Paru dans : " Les cahiers Léon Trotsky", revue trimestrielle de l’Institut Léon Trotsky, n°49, janvier 1993
Sébastien, comme on l’appelait, Damien, qu’il avait été longtemps, est mort le 22 septembre dernier, à Paris, d’une crise cardiaque. Il était né le 19 mars 1919, à Barcelone. Il n’avait que 14 ans quand il rejoignit les Jeunesses du Bloc ouvrier et paysan catalan dirigé par Joaquin Maurin. A 15 ans, il était membre des jeunesses du POUM, la JCI, et, à seize ans, il y occupait des responsabilités, ce qui lui valut d’être arrêté et emprisonné, mais il fut libéré à la veille de l’insurrection fasciste et militaire. Il était de la génération des seize ans que les combattants appelaient celle du biberon, ce qui ne l’empêcha pas de s’emparer d’armes en attaquant une armurerie avec les copains de son âge et de prendre part aux combats de rue contre les troupes du général Goded. Peu après, il devint secrétaire général de Pionniers, l’organisation des enfants du POUM de Barcelone. Il combattit dans les milices du POUM sur le front d’Aragon, prit part aux Journées de mai 1937 au cours desquelles il se trouva en contact avec le groupe bolchevik -léniniste, le groupe trotskyste de Barcelone. Il fut arrêté en 1938 et torturé à l’époque où les staliniens cherchaient à faire en Espagne un procès de Moscou ; il tint bon et réussit à s’évader le 26 janvier 1939 et à rejoindre la France noyé dans la masse des réfugiés.
D’abord interné au sinistre camp d’Argelès, il s’évada et gagna Bordeaux où il trouva du travail. Il avait rejoint le groupe trotskyste espagnol qui éditait Nuevo Curso, milita au CCI pendant la guerre. Membre du PCI dès sa formation en 1944, il milita également dans les rangs du POUM en exil et fut membre de son comité exécutif jusqu’en 1978, effectua en Espagne de nombreuses missions clandestines. Etabli à Paris, il vécut souvent à Barcelone et à Madrid. Ces dernières années, il était président du POSI espagnol et à ce titre membre du CC du PCI où il militait en France. Il fut exclu de l’un et de l’autre pour avoir protesté contre l’exclusion du militant d’origine espagnole Carrasquedo et l’attitude de la direction du PCI à l’égard de ce dernier. Il en souffrit énormément, tant du fait de son attachement à cette organisation que des liens personnels qu’il avait avec certains dirigeants du PCI par lesquels il se jugea trahi. Combattant jusqu’au bout, il se retrouva avec les exclus dans la « fraction externe du CCI », autour de La Commune. Son cœur malade n’a pas résisté à l’immense chagrin d’être exclu et au choc de ce qui lui paraissait un reniement de la part de certains de ses vieux camarades.
A lire également (en pdf) l’article de la Commune paru à la mort de Sebastian Garcia Millan :