Lutte de classe

 

A propos du site Internet Le Militant

 

Sur le site Internet Le militant (http://www.le-militant.org), une sorte de comité ou regroupement informel de militants d'horizons divers, PS, PCF, LCR, etc., nous avons trouvé un texte signé Raymond Debord du 4 juin 2006, intitulé Réflexion sur l'actuelle situation à gauche. Nous en faisons la critique, ce qui aidera peut-être les militants à se faire une idée plus précise sur ce site Internet, libre évidemment à chacun d'en penser ce qu'il veut.

 

" (...)les couches les plus larges du peuple, avant tout soucieuses de battre la droite, sur le candidat le plus à même de rassembler largement pour assurer la victoire."

Ce serait un "souhait légitime" du prolétariat ! C'est prendre ses désirs pour la réalité ou faire dire au prolétariat autre chose que ce qu'il dit.

 

Quels seraient les enjeux des élections de 2007 : "de stopper net l'offensive libérale", qui peut croire de telles balivernes après ce qui s'est passé après le 10 mai 81 ? On croirait entendre le PT avant le 29 mai 2005 !

 

"Ségolène Royal (serait) à contre courant (...)", c'est tout ? Pourquoi ne pas dire les choses clairement : elle incarne les intérêts de la bourgeoisie en développant des positions ultra réactionnaires cléricales, militaristes, corporatistes...

 

"En tout état de cause l'analyse du phénomène Royal est quelque chose qui nous préoccupe, d'autant qu'elle rencontre aujourd'hui un certain succès, y compris dans la périphérie sympathisante de Militant (...) qui aspirent à l'ordre et à la sécurité.", si c'est vous qui le dites, là on est porté à vous croire sur parole ! Inutile d'épiloguer sur les aspirations à l'"ordre" et à la "sécurité" de vos amis politiques, on croirait entendre Sarkozy !

 

De quoi se compose "la périphérie sympathisante de Militant" ? Ils le disent eux-mêmes : "les rédacteurs et amis de Militant, dont certains sont membres du PCF voire de la LCR, une grande part membres du PS et une part plus importante encore des syndicalistes CGT et FSU ou des militants associatifs sans engagement partidaire."

 

On comprend mieux pourquoi il s'en remet à F. Hollande :  "Olivier Besancenot, José Bové et Marie-George Buffet" et "les candidats à la candidature socialiste" se livrent à une "guerre médiatique" "sans tenir aucun compte des injonctions de Hollande" qui appelle "à plus de modération". Ah, ce "cher" Hollande ! Nous vous le laissons !

 

Hollande et le PS défendrait les intérêts des travailleurs, étrange, les faits on semble-t-il toujours prouvé le contraire et la majorité des travailleurs le savent pertinemment.

 

"Notre point de départ, quelque soit l'endroit où nous agissons et l'organisation à laquelle nous appartenons, est la défense de ce que nous comprenons comme l'intérêt de la grande masse des salariés et des jeunes de notre pays. C'est à partir de ce critère que nous pouvons porter des appréciations sur telle ou telle initiative conjoncturelle. Disons que l'approche globale qui nous est commune consiste à favoriser tout pas en avant dans le rassemblement contre la droite et pour une réelle alternative en terme de contenu.".

 

"On peut déplorer la division de la gauche et la division de la gauche anticapitaliste (à laquelle nous essayons de répondre). On peut déplorer encore davantage le fossé qui s'est creusé entre le monde du travail et les organisations qui donnaient une expression – même déformée – à son combat contre le capital. C'est une donnée objective. Les réponses politiques peuvent donc être distinctes selon l'endroit où se trouvent les uns ou les autres. L'essentiel est que tout le monde " tire " dans le même sens, même si ce n'est ni au même rythme ni selon les mêmes modalités."

 

Il y aurait donc "la gauche" qui ne serait pas anticapitaliste et "la gauche" qui le serait. Mais qu'est-ce donc que "la gauche" qui ne serait pas anticapitaliste, si ce n'est en réalité autre chose que la "gauche", un ensemble de partis totalement subordonnés au maintien du système capitaliste. La "gauche", n'est-ce pas justement "les organisations qui donnaient une expression – même déformée – à son combat contre le capital.", il s'agit là plus que d'un euphémisme, une véritable supercherie, car on ne voit pas à quel moment ces organisations de "gauche" se sont opposées réellement au capital. Si c'était le cas, nous ne serions pas dans la situation sociale dramatique que nous connaissons aujourd'hui. C'est nous prendre pour des demeurés.

