWP,
l’organisation que dirigeait Moreno, le POR du Chili, rompirent alors avec le
CI. En juin 1963 se tint le VIIe congrès "mondial" du SI auquel les
organisations pré-citées participèrent : ce fut le congrès de "la
réunification". Du coup, le SI devenait le Secrétariat Unifié. Ce fut un nouveau
coup porté à la IVe Internationale. Le révisionnisme gagnait du terrain dans les
organisations se réclamant d’elle et de son programme.
Des organisations qui avaient, en 1953, formé le Comité International de la IVe Internationale, il ne restait plus, essentiellement, que la Socialist Labor League et ce qui n’était plus même le PCI mais le groupe trotskyste français (57 adhérents en 1958) qui allait devenir en 1965 l’Organisation Communiste Internationaliste. De plus ce qui restait du Comité International n’était pas homogène. A propos de Cuba, la direction de la SLL prétendait que l’Etat restait un Etat bourgeois et que le régime capitaliste s’y perpétuait. La section française prétendait, elle, qu’à Cuba un gouvernement ouvrier et paysan était au pouvoir. La discussion sur ce point ne s’est pas poursuivie.
Mais la SLL dont le principal dirigeant,
Gerry Healy, avait été à l’école des dirigeants du SWP souffrait aussi de
déviation national trotskyste. Sa direction estimait que la révolution était
imminente en Angleterre. La SLL se développait alors et était devenue, après
avoir gagné le contrôle de l’organisation de jeunesse du Labor Party, la plus
forte des organisations qui, dans le monde, se réclamait du trotskysme. Sa
direction estimait qu’à courte échéance elle dirigerait la révolution anglaise
et prendrait le pouvoir. Dès lors, sa conception de la construction de la IVe
Internationale était simple, voire simpliste, répétant plus ou moins le schéma
de la construction de la IIIe Internationale après la prise du pouvoir par le
parti bolchevik. Lorsque la SLL aurait pris le pouvoir, elle construirait sur sa
lancée la IVe Internationale, dont elle considérait, d’ores et déjà, être la
direction. Pour l’OCI, la IVe Internationale était détruite. Le Comité
International assumait sa continuité. Il devait être la force motrice de sa
reconstruction.
Lors de la IIIe Conférence du Comité
International, l’OCI a lutté sur la ligne de la reconstruction de la IVe
Internationale. La direction de la SLL avait invité à cette conférence des
organisations telles celles de Roberston (pro-stalinienne) et Lutte Ouvrière. Le
numéro spécial de "La Vérité" sur la "Quarantième anniversaire de la fondation
de la IVe Internationale n° 583, septembre 1988, rend compte de cette conférence
dans les termes suivants :
"Dès lors qu’au début des années 1960 la
reconstruction de la section française commençait, elle engagea la lutte pour la
clarification des problèmes de la IVe Internationale et pour que le Comité
International fonctionne, qu’il réponde aux tâches qui lui incombaient. Sous
l’impulsion de la section française se tint, du 4 au 8 avril 1966, à Londres, la
IIIe Conférence du Comité International. Cette conférence fut émaillée
d’incidents illustrant les méthodes de fonctionnement de la SLL (ces
méthodes procédaient évidemment de son orientation et de ses positions
politiques - Note du rédacteur de ce rapport). Elle eut l’avantage d’éclairer
la caractère foncièrement anti-trotskyste de groupes comme celui de Lutte
Ouvrière (s’appelant alors Voix Ouvrière) en France, ou celui de Roberston aux
Etats-Unis. L’important ce fut pourtant que les textes adoptés abordaient les
véritables problèmes de la IVe Internationales. La conférence adopta une
résolution sur la "reconstruction de la IVe Internationale"." (page
331).
Dans une résolution datant de 1966, le Comité
Central de l’OCI avait affirmé :
"Si le Comité International n’assume pas la tâche de force motrice de la reconstruction de la IVe Internationale, cela l’amènera à éclater."
