Lutte de classe
Réponse à un courriel d’un ex-militant du PCI
Voici le courriel que ce camarade
m’a adressé, il y a quelques jours :
« Juste 2 remarques à
propos de ton dernier texte :
La bataille pour l'Assemblée
constituante souveraine est totalement liée au mouvement de la Révolution
prolétarienne ( comités élus sur tous les lieux de travail, mandatant leur
élus, centralisée aux niveaux local, départemental, national... )
Ne pas confondre PT, parti large
et non homogène sur toutes les questions et CCI, courant trotskyste avec tout
son programme
Je crois que ta rage anti-PT est
en proportion avec tes illusions
amoureuses initiales pour ce même parti et te fait perdre toute mesure. »
Voici la réponse que je lui ai
adressée :
Pourrais-tu me dire à quel texte
et à quel passage précisément tu fais allusion, je crois avoir trouvé, mais je
préfèrerais avoir confirmation ce qui ne m'empêche pas de te répondre.
Quant à mes illusions initiales
dans ce parti, s'agit-il de 1978 ou de 2001 ?
Je remarque qu'à chaque fois que
tu m'écris c'est pour prendre la défense du PT, donc je me demande pourquoi tu
ne rejoins pas ce parti. J'imagine, si cela arrive, chaque fois que tu as un
désaccord avec le PT, tu leur écris et ils te répondent dans la foulée, non ?
Tous les camarades qui m'ont dit avoir posé un jour une question au PT par
Internet n'ont jamais reçu de réponse malgré plusieurs relances, la paranoïa
fait partie du lourd héritage de la bande dont s'est entourée Lambert, et ceux
qui ne l'étaient pas le sont devenus par la force des choses, disons pour faire
partie ou conserver leur place au sein de l'appareil du PT. J'espère que ce
n'est pas une révélation pour toi, je ne voudrais surtout pas te traumatiser.
Désolé, contrairement à toi, je ne
prends pas la défense du PT, je défends les intérêts qui à mon avis
correspondent à ceux des travailleurs et que le PT foule aux pieds
hypocritement et sournoisement.
D'ailleurs à ce propos, à propos
de la méthode, c'est vrai qu'on a tendance à se laisser aller à exprimer son
accord avec l'un ou l'autre, à partager les positions de tel ou tel leader
politique, c'est à mon avis une erreur,
une déviation que je dois corriger aussi, car je me suis laissé piéger par
cette façon de procéder qui pourrait laisser penser que nous ne sommes pas très
éloignés les uns des autres, qu'on a des désaccords mais qu'on se retrouve sur
un certain nombre de positions, ce qui n'est évidemment pas le cas.
Il faut être clair et ne laisser
planer aucun doute sur nos intentions et nos motivations, sinon comment les
travailleurs pourraient s'y retrouver. On peut très bien exposer clairement
notre opinion sur un sujet sans faire référence à un auteur, à un leader
politique d'un autre parti qui s'est exprimé de la même manière que nous, cela
ne présente aucune difficulté syntaxique.
La tendance actuelle porte à
vouloir justifier ses positions, à les légitimiser, en faisant en permanence
référence à Marx, Engels, Lénine, Trotsky, etc., comme si cela donnait plus de
poids ou d'autorité à nos propos, alors que les travailleurs veulent avant tout
comprendre la situation actuelle, donc qu'on leur explique dans quel monde nous
vivons. Au lieu de cela, on leur parle d'autre chose, on les ballade dans
l'histoire, c'est donc normal qu'ils aient l'impression qu'on ne répond pas à
leurs questions, cela crée automatiquement un malaise, cela démontre tout
simplement qu'on n'est pas sur la même longueur d'onde qu'eux.
Les travailleurs, lorsqu'ils ont
un militant en face d'eux, à la limite, ils s'en foutent de ce que pense un tel
ou un tel, de savoir si ce que vous pensez est conforme au marxisme ou non, ils
veulent savoir ce que vous avez vraiment dans les tripes et rien d'autre, si
vous êtes déterminé à défendre leurs intérêts en toutes circonstances, point.
C'est un sujet qu'on pourrait développer une autre fois.
La question aujourd'hui est-elle
de savoir qu'il a existé un jour un gouvernement ouvrier en 1871 ou de savoir
comment faire pour avancer vers la prise du pouvoir et être capable de le
conserver, ce qu'ont été incapables de faire les Communards (La Commune a duré
72 jours) ?