 

Le Militant l'avoue lui-même, les masses se sont détournés des partis se réclamant du mouvement ouvrier qui n'ont cessé de les trahir depuis plus de 70 ans, et il se lamente hypocritement d'une telle situation "objective." Après tout, on s'en fout, peut importe en définitif "où se trouvent les uns ou les autres", puisque l'essentiel, c'est que toutes ces organisations "tirent" dans le même sens, on leur fait confiance pour cela. En réalité, ce qui les distingueraient, se bornerait à une question de "rythme" et de "modalité" d'application de la même politique, une politique de soumission totale au capitalisme, quel aveu, on n'en demandait pas tant ! N'ont-elles pas toutes ces organisations une "approche globale" qui (leur) est commune" ? Ce n'est pas nous qui le disons encore une fois, mais Le Militant. Cela a au moins le mérite d'être parfaitement clair.

 

Quant à la fameuse "gauche" du PS qui a toujours servi de prétexte à tous les reniements, à tous les ralliements aux réformismes, qu'en pense Le Militant ?

 

Elle se serait "plié à une synthèse sans principe" en ralliant la direction du PS. Tiens donc, j'avais cru comprendre que loin d'être "sans principe", la synthèse du dernier congrès du PS avait  démontrée au contraire que ce parti était incapable de développer autre chose qu'un programme et une politique conforme au capital, un programme de front populaire, non ?

 

Mais rien n'y fait, nos manipulateurs professionnels en rajoutent : "tous les espoirs demeurent permis dans la mesure où les masses vont maintenir la pression sur le PS, ce qui fera éclater à nouveau les contradictions à une étape ultérieure.", sans doute comme au lendemain d'un certain mai 81 ! Ces gens-là voudraient nous refaire le coup de l'arnaque du 10 mai 81, c'est vraiment nous prendre avec les travailleurs pour des abrutis.

 

Les travailleurs semblent être les seuls à avoir réellement avancé sur le terrain politique depuis mai 81.

 

Mais ce n'est pas tout, Le Militant se veut l'aiguillon qui va changer le cours de la politique du PS : Raymond Debord nous dit qu'il a "fait partie des 6 % de militants socialistes qui ont voté " contre " ce document, à l'appel du club Forces Militantes. Ceci peut paraître faible mais d'un autre côté c'est assez considérable si on le rapporte au nombre d'adhérents de Forces Militantes." Un peu de sérieux.

 

Après nous avoir expliqué un peu plus haut, que la tendance de "gauche" du PS avait été soutenue par 47% des militants du PS, avant que ses responsables rejoignent finalement les positions de la direction du PS, il voudrait maintenant nous faire croire que 6% pourraient faire mieux que 47% ! Ces gens-là ne doutent décidément de rien ! Attendez, il y a mieux encore, à condition d'avoir un peu d'humour pour continuer à lire cette littérature politique de bas étage.

 

Pour infléchir les positions très nettement réactionnaires du projet du PS, Debord a trouvé encore mieux : "Il y a de très importantes marges de manœuvres, y compris vis-à-vis des dizaines de milliers de nouveaux adhérents qui sont principalement issus des classes moyennes mais dont une frange significative peut être gagnée à une vraie perspective socialiste, pour peu qu'on ne l'encombre pas trop de références anticléricales et républicaines désuètes.", ben voyons ! Passons sur "les très importantes marges de manœuvres" qui ne doivent exister que dans sa tête, et encore, si telle était la réalité, il en serait le premier effrayé.

Maintenant que le PS ne recrute que dans "la classe moyenne", cela ne fait que confirmer ce que nous avons déjà dit à plusieurs reprises sur la nature de ce parti, à savoir que la PS est un parti bourgeois qui n’a plus aucune base ouvrière depuis belle lurette.

Que le PS se place dans une "perspective socialiste", voilà une affirmation qui discrédite définitivement Le Militant, et qui nous montre sans l'ombre d'un doute ce qu'il est vraiment. Le Militant est bien un courant opportuniste, il en apporte lui-même la preuve. Bien entendu, il ne faudrait pas "s'encombrer" de principes "de références anticléricales et républicaines désuètes", à quoi bon, d'une certaine manière, puisque vous les renieriez le lendemain. Quel spectacle lamentable !