Le vote de résolutions et leur
application sont deux choses différentes. Après quelques années marquées par des
compromis de sommets entre Healy et Lambert, le Comité International éclatait,
alors que l’OCI faisait pression pour que se réunisse la IVe conférence du
CI :
"Au cours de l’hiver 1971, sans même en avertir l’OCI, la SLL convoqua "sa" conférence internationale. Elle "excluait" du Comité International de l’OCI et les organisations d’accord avec l’OCI. Le prétexte de cette "exclusion" ? La position de l’OCI soutenant l’orientation politique que le POR bolivien, sous la direction de Guillermo Lora, avait appliquée pendant la crise révolutionnaire de 1970-1971 en Bolivie. Cela sans la moindre discussion. La SLL proclamait que la IVe Internationale n’avait pas à être reconstruite puisque le "Comité International", style Healy, était la Quatrième Internationale. Cette affirmation grossière donnait la clé de l’énigme : en affirmant que la Quatrième Internationale n’avait pas à être reconstruite, la SLL éliminait les tâches internationales indispensables à sa reconstruction ; en proclamant que le "Comité International", de la SLL, était la Quatrième Internationale, la SLL se proclamait la Quatrième Internationale, la construction de la Quatrième Internationale s’identifiant à celle de la SLL. C’était une autre forme de "national-trotskysme"."
Ultérieurement, la SLL s’est proclamée
artificiellement Revolutionary Workers Party. D’aventures en aventures
politiques, le RWP a décliné. Les possibilités de construire un authentique
parti révolutionnaire en Angleterre ont été liquidées. Finalement, le RWP a
explosé et disparu. Un nouveau et très dur coup était ainsi porté à la lutte
pour la reconstruction de la IVe Internationale. Ne subsistait plus comme force
politique importante incarnant la continuité de la IVe Internationale et menant
la lutte pour sa reconstruction que l’OCI.
L’OCI a impulsé la constitution d’un nouveau regroupement international. A l’issue d’une conférence qui s’est tenue du 1er au 4 juillet 1972, à son initiative, s’est formé le "Comité d’organisation pour la Reconstruction de la IVe Internationale". Il faut convenir qu’il regroupait des organisations très très faibles qui n’existaient que par le soutien politique, que leur apportait l’OCI, plus une organisation argentine, Politica Obrera, au "trotskysme" douteux et le POR de Bolivie, mais un POR qui, lui aussi, victime du "national-trotskysme" était en décadence et allait éclater. A la huitième session du Bureau International du CORQI (8-14 janvier 1979), Politica Obrera était exclue parce que apportant, par sa politique, une caution "nationale" au gouvernement de Videla et en raison de ses liens politiques avec le péronisme. G. Lora, au nom du POR de Bolivie considérait que Politica Obrera ait appelé à participer aux élections "syndicales" organisées au Chili par Pinochet, était extrêmement grave. Mais il démissionnait du CORQI parce que PO en était exclue. Nouvel affaiblissement de la lutte pour la reconstruction de la IVe Internationale.
A l’actif du CORQI il faut noter : la
définition d’une politique, celle dite de la "conférence ouverte", pour la
reconstruction de la IVe Internationale ; une mauvaise tactique d’envergure
proposant une discussion ouverte au Secrétariat Unifié. Il s’agissait
d’intervenir dans la crise qui opposait alors la tendance Lénine-Trotsky et la
majorité du SU. L’objectif de cette manœuvre n’était pas, bien entendu de
"redresser" l’irredressable Secrétariat Unifié, mais de le faire éclater, en y
gagnant des forces importantes. La manœuvre a réussi partiellement. Certes, la
direction du SWP et la "majorité" conclurent un accord pourri qui liquida la
tendance LT ; mais Moreno constitua la "Fraction Bolchevique" et une partie
importante de la LCR se constitua en tendance, la "tendance
léniniste-trotskyste".
La victoire de la Révolution au Nicaragua qui, en juillet 1979, a balayé le régime de Somoza a été le point de départ de l’évolution de l’OCI et du CORQI. La "Fraction bolchévique" avait formé une "brigade", la "brigade Simon Bolivar" sensée combattre, au côté du Front sandiniste de Libération Nationale, pour le renversement de Somoza. Le "gouvernement de reconstruction nationale" que le FSLN mis sur pied, en coalition avec les formations bourgeoises, dites "nationales", expulsa la "brigade de Simon Bolivar". Raison : avoir défini et propulsé une politique condamnant ce gouvernement de coalition, lequel était caractérisé, à juste titre, de gouvernement bourgeois. Le Secrétariat Unifié vota une résolution qui exigeait :
"L’OST de Costa Rica et la Fraction bolchevik en particulier sont enjointes de cesser toute activité au Nicaragua, y compris la construction d’organisations et de limiter elles-mêmes leurs activités à celles entreprises en collaboration avec la SU et sur la base de la ligne de l’"Internationale".