Je ne dis pas qu'il ne faut plus
parler de La Commune, je dis seulement qu'évoquer La Commune sans mettre
l'accent sur la révolution qui l'a portée et les raisons de son échec, c'est
faire preuve de pédagogie à cent balles, c'est aborder un sujet et s'arrêter en
cours de route, c'est « oublier » l'essentiel. Dans ces conditions,
quel bénéfice pourrait en tirer un travailleur qui aborde la Commune sous un
angle tronqué ?
Le seul aspect positif que je vois
dans cette affaire, c'est que cette commémoration peut permettre aux
travailleurs de prendre davantage confiance en eux-mêmes, de se dire que ce
sera possible à un moment donné de prendre le pouvoir et de constituer un
gouvernement ouvrier, à ceci près qu'on ne leur dit ni comment faire, les
conditions subjectives nécessaires pour y parvenir, ni les erreurs à ne pas
commettre, les illusions qu'il faut commencer à combattre dés maintenant,
notamment sur la possibilité de s'emparer du pouvoir et de le conserver sans
avoir recours à la violence à l'armement du peuple.
C'est comme avec un gosse, quand
tu lui dis de ne pas faire quelque chose, en te limitant à lui dire que ce
n'est pas bien ou dangereux, il ne comprendra pas pourquoi et il sera
automatiquement tenté de le faire quand même. Dans le meilleur des cas, il ne
le fera pas, mais il n'aura rien appris, or il est toujours possible
d'expliquer les choses à un enfant même tout petit, je le dis par expérience,
puisque je n'ai jamais levé la voix ou la main sur ma fille et que je n'ai
jamais rencontré le moindre problème avec elle.
Tout se réduit à cette double
question : avons-nous confiance dans la capacité des masses à comprendre, à
s'organiser et à prendre le pouvoir, et avons-nous confiance en nous-même pour
les guider sur cette voie, oui ou non ?
On conçoit trop souvent le
militantisme comme quelque chose qui n'a rien à voir avec la vie quotidienne.
On n'est plus des hommes, des pères de familles, de simples travailleurs, on se transforme en zombis, on
vit dorénavant sur une autre planète, la planète politique, bourré de théorie
et d'a priori que l'on ne comprend pas forcément ce qui est plutôt malsain.
Comme ce n'est pas le cas des travailleurs, la communication ne peut pas passer
ou très difficilement, la confiance ne peut pas s'établir, c'est normal.
Quant à l'Assemblée constituante,
si j'ai repris ce mot d'ordre, il ne me convient pas, je t'avouerai que je me
demande toujours ce qu'il peut bien représenter pour les travailleurs qui n'ont
pas forcément tous à l'esprit le développement de la lutte des classes au XIXe
siècle, déjà qu'ils ont du mal à relier le présent aux combats de
l'après-guerre, comme on a pu le constater au moment des mouvements sociaux
pour défendre les retraites et la Sécu, notamment, alors l'Assemblée
constituante, cela ne veut absolument rien dire pour eux. Maintenant, il est
vrai qu'il faut bien donner un nom, même provisoire, à l'organisme de
représentation politique que le prolétariat devra se forger. On aurait pu
utiliser l'expression d'Assemblée nationale populaire, mais on va se faire
traiter d'anarchiste ou de maoïste. Il faut encore réfléchir à cette question
très importante.
Chaque fois, il faut que les
travailleurs puissent ce saisir du mot d'ordre qu'on avance, sinon c'est
l'impasse, cela ne sert à rien et on n'avance pas. On peut très bien avoir
raison, mais seul dans son coin, cela ne sert à rien. Il faut toujours garder
cela à l'esprit. Tu remarqueras que je suis aussi critique envers moi-même
qu'envers les autres, pour moi, il n'y a aucune différence, une connerie est
une connerie, et si c'est moi qui la fait, je ne me fais pas de cadeaux, je me traite de con cent fois et j'en ai
honte.