 

Revenant sur le projet du PS et la différence qui existerait entre les différentes tendances de ce parti, il affirme qu'"il y a d'un côté ceux qui ont cherché à répondre aux aspirations populaires au moment du débat sur le traité constitutionnel européen et de l'autre ceux qui s'enferrent dans une posture d'accompagnement mollement social du libéralisme." Passons sur la tendance qui a voté non le 29 mai 2005 tout en maintenant le cadre de l'Union européenne, quant à la tendance majoritaire du PS, la voilà qui se draperait dans "une posture d'accompagnement mollement social du libéralisme.", ce qui ne serait déjà pas si mal, selon Debord et contrairement à ce qu’il tente de nous faire croire, d'ailleurs il en a besoin pour justifier sa capitulation devant la direction de ce parti pourri : "Je soutiens donc la candidature de Laurent Fabius, sans illusions mais sans ambiguïté.", nous y voilà, comme si tous les candidats à la candidature du PS n'appartenaient pas au même panier de crabes, à moins que vous ne préfériez l'esturgeon, le caviar me donne la nausée !

 

Abordant ensuite le PCF, il dit "il y a  une révolution incontestablement positive depuis l'arrivée de Marie Georges Buffet à la tête du parti dans le sens où il n'y a plus d'incertitudes sur son avenir.". Voilà qui est catégorique et en impose, car qui dit "révolution", dit bouleversement complet, ce qui n'est évidemment pas le cas du PCF qui demeure un parti stalinien. Quant à l'avenir du PCF, on souhaiterait qu'il n'en est pas, ce qui n'est évidemment pas la position de Raymond Debord pour qui le PCF doit retrouver une seconde jeunesse, voyons de quelle manière il s'y prend.

 

"De plus, le PCF fait preuve d'une plus grande ouverture, ce qui doit être salué. Actuellement, il se positionne sur une ligne de rassemblement anti-libéral qui correspond aux aspirations de nombreux militants et électeurs de gauche.". Une "ouverture" qui se traduit par une subordination totale aux besoins du gouvernement, du Medef et de l'Union européenne qui s'inscrit parfaitement dans le cadre du "rassemblement anti-libéral" des altermondialistes, dont la priorité n'est pas d'en finir avec le régime capitaliste, mais de le "démocratiser" de "l'humaniser", sous couvert de la "démocratie participative". Au PCF, "l'ouverture" rime avec corporatisme, ce qu'il ne dira pas, il ne faut pas trop lui en demander non plus.

 

Et s'il lui reproche de copier en partie le programme de la LCR, etc., c'est uniquement parce qu'il fait de l'ombre au candidat du PS.

 

Le Militant est plus occupé par des questions purement électoralistes, que par les intérêts des travailleurs et le combat pour en finir avec ce régime. Si vous n'en êtes pas encore certain, en voici la preuve :

 

"Les gesticulations de la LCR et ses ultimatums anti-socialistes sont tout à fait ridicules et dangereux. De ce point de vue on ne peut qu'avoir de la sympathie pour la minorité qui préconise à la fois l'unité anti-libérale et le maintien du principe trotskyste du désistement pour le candidat de gauche le mieux placé au second tour. "

 

Sans rien lui demander, il en rajoute cette fois à propos de LO : "Mais j'ai une divergence tactique (qui devient stratégique tant elle est récurrente) avec le principe qu'a LO de se présenter à toutes les élections sans tenir compte de la conjoncture politique.", voilà un crime de lèse-majesté impardonnable, il est vrai.

 

Décidément, ce philistin ne manque  pas de toupet, le voilà qui prétend donner des leçons aux révolutionnaires, certes, en se trompant d'adresse.

 

"Ce choix serait acceptable de la part d'un véritable parti révolutionnaire, c'est-à-dire d'un parti rassemblant en son sein la majorité des cadres organisateurs du mouvement syndical et populaire. Il est d'autant plus douteux que si LO se présente en concurrence avec tout le monde c'est la plupart du temps sur un programme tout compte fait assez minimaliste. Mais le problème essentiel est l'attitude quant au second tour. Prendre aujourd'hui la responsabilité de ne pas voter au second tour pour le candidat de gauche le mieux placé, quel qu'il soit, c'est isoler la minorité révolutionnaire de la grande masse des électeurs qui ne suivront en aucun cas ce genre de consignes."