La "ligne de l’Internationale"
revenait à soutenir le FSLN et à s’intégrer à l’intérieur de celui-ci, à
soutenir le "gouvernement de reconstruction nationale", à approuver, de fait,
l’expulsion de la "brigade Simon Bolivar". Une déclaration de la "Fraction
bolchévique" faite à cette session du SU, se termine ainsi :
"Les motions adoptées signifient un total refus d’ouvrir la discussion et ceux qui se prétendent la majorité de l’Internationale ont décidé d’organiser la scission dans ses rangs."
En conséquence, Moreno se retirait, au
nom de la "Fraction bolchévique", de cette session du SU. La tendance
"Léniniste-trotskyste" soutenait la déclaration de Moreno. La "fraction
bolchévique" et la "tendance léniniste-trotskyste", notamment la partie
française qui représentait environ un quart des voix à l’intérieur de la LCR,
devaient être exclues du SU et, bien sûr, de la LCR. Le CORQI et l’OCI
soutinrent dans leur lutte contre le SU, la "Fraction bolchévique" et la
"tendance léniniste-trotskyste". Ils firent leur la déclaration de Moreno, sur
cette base :
"Le Comité d’organisation pour la reconstruction de la IVe Internationale, la Tendance léniniste-trotskyste, la Fraction bolchévique, estiment que la clarté politique est indispensable à la lutte pour la construction des sections de la IVe Internationale. Aussi n’entendent-ils nullement masquer que de profondes divergences politiques existent entre eux, divergences politiques dont nombre résultent de l’éclatement et de la dislocation de la IVe Internationale depuis que le révisionnisme liquidateur a tenté de la détruire. Le Comité d’organisation pour la reconstruction de la IVe Internationale, la tendance léniniste-trotskyste, la Fraction bolchévique, gardent leur physionomie politique propre, leurs positions politiques propres, mais elles considèrent de leur obligation de défendre les positions fondamentales du mouvement trotskyste, lequel ne peut que se réclamer de la fondation de la IVe Internationale et de son programme, de sa méthode, de sa continuité politique contre toute tentative révisionniste et liquidatrice..."
Le texte se concluait :
"Conscients de nos responsabilité, conscients de la gravité du moment pour les organisations internationales et nationales qui se réclament de la IVe Internationale, pour l’avenir de la IVe Internationale, nous proposons que le Comité d’organisation pour la reconstruction de la IVe Internationale, la Tendance léniniste-trotskyste, la Fraction bolchévique, appellent en commun toutes les organisations qui se réclament du programme de fondation de la IVe Internationale, se réclamant de sa fondation en 1938 et de sa reconstruction en 1943-1946, de sa continuité, malgré sa dislocation de 1951-1953, sous l’effet du révisionnisme pabliste, à préparer et à tenir une conférence ouverte pour discuter et répondre à ces problèmes avec l’objectif de réunifier ou de reconstruire sur la base des principes tout le mouvement trotskyste mondial tel qu’il a été délimité plus haut.
Le SU a évidemment sa place dans sa préparation et la tenue d’une telle conférence.
Afin de préparer politiquement et organisationnellement cette conférence, le Comité d’organisation pour la reconstruction de la IVe Internationale, la Fraction bolchévique, la Tendance léniniste-trotskyste constitueront un comité paritaire." (publié dans "La Vérité" n° 589 - décembre 1979).
La constitution du comité paritaire était politiquement une initiative correcte, comme celle de proposer et de préparer une conférence ouverte aux organisations qui se réclamaient du programme de la IVe Internationale. Pourtant, le ver était dans le fruit. Certes, le texte faisait montre de rigueur politique. Il affirmait que les organisations signataires n’entendaient "nullement masquer que de profondes divergences politiques existent entre elles" (lesquelles ?) et encore qu’elles "gardent leur physionomie propre, leurs positions propres." Mais il ajoutait tout de go : "que nombre de ces divergences résultaient de l’éclatement et de la dislocation de la IVe Internationale depuis que le révisionnisme liquidateur a tenté de la détruire" et que les organisations signataires "considéraient de leur obligation de défendre les positions fondamentales du mouvement trotskyste" (que sont donc ces "positions fondamentales", qu’est-ce donc "le mouvement trotskyste"" ?)