Sous prétexte de pédagogie, en
fait le PT verse dans la démagogie, voilà ce que je me suis rendu compte petit
à petit. Tout est fait sournoisement, malicieusement, évidemment, ils ne sont
pas stupides au point d'étaler leurs véritables motivations. Que la plupart des
militants n'y voient que du feu, c'est l'évidence même, j'ai reçu suffisamment
de mails qui me le prouvent. Maintenant, si on me demande de marcher dans cette
combine, désolé, je ne mange pas de ce pain là.
Quand le PT attaque la LCR dans IO,
par exemple, pendant 3 ou 4 semaines de suite, là, tous les militants du PT
trouvent cela normal, mais dés qu'on attaque le PT, là cela devient anormal,
c'est en tout cas ce que j'ai constaté depuis très longtemps. Rien n'a changé
depuis des décennies de ce côté là. Deux poids deux mesures.
Pour ce qui est de mes « illusions amoureuses » envers le PT, la lutte de classe n'est pas une question de sentiments ou d'émotions.
Quand dans IO, on peut lire à
intervalles réguliers des témoignages de nouveaux militants, de toute évidence
fabriqués, puisqu'ils reprennent à la virgule près ceux qui étaient parus
précédemment, entre nous, cela me fait bien marrer chaque fois tellement c'est
gros. On peut y lire en substance que l'on ne rejoint pas le PT « comme
ça », comme si le PT était un parti différent des autres, en mieux cela va
s'en dire, on se dit que l'intox et la mégalomanie n'a décidément plus de
limite chez les dirigeants du PT. Ce sont eux qui se plaignent en permanence
d'être marginalisés par les médias, de passer pour un parti à part, différent
des autres, et quand un travailleur rejoint le PT, on lui fait dire que le PT
est un parti à part, différent des autres. Ils ne sont pas à une contradiction
près, l'as-tu remarqué ? Il faudrait peut-être à un moment donné arrêter les
conneries, non, on perd son temps avec ce genre de choses que nous savons tous.
Si les dirigeants du PT n'ont pas
réussi à s'attirer la confiance des travailleurs depuis 40 ans, il y a bien une
raison à cela qui sort du cadre de la discussion sur la situation politique,
etc., car cela tient uniquement au
comportement des dirigeants de ce parti, à son langage, à ses méthodes de
fonctionnement, aux types de rapports qu'il entretient avec les travailleurs,
etc., chercher ailleurs une réponse, c'est s'égarer ou refuser de reconnaître
ce qui est l'évidence même. Cela va sans doute te choquer, mais je pense
sincèrement que les dirigeants du PT ont une lourde responsabilité dans la
situation politique, économique et sociale que nous connaissons aujourd'hui, au
même titre que le PS et les staliniens.
J'aurais la « rage »
contre le PT, disons que je déteste me faire baiser, tout simplement, pas toi ?
Je crois que tu n’as pas compris
qu’on ne pouvait pas traiter de la même manière un parti (et sa politique) dont
les dirigeants sont honnêtes et sincères, et un parti où ils ne le sont pas, ce
qui est le cas du PT, comme nous le savons parfaitement.
Lénine dénonçait les discours
démagogiques et mièvres qui manquaient de « fougue », le terme
est de lui (Que faire ?). Et je déteste les salopards qui usent de
moyens pourris pour casser des militants, si c'est ce que tu appelles ma
« rage » ou « perdre toute mesure », je ne fais jamais dans
la demi-mesure, c'est une question de survie, survie politique si tu veux, mais
pas seulement.
Je préfère être enragé que d'être
complice et soumis à la société pourrie dans laquelle nous vivons sous divers
prétextes. Je te remercie du compliment, si c'est cela que tu voulais dire,
mais je ne pense pas que c'était le cas.
Lénine parlait de « salopards »
(Que faire ?), Marx traitait de « merde » certaines
positions de leaders sociaux-démocrates (K. Marx par F. Mehring) , tu ne
voudrais quand même pas que je fasse
comme me le conseillait un de mes vieux potes du PT, « dans la dentelle »,
désolé, chez nous, nous avons été taillés dans la masse ! Tu voudrais que
j'épargne le PT, que je ne dénonce pas toutes ses manipulations, pourquoi ?
Quand un ouvrier s'aventure sur le
terrain habituellement réservé aux intellectuels, il ne s'embarrasse pas de
convenances, d'arrangements ou de compromis préalables pour aborder les choses
et les événements sous un angle plus doux qu'un autre pour ne pas déranger ou
choquer les âmes fragiles qui vivent tranquillement à l'ombre du système comme
c'est le cas des dirigeants du PT et de la plupart de ses cadres...