 

Franchement, en tant que militant du PS, il est bien mal placé pour savoir ce qu'est réellement un parti révolutionnaire, à croire que la confusion est érigée en mode de penser chez lui, surtout qu'un parti qui rassemblerait "la majorité des cadres organisateurs du mouvement syndical et populaire" serait tout ce qu'on veut dans l'état actuel des choses, mais certainement pas un parti révolutionnaire, la majorité des cadres des syndicats étant comme chacun sait qu'un ramassis de vulgaires bureaucrates réformistes et staliniens.

 

Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre ! Pour Raymond Debord, l'essentiel, ce n'est pas le programme, ce n'est pas la perspective politique sur laquelle combat un parti ou un candidat, c'est de remporter les élections à n'importe quel prix, je ne pense pas que les travailleurs voteraient pour un candidat qui leur dirait les choses aussi clairement et simplement, et ils auraient raison. Quant à l'affirmation selon laquelle les électeurs ne suivront pas une consigne de vote les appelant à s'abstenir au second tour : pas besoin d'une consigne de vote, ils s'abstiennent déjà dés le premier tour !

 

La suite de son article est consacrée "au rassemblement de la gauche", tout un programme. Il serait possible de contrer les "socio-libéraux" parce qu'ils sont minoritaires au sein de la "gauche". Nous avons déjà vu ce qu'il en était. Abordant le niveau de conscience des travailleurs, il affirme que " la conscience moyenne des salariés n'est pas (encore) socialiste au sens révolutionnaire du terme, on  doit considérer que l'anti-libéralisme est un pas en avant.". Il prend son cas pour une généralité ! Mais de plus, il existerait un socialisme "au sens révolutionnaire" et un socialisme qui aurait un autre sens, une autre portée, pirouette de renégat du socialisme qui suffit à prouver que le contenu politique de "l'anti-libéralisme" est en réalité franchement réactionnaire, puisqu'il n'est en réalité ni socialiste ni révolutionnaire. Ainsi, il serait possible  "de sortir " par en haut " de la contradiction entre ceux qui ont voté " non " et ceux qui ont voté " oui " au référendum.", voilà résumé le contenu réel de l'anti-libéralisme de ces philistins : s'adapter au capitalisme. Notez au passage, que le plus important pour Debord c'est d'arriver à s'entendre "en haut", sur le dos de ceux qui sont "en bas", c'est-à-dire, le prolétariat qui a voté massivement non le 29 mai 2005. Quel suffisance et quel mépris !

 

Il prend ensuite partie pour l'organisation de primaire "à gauche", comme en Italie, elle permettrait de créer "une arène extraordinaire pour la diffusion d'idées favorables à la rupture !", on se demande bien de quelle rupture il peut s'agir. Il le précise dans le paragraphe suivant.

 

"En tout état de cause, il est nécessaire et urgent de prendre position clairement pour battre la droite et en finir avec les Chirac, Villepin, Sarkozy et autres agents de la classe dominante. C'est le préalable à tout, y compris à la possibilité de faire avancer dans la population l'idée d'un changement radical et du nécessaire dépassement du capitalisme."

 

Battre la "droite" à n'importe quel prix. Est-ce vraiment raisonnable ?

 

Personnellement j'appelle à boycotter ces élections, et je me dis que Sarkozy président, ce serait sans doute le meilleur moyen pour qu'un soulèvement général de la population se produise dans les semaines ou les mois qui suivront son élection, j'en ai l'intime conviction, à moins de me tromper ou d'avoir été trompé sur le niveau de conscience des masses. Un candidat du PS à l'Elysée pour que la bourse de Paris batte de nouveaux records : non merci ! Quand il dit "c'est le préalable à tout" de battre la "droite" à l'élection présidentielle, qu'est-ce que cela veut dire ? D'une part, que tout combat ne peut se situer que dans le cadre de la préservation des institutions de la Ve République, et d'autre part, qu'en dehors du cadre électoral, point de salut, le combat pour en finir avec le capitalisme serait rendu impossible, inutile. On appelle cela une capitulation en règle.