En clair : le CORQI et la Fraction
bolchévique étaient l’un et l’autre les preux chevaliers de la lutte contre le
révisionnisme liquidateur pabliste. Le destin avait voulu que l’un emprunte un
chemin et l’autre un autre chemin. Mais à un tournant de l’histoire ils se
rejoignaient. Désormais ils allaient combattre ensemble l’hydre aux sept têtes,
le révisionnisme. Quant aux "divergences", elles n’étaient que secondaires et
circonstancielles, donc facilement surmontables, puisqu’eles résultaient de
"l’éclatement, de la dislocation de la IVe Internationale". L’OCI et le
CORQI opposait un label "trotskyste" sur Moreno et sa fraction bolchévique.
Malheureusement, Moreno et sa troupe
n’incarnaient d’aucune façon la lutte contre le révisionnisme. Au côté du SWP
ils avaient participé à la "réunification" de 1963, "réunification" qui s’était
réalisée, rappelons-le, sur la ase du révisionnisme et en portant un coup très
dur au Comité international. Toute la politique que Moreno avait suivie depuis
des années était faite de manœuvres et de combines sans principe, y compris
celle de la "brigade Simon Bolivar" qui n’était qu’un "bon coup", un
"faire-valoir", monté pour donner à la Fraction bolchévique l’aura de ceux qui
combattent "les armes à la main", et qui singeait les "brigades internationales"
envoyées en Espagne par les staliniens en 1936-38. Condamner la position prise
par le SU était juste parce qu’elle revenait à soutenir inconditionnellement le
"gouvernement de reconstruction nationale" et lui donner des gages. Marcher dans
les combinaisons de Moreno ne l’était pas. A l’intérieur du SU, Moreno et
fraction étaient parmi les plus acharnés adversaires du CORQI et de l’OCI.
Manifestement en plein désarroi, ils demandaient aide et assistance au CORQI et
surtout à l’OCI. Après s’être refait une santé, ils espéraient bien "plumer la
volaille".
La politique à suivre, par rapport à Moreno
et à sa Fraction bolchévique, allait de soi : utiliser les conditions
favorables pour mener une bataille politique radicale mettant à jour et
extirpant les racines révisionnistes de leur politique. En fait détruire le
"morénisme", liquider sa fraction, en récupérant le maximum de forces et en
éliminant un obstacle sur la voie de la reconstruction de la IVe Internationale.
Au lieu de quoi s’établit une co-direction Moreno-Lambert du Comité paritaire
décidant de tout. Sans discussion véritable un texte rempli d'ambiguïtés fut
rédigé "Les thèses pour la réorganisation (reconstruction) de la IVe
Internationale". En décembre 1980, une conférence internationale réunissant
les organisations membres du CORQI et de la Fraction bolchévique les adoptait et
constituait "IVe Internationale (Comité International)".
Incontestablement un vent d’illusions a
soufflé dans l’OCI et le CORQI lorsque se sont constitués le Comité paritaire et
un peu plus d’un an plus tard "IVe Internationale (Comité International)".
D’autant plus que, en octobre 1980, la tendance léniniste-trotskyste exclue de
la LCR un an plus tôt, rejoignait l’OCI qui du coup se dénommait OCI Unifiée.
Pourquoi cet ajout alors qu’il s’agissait en réalité d’une absorption pure et
simple dans l’OCI ? Pour la mise en scène, le cinéma. Aux yeux des
militants de l’OCI et du CORQI il semblait que le SU et la LCR se disloquaient,
qu’après des années de déboires et d’isolement, un regroupement international se
réalisait qui marquait une avancée décisive vers la reconstruction de la IVe
Internationale, qu’on touchait à sa reproclamation. D’ailleurs le nom de la
nouvelle organisation était consciemment choisie pour donner cette illusion.
Ajoutons à cela la campagne démagogique pour "le parti des 10 000" et on
comprend que le caractère magouilleur de l’opération ne soit pas apparu alors
aux militants de l’OCI, mais qu’au contraire, ils aient été enthousiastes.