Tu me dis que l'Assemblée
constituante est liée au mouvement de la révolution prolétarienne, je suis
entièrement d'accord avec toi, mais où as-tu lu cela dans Informations
ouvrières ou la plate forme d'action politique du PT ? C'est extraordinaire, tu
prêtes au PT des intentions ou des positions qui ne figurent nulle part dans le
programme du PT. A quel moment le PT parle-t-il de la révolution indispensable
pour renverse le régime ? Dans La Vérité peut-être, désolé, comme la
très grande majorité des militants et la totalité des travailleurs, je ne lis
pas ce genre de littérature qui se lit à huis clos et je m'en passe très bien,
je me contente de IO et des tracts.
Je pourrais ajouter que plusieurs
structures liées aux PCF ou tendances de ce parti stalinien mettent en avant
aujourd'hui l'Assemblée constituante, Le militant, notamment, la
Nouvelle gauche communiste va jusqu'à dire « Remplaçons-les par un
gouvernement des travailleurs, par les travailleurs et pour les travailleurs. »,
cela suffit-il a prouver quoi que ce soit ? Le PCF serait « réformable »,
il ne serait plus tout à fait stalinien, comme j'ai pu le lire quelque part,
quelle connerie ! Il faut être simple d'esprit pour croire de pareilles
balivernes. Si j'allais au bout de ton raisonnement, j'adhérerais au PCF !
Et bien, c'est exactement la même
chose avec la clique à Gluckstein qui chaque année rend hommage à La Commune de
Paris ou se rend au cimetière de Saint-Mandé pour rendre hommage à Léon Sédov,
le fils de Trotsky, et aux victimes du stalinisme. Cela ne les empêche pas
d'utiliser les mêmes méthodes que les staliniens, ce qui évidemment ne devrait
poser de questions à personne, nous vivons une époque formidable où tout est
normal. Vive la normalisation de la pensée unique !
Pour la petite histoire : ma femme a été opérée du cœur il y a 35 jours, depuis, elle lutte quotidiennement contre la mort, alors que tout devait se passer très bien, et tu sais ce qu'on lui a répondu : mais madame, tout est normal ! Alors, ce genre de discours, je connais, je préfère me taire, je deviendrais vulgaire et violent, je suis excédé. Eh oui, nous vivons dans un monde d'une violence inouïe, en permanence !
Je dénonce l'opportunisme sans
borne du PT. Je vais te donner quelques exemples pour illustrer ma méthode, car
il me semble que tu n'as pas réellement compris où je voulais en venir.
Quand le PSOE a remporté les
élections législatives en mai 2005 (un article dans le site), Zapatero a
déclaré qu'il allait retiré les soldats espagnols présents en Irak. Deux ou
trois jours après dans l'édito d'Informations ouvrières, Gluckstein lui
adressait de vibrantes félicitations allant même jusqu'à l'appeler « camarade »
Zapatero. En page 2, je crois, un article titrait : Une digue a
cédé . Tu parles ! Il se trouve que Zapatero avait dit autre chose
dans la foulée, que Gluckstein a complètement occulté, camouflé aux militants
et lecteurs de son journal, les trompant délibérément de cette manière, tu me
suis ? : Zapatero a expliqué dans la suite de sa déclaration qu'il allait
renforcer le contingent espagnol présent en Afghanistan et qu'il allait tout
mettre en oeuvre pour accélérer l'adoption de la « Constitution »
européenne, ce qu'il a fait avec zèle, tu n'as pas oublié ? A la lumière de ces
faits réels et indiscutables, on peut se poser légitimement des questions, non
?
Comment appelles-tu ce tour de
passe-passe de Gluckstein ? Je te donne ma réponse : une vulgaire manipulation,
une saloperie dans mon jargon de prolétaire borné. Il a utilisé une partie de
la déclaration de Zapatéro et il en a caché le reste aux militants pour pouvoir
saluer la victoire de Zapatéro. Il y en a qui soutienne la social-démocratie comme ils peuvent, cela
t'émeut ?
Les exemples du même genre ne
manquent pas au PT, c'est devenu monnaie courante. Tu ne me crois pas ? Cela te
choque ?