Vous aurez remarquez au passage qu'il prétend que ce serait "la population" qui ne serait pas encore prête à un "changement radicale" de politique, par conséquent, il faut en déduire que les travailleurs sont responsables de la situation sociale actuelle et non les appareils traites des partis du mouvement ouvrier. Inutile de commenter.

 

Abordant la période qui suivrait l'éventuelle victoire de la "gauche", il précise qu'il n'hésitera pas à voter pour Jospin ou Marie-Ségolène Royal au second tour, avant d'affirmer qu'il ne soutiendra pas un gouvernement qui ne s'engagerait pas sur une "rupture", cependant, "sa mise en place serait un passage obligé pour marginaliser les forces de droite et pour faire grandir la conscience de classe du prolétariat.", sans doute comme au lendemain du 10 mai 81, il nous prend vraiment pour des cons, c'est insupportable ! Une partie de la bourgeoise, devant le spectacle lamentable qu'offre publiquement ses représentants au pouvoir (Clearstream, EADS, etc.) et pour défendre au mieux ses intérêts, table dors et déjà sur la victoire du candidat du PS, Debord et ses camarades de Militant ne le sauraient-il pas ?

 

Pour terminer, il s'en prend à "l'extrême gauche" dont l'ensemble des partis, organisations ou groupes seraient en fait des "sectes" animées par "une vérité révélée", "une fausse conscience", "on ne sait quelle illumination". Qui visent-ils exactement à travers cet amalgame ? Ceux qui refusent les compromis pourris qu'ils leur proposent ? Ceux qui restent attachés au programme de la révolution prolétarienne et à son drapeau ? Que cache ce verbiage de bigot  réactionnaire ?

 

La reconnaissance de classes aux intérêts fondamentalement antagonismes serait ravalée au rang de "vérité révélée", la seule "vérité" valable serait de voter pour le candidat du PS sans se poser de questions ; il nie notre capacité à acquérir la connaissance des lois fondamentales des mécanismes économiques sur lesquels reposent le capitalisme ; il faut rappeler que Marx n'a rien inventé, il a simplement découvert ou mis à jour ces lois, c'est donc le marxisme qui est visé à travers cette attaque.

 

Il y aurait donc une "vraie" et une "fausse" conscience. En fait, il nous dénie le droit d'avoir notre propre conscience du déroulement de la lutte des classes. Il va jusqu'à remettre en cause notre capacité à en prendre conscience, donc au-delà, à nous organiser et à mettre en oeuvre les moyens les plus appropriés pour en finir avec le capitalisme, logique puisque ce n'est pas son objectif. La "vraie" conscience serait donc synonyme de mensonge, de  trahison, d'hypocrisie et de falsification, on vous la laisse monsieur Debord, elle pue votre conscience !

Et quand ce monsieur se penche sur les travailleurs, il ne peut feindre le mépris qu'il leur témoigne, voici ce qu'il en dit :

 

"Je crois que les gens pensent.", mais en est-il vraiment sûr ? Quel mépris ! Lui en tout cas, il ne pense , il croit ! De quelle manière pensent-elles ces bêtes là ? "Je crois aussi qu'ils pensent de manière rationnelle, même si des déterminants culturels et des traditions pèsent lourd.", ouf, nous sommes sauvés, mais à quel prix, au prix d'un fardeau qui est proche d'en faire d'incurables débiles, merci pour eux, on n'en attendait pas davantage de votre part.

Ce n'est pas tout, le voilà qui se transforme en donneur de leçons, en se contredisant sans le vouloir :  "Ce n'est donc que par une série d'expériences sur une longue durée qu'ils peuvent évoluer à une échelle de masse.", vous êtes trop bon mon seigneur !

C'est effectivement par l'expérience de la lutte des classes que la conscience des travailleurs et des jeunes progresse, et c'est la raison pour laquelle ils se sont abstenus en masse le 21 avril 2002, qu'ils ont infligé une défaite à l'UMP-UDF à trois reprises en 2004 sans accorder la moindre confiance au PS-PCF, qu'ils ont infligé une défaite cuisante le 29 mai 2005 aux partisans du traité constitutionnel européen, qu'ils ont refusé d'entendre Hollande au printemps 2006 qui leur disait "de toute manière le texte va passer" en parlant du CPE.