Six mois plus tard c’en était fini de "IVe Internationale (Comité International). Retourné en Amérique latine, sans se soucier du moindre principe, Moreno expliquait le contraire de ce qu’il expliquait la veille. Réconforté, ayant regroupé et organisé sa fraction, il reprenait son cours habituel. Ultérieurement il allait, après la chute de la dictature, réaliser un bloc avec le PC argentin et constituer sur le plan international la Ligue Internationale des Travailleurs. Au début de 1982, à l’initiative de l’OCI devenue PCI, les organisations membres qui avaient été du CORQI proclamaient "IVe Internationale (Centre International de Reconstruction)". Pourtant on ne revenait pas à la case départ. L’opportunisme a toujours été une tendance récurrente à la direction de l’OCI-PCI. L’épisode "Comité paritaire" "IVe Internationale (Comité International)" lui a donné une puissante impulsion. C’est ainsi que l’appel au vote pour Mitterrand dès le premier tour des élections présidentielles a reçu l’appui total de Moreno. La pratique politique opportuniste n’a cessé de s’accentuer pendant les années du gouvernement de "l’Union de la gauche" ("le gouvernement de la croisée des chemins" : en conséquence, pas de "PCI des dix mille" mais son recul constant). L’osmose en cours depuis des années entre l’appareil FO, le sommet du PCI, son appareil, se développant et s’ossifiant, l’absence de possibilités immédiates d’avancer vers la reconstruction de la IVe Internationale, à la suite du krach de "IVe Internationale (Comité International)", finalement la substitution de l’objectif construire un Parti des Travailleurs au combat pour la construction d’un Parti Ouvrier Révolutionnaire, de la ligne de la démocratie à la lutte pour la Révolution prolétarienne ont marqué qu’il y avait transformation de quantité en qualité : le révisionnisme s’était emparé de la direction du PCI et en même temps de la direction de "IVe Internationale-CIR". Les exclusions du 28e congrès ponctuaient cette modification qualitative
Constitué à la suite des exclusions du 28e congrès, le Comité s’est d’abord intitulé "Comité pour le redressement politique et organisationnel du PCI (pour le reconstruction de la IVe Internationale)". A la suite du mouvement de novembre-décembre 1986, des étudiants et des lycéens, le Comité décidait de s’appeler désormais "Comité pour la construction du Parti Ouvrier Révolutionnaire (la reconstruction de la IVe Internationale)". Le supplément à CPS n° 14 en date du 27 janvier 1987, rend compte des raisons de ce changement d’appellation
" Le "Comité pour le redressement politique et organisationnel du PCI" décide de s'appeler désormais "Comité pour la construction du parti ouvrier révolutionnaire" en France. Il prend cette décision en raison:
Le "Comité pour le redressement politique et organisationnel du PCI" a été constitué le 13 mai 1984 par 36 militants exclus du PCI au cours de son 28° congrès ou à la suite de ce congrès. Ils ont été exclus au moyen d'une provocation que la direction du PCI a montée pour procéder à une épuration politique de l'organisation. La direction du PCI entendait, en procédant ainsi, empêcher que se constitue à l'intérieur du PCI un courant qui s'oppose à son orientation révisionniste du programme de la IVème Internationale et liquidatrice du PCI. Au cours des mois et des années suivants, des dizaines et des dizaines d'autres militants ont été exclus parce qu'ils se sont opposés à la politique liquidatrice de la direction du PCI, et à l'alignement de sa politique sur celle de l'appareil de FO, en particulier, en flanc plus ou moins gauche des appareils bureaucratiques du mouvement ouvrier, en général, ou simplement pour avoir refusé de voter telle ou telle résolution. Certains ont adhéré au Comité, d'autres non. La résolution constitutive du Comité déclarait:
"La ligne de la démocratie (adoptée par la direction du PCI) aboutit à renoncer à construire un parti ouvrier révolutionnaire sur l'orientation "on ne peut aller de l'avant si l'on craint d'aller au socialisme". Elle aboutit à promouvoir un "parti des travailleurs" et des "démocrates" sans programme, sans frontières: un conglomérat".