Il y a une semaine environ, le
président bolivien Evo Morales était à Vienne au sommet des pays d'Amérique
Latine et de l'UE, au journal de 18h30 sur TV5 Asie (en fait, France 2 pour les
infos), j'ai entendu Morales dire clairement et très distinctement qu'il allait
"assouplir" dans la pratique les modalités d'application du décret
sur la nationalisation des hydrocarbures, préservant une large partie des
intérêts des multinationales, je ne l'ai lu nulle part, on ne me l'a pas
répété, je l'ai entendu avec mes propres oreilles. L'article page 11 n°742 d'Informations
ouvrières est correct, à ceci près qu'à aucun moment il ne revient sur les
hésitations et les propositions contradictoires d'Evo Morales et de son
gouvernement de front populaire, ce qui laisse à penser qu'il n'en existe pas
et qu'on doit le soutenir sans réserve, ce que fait le PT à travers cet article
en apparence correct. Morales distribue la terre aux paysans, désolé j'attends
d'en savoir plus avant de gueuler : Vive Morales !
On a l'habitude avec le soutien
sans réserve qu'accorde le PT au président-général des forces armées de l'État
bourgeois vénézuélien. Entre nous, pendant des mois on a eu le droit à un
article dans IO sur le Venezuela pratiquement chaque semaine, il a
suffit que je fasse remarquer dans un article que Hugo Chavez avait livré du
pétrole en 2000 au gouvernement équatorien pour briser la grève générale des
employés des raffineries de pétrole, pour que le Venezuela disparaisse des
colonnes de IO, à moins qu'il ne s'agisse d'une coïncidence, c'est
possible, je n'en sais rien. J'avais lu cette info dans un texte d'un groupe de
militants issus du PCI-PT.
Question à cent balles : pourquoi
d'après toi n'y a-t-il eu aucun article dans IO sur les émeutes qui ont duré
près de trois semaines au Népal, les manifestants scandant : Pendons le roi !
Nous voulons une République, le rétablissement de la démocratie ! ; je te pose
la même question concernant la Thaïlande où se sont déroulées des
manifestations quasi quotidiennes, il y a un peu plus d'un mois, qui ont
entraîné la chute du Premier ministre, les manifestants dénonçant la corruption
généralisée qui ronge le pays : et aussi à propos du mouvement engagé au Chili
par les étudiants et les lycéens comparables à ce qui s'est passé en France
avec le CPE, encore plus étrange que IO ait zappé cette information, non
?
Cela ne te frappe pas, tu ne réagis pas, c'est normal d'après toi ? Réfléchis un peu au rôle politique que joue le PT, à sa nature, à sa ligne politique, pense un instant à la situation politique et sociale en France et compare-la à ce qui s'est passé ces derniers mois au Népal, en Thaïlande et au Chili, et tu comprendras pourquoi l'appareil du PT n'avait pas intérêt à en parler. Ce serait trop long de développer ici.
Un mot quand même très bref : au
Népal, la reconquête de la démocratie s'est soldée par le retour et le maintien
de la monarchie constitutionnelle parlementaire, voilà pour la perspective de
ce mot d'ordre ; en Thaïlande, les manifestants ont obtenu la tête du Premier
ministre, alors qu'en France, le PT n'a jamais mis en avant le mot d'ordre :
dehors Chirac-de Villepin-Sarkozy, ni au moment du CPE ni au moment de
l'affaire Clearstream ; au Chili, le Président social-démocrate, Michelle
Bachelet, à peine élu doit affronter un mouvement de fond de la jeunesse qui
dure depuis plus d'un mois « la plus importante manifestation étudiante
jamais vue au Chili » selon Libération, voilà qui n'arrange pas
les choses de Marie-Ségolène Royal qui l'a soutenue pendant sa campagne... et
le PT qui dénonce le PS... tout en l'épargnant chaque fois qu'il le peut...
Voilà, sans avoir besoin de
chercher bien loin, trois exemples qui
démontrent preuves à l'appui de quelle manière le PT traite la lutte de classe,
en camouflant des faits, qui, selon moi, méritaient d'être portés à la
connaissance des militants et des travailleurs, non ?