Gageons qu'ils vous infligeront un démenti et une nouvelle défaite en 2007, à moins que cela n'arrive avant dans la rue, car de toute évidence, nous ne nous battons pas dans le même camp ni pour les mêmes intérêts, libre à vous de le contester, libre à nous de le penser, car voyez-vous cela nous arrive aussi de penser ! Plus de deux siècles de régime bourgeois, disons autant sous  domination capitaliste, et ce philistin petit-bourgeois ose sous-entendre que ce ne serait pas assez ?

 

Le réformisme à ceci de commun avec le stalinisme, il ne peut s'empêcher d’exprimer sa haine du prolétariat.

 

Pour conclure, il explique que les militants "anticapitalistes" qui ne partagent pas son engouement électoral pour le candidat du PS et son programme de front populaire, porteront aux yeux des masses la responsabilité de l'échec du candidat prétendant défendre les intérêts des travailleurs. Parce que pour lui, le candidat du PS serait celui des masses. Mais où a-t-il vu jouer cela ? Mais cet échec, nous le souhaitons, nous le revendiquons par avance ! Nous nous plaçons résolument dans le camps de ceux qui refuseront de soutenir le programme de front populaire concocté par le PS, le PCF et leurs alliés.

 

Attendez, il termine en apportant ouvertement son soutien aux institutions de la Ve république.

 

"Alors je crois qu'il faudra reprendre dans le programme de la gauche les éléments les plus favorables aux salariés et se battre pour qu'ils soient appliqués coûte que coûte.", comme au lendemain du 10 mai 1981, où le soi-disant programme anticapitaliste a été enterré du jour au lendemain, en réalité, il n'avait jamais existé. " D'autre part, il faudra contreposer à chaque mesure insatisfaisante (voire négative) que prendrait un gouvernement de gauche les mesures que devrait prendre selon nous un pouvoir au service de ceux qui souffrent.", parce qu’un « gouvernement de gauche » pourrait prendre des mesures contre les travailleurs, non, vous vous moquez de nous monsieur Debord, personne n’osera penser une chose pareille, voyons  ! " Certains rédacteurs de Militant observent que la constitution de la Ve République, rend quasi impossible pour un partir de " tenir " un candidat. C'est effectivement une difficulté. Mais, qu'on prenne comme point de départ le programme du parti ou celui du candidat, la démarche d'interpellation pour le respect des engagements dans ce qu'ils ont de favorables aux salariés est la seule démarche possible. C'est seulement ainsi que nous pourrons progresser, pas à pas, pour que l'alternance, même anti-libérale, cède la place à l'alternative.". Autrement dit, on s'accommodera de la constitution de la Ve République, c'est vrai que d'autres l'ont fait avant vous, on vous fait au moins confiance sur ce point là ! Le PS et le PCF n'ont cessé de bafouer les intérêts des travailleurs, de renier leurs promesses, de trahir leurs engagements, de manipuler la conscience des masses, et il faudrait encore voter pour eux : pas une voix pour leurs candidats !

 

Vous aurez remarqué que lorsqu'il précise qu'"il faudra reprendre dans le programme de la gauche les  éléments les plus favorables aux salariés", cela laisse clairement entendre que ce programme comporte des éléments qui ne sont pas du tout "favorables" aux travailleurs, il en a parfaitement conscience, mais il s'en moque éperdument, puisque qu'il ne partage pas les intérêts des travailleurs.

Nous vous remercions monsieur Debord de nous avoir fait comprendre aussi nettement dans quel camp vous vous situez, au moins nous savons à quoi nous en tenir à propos de votre site Internet intitulé Le Militant : entièrement au service du réformisme, donc du capitalisme.

 

Il existe aujourd'hui un nombre important de comités, forums, clubs, lettres, sites Internet animés par des cadres du PS ou du PCF. Toutes ces structures plus ou moins informelles ont pour raison d'être de regrouper ou d'établir des liens politiques avec des travailleurs et des jeunes qui souhaitent mener le combat politique contre le capitalisme, d'une part, pour tenter de donner une base sociale ouvrière au PS -qu'il n'a plus depuis des décennies, et d'autre part, pour dévoyer leur combat, pour les détourner du marxisme au profit du réformisme et pour les empêcher de rejoindre les rangs des partis, organisations ou groupes qui se réclament du trotskysme.

 

Tardieu Jean-Claude

 

Le 11 juillet 2006