La résolution précisait que, tout en luttant pour leur réintégration dans le PCI et le redressement politique et organisationnel de celui-ci, les militants du Comité:
"Ne peuvent renoncer à intervenir dans la lutte des classes parce qu'ils sont exclus du PCI en attendant patiemment d'être réintégrés. Incontestablement, cela pose des problèmes difficiles, mais il faut les aborder. Partout où cela est possible, ils auront une intervention politique coordonnée sur la ligne des textes adoptés." ... "Ils interviendront (dans la lutte des classes et dans la vie politique) sur l'orientation: il est nécessaire de construire en France un parti ouvrier révolutionnaire pour le Socialisme, un parti qui doit combattre sur la ligne "on ne peut aller de l'avant si l'on craint d'aller au socialisme". Ils s'efforceront de constituer des cercles, des groupes, des regroupements politiques pour "un parti ouvrier révolutionnaire pour le socialisme", luttant sur la base d'un programme anti-capitaliste.
La situation politique et le développement de la lutte des classes en France exigent d'affirmer clairement: toute l'activité du Comité est directement centrée sur la construction du parti ouvrier révolutionnaire nécessaire au prolétariat français. la lutte pour le redressement politique et organisationnel du PCI, dans la mesure où il reste possible, est subordonnée à la tâche de construction du parti ouvrier révolutionnaire. "
Reprenant la méthode que Lénine et Trotsky ont utilisée vis à vis des IIe et IIIe Internationales, le Comité a combattu pour le redressement du PCI et de "IVe Internationale-CIR" tant que des événements majeurs de la lutte de classe n’avaient pas démontré qu’ils étaient irredressables, qu’en tant qu’organisations ils n’étaient pas passés du côté de la bourgeoisie, qu’ils avaient cessé d’être des organisations trotskystes. Le ralliement des partis socialistes et social-démocrates, membres de la IIe Internationale, au début de la première guerre mondiale, chacun à "sa" bourgeoisie (sauf le parti bolchevique, et le parti social-démocrate serbe) fut le test décisif montrant que ces partis et la IIe Internationale étaient passés du côté de la bourgeoisie, qu’ils avaient trahi les prolétariats de leur pays et le prolétariat mondial. Dès septembre 1914, Lénine déclarait : "il faut construire de la IIIe Internationale". En 1933, le Parti Communiste Allemand, par suite de l’orientation que lui avait dicté la direction de la IIIe Internationale, avait capitulé sans combat devant la prise du pouvoir par Hitler et le parti national-socialiste, les nazis. Après avoir attendu plusieurs mois et ayant constaté qu’aucun parti, qu’aucune force importante ne s’était dressé pour dénoncer cette capitulation mais, qu’au contraire, les PC membres de l’IC l’avaient couverte, Trotsky écrivait le 15 juillet 1933 un article intitulé : "Il faut construire de nouveaux des partis communistes et une nouvelle Internationale" (Œuvres, Tome I, page 251). Nous y renvoyons les militants du Comité.
Le "Comité pour la construction du Parti
Ouvrier Révolutionnaire (la reconstruction de la IVe Internationale)" a maintenu
son orientation de redressement politique et organisationnel du PCI et de "IVe
Internationale-CIR" tant qu’une possibilité de redressement a existé. Mais des
événements d’une importance mondiale se sont produits : l’agression, la
guerre de la coalition impérialiste contre l’Irak et les peuples du
Moyen-Orient. Au cours de ces événements, le PCI et IVe Internationale-CIR se
sont alignés derrière les staliniens et les pacifistes de tout poil. Dans un
supplément au n° 36 de CPS en date du 19 mars 1991, le Comité a analysé leur
politique. Ce texte est titré : "La politique de la direction du PCI et
l’agression impérialiste au Moyen-Orient". Il se termine ainsi :
"La politique que la direction du PCI et le PCI ont suivie par rapport à la crise et à la guerre du Golfe pose problème. Dans les mois qui viennent, une fraction importante va-t-elle réagir ? Où en sont, où vont "IVe Internationale-CIR" et le PCI ? Vont-ils pouvoir encore être caractérisés comme organisations trotskystes représentant la IVe Internationale ? Il serait prématuré de répondre à ces questions. Mais lourde et pleinement engagée est la responsabilité des militants du PCI."
Pourquoi du PCI ? Parce que
l’existence de "IVe Internationale-CIR" dépend entièrement de cette
organisation.