Quand on ne lit que la littérature
du PT, on est porté à faire crédit à tout ce qu'ils écrivent, mais dès qu'on se
donne la peine ou qu'on a le temps de lire des informations en provenance de
diverse sources, on se rend rapidement compte que le PT bricole la réalité en
triant et en ne retenant que les faits qui les intéressent, disons ceux qui permettent
de justifier leur ligne politique.
Il se trouve que, contrairement à
ce que je pensais, on peut très bien se faire une idée assez proche de la
réalité, pour ne pas dire plus exacte dans certains cas, sans avoir à ouvrir Informations
ouvrières, je pensais le contraire naïvement il y a encore peu de temps, et
dans bien des cas, on a accès à des informations nécessaires pour comprendre la
situation politique qui demeurent totalement ignorées par IO. Comme la
plupart des militants travaillent et n'ont pas le temps de lire autre chose que
IO ou ne le veulent pas, ils se fient à ce qu'ils lisent et c'est un peu
normal, aveuglément, c'est déjà moins normal. Mon travail consiste notamment à
rectifier le tir en incluant les non-dits.
Dans la vie en général, on passe
son temps à se compliquer la vie, à chercher midi à quatorze heures, à faire
compliquer quand on peut faire simple, en réalité, on passe à côté des choses
les plus simples, les plus banales, pour se prendre la tête avec des choses qui
n'en valent pas la peine au regard des efforts qu'elles réclament et des
résultats qu'on obtient.
Il faut tirer les leçons de chaque
expérience dans la vie, et il n'y a pas que des expériences de militants
politiques, désolé.
Quand je bossais en France, j'ai
été viré un certain nombre de fois (même en Inde !), parce que je critiquais la
gestion de l'entreprise qui m'employait. J'expliquais en substance que les
mauvais résultats de l'entreprise ou son manque de compétitivité ne provenait
pas du comportement des salariés, mais du chiffre d'affaires qui n'avait pas
été réalisé ou des erreurs qui avaient été commises par sa direction, qui se
traduisaient par un manque à gagner qui n'était jamais pris en compte et
chiffré, et lorsque je pouvais le traduire avec précision, ce qui était
relativement facile, non seulement on se rendait compte que les salariés
n'étaient nullement en cause, mais que ce manque à gagner aurait pu être éviter
si la direction s'était penchée sérieusement sur les raisons qui avaient
engendré cette situation.
La démarche est la même avec les
non-dits.
J'ai l'impression qu'on vit de plus en plus dans l'immédiateté, les non-dits et les non-faits passent à la trappe, on devrait se contenter de ce qu'on nous dit ou de ce qu'on nous montre, bref on ne devrait pas réfléchir au-delà, cela rejoint le règne arbitraire de la pensée unique ou cela en est déjà une expression. Je suis trop attaché à liberté de penser pour accepter de plier sous ce joug. Libre à chacun de privilégier un aspect particulier de la réalité et de négliger tous les autres, comme chacun est libre de critiquer certains choix, l'essentiel doit consister à favoriser l'élévation de la conscience des masses, on se fout du reste.
Je viens de parodier Marx sans le
vouloir, mais comme je me suis totalement approprié cet état d'esprit, je n'ai
plus besoin de le citer, je le fais ici pour te montrer qu'on peut se passer de
citation tout en étant aussi clair et crédible.
Ce n'est pas de la provocation, je
restitue un ensemble de faits qui sont ignorés par les militants et que le PT
ne prend pas en compte pour des raisons diverses qui sont les siennes. Il n'y a
rien d'étrange dans cette démarche, me semble-t-il, elle serait même plutôt
salutaire, surtout lorsqu'elle permet de démonter certaines manipulations, qui,
elles, sont conçues volontairement, car la rédaction d'Informations
ouvrières est abonnée à toutes les agences de presse, comme tu ne peux pas
l'ignorer. Donc, lorsqu'on est en face d'un « oublie » ou d'une
« omission » de la part de IO qui peut concourir à modifier ou influencer
l'interprétation d'un événement, je suis obligé de dire qu'elle n'est pas le
fait d'un moment d'inattention ou d'une simple erreur de pigiste, mais un fait
conscient et délibéré de la part de la direction du PT.