Dans un supplément au n° 37 de CPS en date du
15 mai 1991, le Comité a analysé la conférence de "IVe Internationale-CIR" qui
s’est tenue du 1er au 3 janvier 1991 à Barcelone et la "Conférence mondiale
ouverte pour l’Internationale ouvrière", qui s’est également tenue à Barcelone,
mais du 3 au 6 janvier 1991. Ce texte intitulé : "A propos de deux
"Conférences Mondiales" a montré : qu’en fait il n’y a pas eu de
"conférence" de "IVe Internationale-CIR" mais un simple simulacre de
"conférence" ; que la décision de "reproclamer" à court terme la IVe
Internationale signifierait (comme pour la SLL en 1972) le court-circuitage de
la lutte pour sa reconstruction, c’est-à-dire l’abandon de cette
reconstruction.
La soi disante "conférence mondiale ouverte
pour l’Internationale ouvrière", le monstre politique dont elle a accouché, la
dite "entente internationale des travailleurs", ont été et sont des
rassemblements
"ou des philistins (comme les appelait Trotsky) petits-bourgeois ; des organisations et des regroupements nourris des mensonges et tromperies des appareils traîtres au prolétariat ; des formations bourgeoises et petites bourgeoises "démocratiques" ; les vaticinations de groupuscules anarchistes ou anarcho-syndicalistes donnent le ton. Or, c’est la direction du PCI et de la "IVe Internationale-CIR" qui est l’initiatrice, la force motrice, l’organisatrice de cette "conférence mondiale ouverte pour l’Internationale ouvrière". On mesure là son irrémédiable dégénérescence. Elle n’a plus rien à envier au pablisme."
C’est à ces monstruosités politiques que la reconstruction de la IVe Internationale est sacrifiée.
Ce texte concluait :
"La "Conférence mondiale de la IVe Internationale (Centre International de Reconstruction) sont de nouveaux pas vers la liquidation de "IVe Internationale-CIR" en tant qu’organisation trotskyste. La "reproclamation" de la IVe Internationale, dans les conditions politiques actuelles, marquerait le point final de sa destruction en tant qu’organisation trotskyste."
Depuis la décision a été prise de proclamer le "Parti des Travailleurs". Sa proclamation devrait avoir lieu à l’issue d’une "assemblée nationale des comités politiques" qui se tiendra les 10 et 11 novembre, annonce le n° 1537 d’"Informations Ouvrières" en date du 11 septembre. Pour quelle politique ? Angelo Geddo (nom de plume dans "IO" de Sandri, ex-secrétaire confédéral FO, à la retraite, maître à penser et véritable initiateur de l’orientation du "MPPT") à l’obligeance de nous en informer. Sous le titre "Imposer une autre politique. Le point de vue d’Angelo Geddo", on lit :
"Avec le mois de septembre la rentrée sociale se précise. La plupart des organisations syndicales ont déjà annoncé la couleur. A quelques nuances près, leurs revendications se trouvent en convergence. Elles portent toutes sur la nécessité de relancer la demande intérieure par une nouvelle politique prenant en compte le dynamisme économique, seul élément susceptible de relancer l’emploi autrement que par son traitement social, dont on sait le coût pour une efficacité qui reste à démontrer. Le chômage reste la plaie sociale qui fait honte à une société qui se veut évoluée. Dans le même esprit, la demande intérieure passe également par la prise en compte du pouvoir d’achat des ménages actifs et retraités.
(...) La France se place dans une situation particulière, mais la logique, en raison de la priorité que le pouvoir politique accorde à l’action monétariste au détriment d’une action économique efficace, alors que les emplois industriels représentent moins de 18 % de la population active en 1991, contre 24 % en 1970. Par comparaison, en Allemagne, l’emploi industriel dépasse les 30 % de la population active. Or, l’industrie représente toujours le socle d’une économie hautement productive, les services n’en étant que la subsidiarité.
C’est pourquoi, les revendications syndicales se justifient quand elles affirment que la politique monétariste a franchi un point dangereux risquant d’engendrer déflation et effondrement total de l’économie, accentuant les risques de récession et ses conséquences sur l’emploi et les conditions salariales. Pour toutes les organisations syndicales, il est désormais clair que la politique du gouvernement ne correspond pas du tout à la situation pesant sur l’emploi, car elle se situe aux antipodes de la relance qu’exige la situation sociale et économique actuelle.