Maintenant, qu'on accorde plus ou moins d'importance à un fait plutôt qu'à un autre, cela se discute effectivement, les interprétations peuvent varier évidemment, il serait stupide de le nier, mais lorsque systématiquement et délibérément le pendant ou le complément naturel d'un fait est ignoré, on ne peut plus parler de négligence ou d'omission involontaire, mais de manipulations délibérées, qu'on le veuille ou non, cette attitude porte un nom.
« Ne pas confondre PT »
avec le CCI, tu te moques de moi encore une fois ? Si tu avais lu les autres
textes qui figurent dans le site, tu saurais, d'une part, qu'un grand nombre de
militants qui sont au CCI ne partagent pas toutes les analyses et les positions
politiques du CCI, qu'ils y sont même franchement hostiles, pire, ils s'en trouvent même qui détestent
franchement Lénine et Trotsky, d'autre part, j'ai souvent évoqué les militants
qui ne font pas partie de cette tendance et qui manifestent la plus grande
méfiance envers la direction du PT, pour ne pas dire qu'ils n'ont aucune
confiance envers Gluckstein, sa bande et ses méthodes, je me garderais bien ici
de te révéler le contenu des nombreux courriels que j'ai reçus et d'où je tire
ce que je viens d'écrire, sans eux, je n'en aurais jamais rien su.
Les militants du PT n'hésitent pas à me raconter leurs expériences personnelles misérables au sein du PT, je parle de militants qui y sont aujourd'hui encore, de cadres et d'élus du PT. Ils y restent parce qu'il n'existe aucune autre structure où militer et je les comprends parfaitement, ce qui, en passant, prouve que je ne suis pas un « enragé » anti-PT. Je ne pousse pas les militants du PT à quitter leur parti, et de leurs côtés, ils me sont reconnaissants pour le combat que je mène contre la direction de leur parti. Cela peut te surprendre en tant qu'ex-militant du PCI et sympathisant du PT, personnellement, cela ne me choque pas particulièrement qu'ils restent au PT, même si mon objectif est de faire éclater le PT, puisqu'il ne peut pas constituer la base du parti révolutionnaire, ils le savent très bien, car je l'ai déjà écrit à plusieurs reprises.
Pendant qu'on y est, je te ferais
remarquer qu'à la fin du troisième texte que j'avais mis sur le site et qui
traitait de la construction du parti, suite à l'initiative que j'avais lancé en
direction des groupes de militants issus du PCI-PT, je m'adressais aux
militants qui ne savaient pas où s'organiser ou qui se posaient la question de
continuer le combat sans adhérer au PT ou à un de ces groupes, en les appelant
à rejoindre les comités constitués à l'initiative du PT. Cela prouve que je
sais faire preuve de partialité et que je vais jusqu'au bout de mes analyses,
ce qui n'est pas le cas de beaucoup de militants ou de dirigeants qui sont
aveuglés par leurs propres intérêts, leur sacro-sainte vérité, ce qui ne semble
pas être mon cas, tout du moins je l'espère.
Le plus extraordinaire, c'est de
constater que certains militants du PT ont plus confiance en moi qu'en leurs
dirigeants, car lorsqu'ils m'écrivent, ils ne craignent pas que je divulgue le
contenu de leurs courriels et leur identité, parce qu'ils savent quelque part
que je ne le ferai jamais, ce dont je les remercie au passage. J'utilise
parfois le contenu de leurs courriels, mais toujours anonymement, pour qu'ils
ne soient pas exclus du PT.
Tu oses m'écrire de « Ne
pas confondre PT avec le CCI », alors que le PT est le seul
parti en France dont la direction a autoproclamé la constitution de ses
tendances, une première dans l'histoire du mouvement ouvrier international,
même les staliniens n'avaient pas osé le faire, ce qui revient à reconnaître
dans la pratique, que ces tendances n'existent pas, elles sont uniquement le
produit de la volonté des dirigeants du courant communiste internationaliste
qui tolèrent des militants qui ne pensent peut-être pas exactement comme eux
sur des points qu'ils ont jugés insignifiant, peu importe, du moment qu'ils
suivent la direction du PT dans ses grandes lignes et la ferment surtout.
Est-ce que c'est le genre de
mensonge que tu voudrais qu'on colporte au près des nouveaux militants du PT ?
Voilà encore une drôle de manière de voir les choses et que je ne partage pas
du tout.
J'espère avoir répondu à ton
courriel.
Tardieu Jean-Claude
Le 8 juin 2006