Le Conseil Economique et Social, à l’issue des séances des 9 et 10 juillet derniers, s’est livré à l’examen de la conjoncture au premier semestre 1991. Dans un avis portant sur l’ensemble des paramètres de l’économie française dans les domaines extérieurs et intérieurs, il déclare : "(...) Mais le renforcement de notre croissance pas trop ralentie suppose, en même temps qu’une stimulation de l’offre compétitive et un développement de nos exportations, une augmentation de la demande des ménages (...)". Pour le CES "l’augmentation de la demande des ménages suppose, compte tenu de leur poids dans cet ensemble, un accroissement du pouvoir d’achat des salariés, en même temps qu’une action énergique pour l’emploi". Venant de cette instance qu’on ne saurait taxer de démagogie, les choses sont donc nettes : il s’agit de la mise en place d’une autre politique que celle menée aujourd’hui par les tenants du pouvoir politique, d’autant plus qu’il serait hasardeux de spéculer sur une relance mondiale de plus en plus incertaine."
Ce texte d’un des maîtres à penser et
véritable initiateur de la politique du "MPPT" aujourd’hui, du "PT" à partir des
11 et 12 novembre 1991, a au moins l’avantage de situer précisément quel est le
cadre de la politique qu’ils suivent et suivront : le régime capitaliste.
Le gouvernement actuel aurait une "mauvaise politique", inspirée du
"monétarisme". Elle conduirait à la déflation. La preuve en serait la
"désindustrialisation". D’où il faudrait conclure que le gouvernement de la RFA
et la DGB ont une bonne politique puisque, au lieu de tomber comme en France de
24 à 17 % de la population active, le nombre des ouvriers d’industrie
s’élève à 30 % de cette population. Sandri, en bon réformiste, se place au
côté du Conseil Economique et Social, cet exemple au sommet de participation, ce
haut lieu de la collaboration des classes entre le patronat, les appareils des
centrales syndicales, les organisations "sociales" de toutes sortes, le
gouvernement.
Il présente son "autre politique" : une
"politique de relance", en d’autres termes, une politique inflationniste. Pour
lui, pas question de dégager pourquoi le capitalisme français pratique la
politique qu’il pratique. Capitalisme décadent dans un mode de production
décadent, historiquement en crise, le capitalisme français s’accroche pour
maintenir ses positions dans le monde et ses profits. Mais la politique qu’il
pratique aujourd’hui n’est pas immuable. Demain, selon la conjoncture et ses
possibilités, il peut en venir (ou plutôt revenir) à une politique de "relance",
c’est-à-dire inflationniste. Au moyen d’une politique déflationniste, ou, selon
la situation, d’une politique inflationniste : il s’agit toujours de
défendre le taux de profit, le profit étant le moteur de la production de
l’économie.
Pour la classe ouvrière, la population
laborieuse, ce serait, après le choléra, la peste : le chômage demeurerait,
le pouvoir d’achat continuerait à baisser, les conquêtes et acquis sociaux à
être remis en cause. Sandri, alias Angelo Geddo, en fait de "nouvelle politique"
fixe comme orientation une très vieille politique, celle du réformisme sans
réforme. Avec des fioritures, pimentée de quelques phrases, voire discours
radicaux, c’est cette orientation que suit le "MPPT" et que suivra le "PT".
Mais en outre, la proclamation du "PT aura obligatoirement comme conséquence la dissolution du PCI, auquel succédera un "courant" au mieux une "tendance" se réclamant (les dimanches et jours de fêtes) de la IVe Internationale et de son programme réduit au programme de transition soigneusement mis sous scellés avec interdiction de s’en servir au sein du PT. La boucle est fermée. Le PCI est mort. La force politique qui du PCI en 1951, au Comité International, au CORQI, à "IVe Internationale-CIR" a assumé la continuité de la IVe Internationale a été gagné par le révisionnisme : elle est morte comme organisation trotskyste (ce qui ne veut pas dire que nombre de ses militants n’aspirent plus à reconstruire la IVe Internationale et ne se veulent pas fidèles à son programme). Elle est irredressable.
Vers la seconde partie de ce texte.