Où en
est et où va la direction du P.C.I.
(Stéphane Just, juillet
1984)
Sommaire:
POURQUOI "LA LETTRE D'INFORMATIONS OUVRIÈRES" INTITULÉE
"ITINÉRAIRE"
L'APPLICATION DE "LA LIGNE DE LA DÉMOCRATIE"… À L'INTÉRIEUR
DU P.C.I.
" DES AXIOMES QUI N'ONT PAS BESOIN DE PREUVE
"
D'UN COURANT POLITIQUE À UNE
TENDANCE
FALSIFICATIONS SUR
FALSIFICATIONS
A propos d’un amendement sur la construction du P.C.I. et du
P.O.R.
LAMBERT REJOINT LES POSITIONS D'A.
HEBERT
QUI EST FIDÈLE À LA TRADITION DE LA TENDANCE I.S.L. ET DU
P.C.I.
NOUS COMBATTONS ET COMBATTRONS
Le rapport politique, présenté au Comité pour la Réintégration des exclus dans le P.C.I. et pour son redressement politique et organisationnel établit, sans équivoque, le naufrage électoral du PCI, la faillite de la ligne dite " ligne de la démocratie ", l'échec dans la construction du " parti des travailleurs ". Détail significatif : aux Mureaux, il y a plus d'inscrits au PCI qu'il n'y a eu de voix pour la liste soutenue par le PCI. Quelle autre illustration plus démonstrative faut-il pour prouver, à la fois l'échec politique, et le caractère illusoire, bidon, du recrutement dans le PCI ?
L'analyse des interventions de Daniel Gluckstein à la " Convention " du 29 avril 1984 qui a " élaboré le programme et constitué la liste "pour un parti des travailleurs" et celle du meeting du 6 juin montre qu'à l'évidence, d'oscillations en oscillations, la direction du PCI est passée de l'opportunisme plus ou moins marqué à l'application d'une orientation politique révisionniste. Elle revient à la vieille division entre programme minimum, celui de la démocratie, qui est le "programme" des sections pour un Parti des Travailleurs et programme maximum, celui pour le socialisme, que la direction du PCI garde pour elle et qu'elle sort "les dimanches et les jours de fêtes"et auquel, selon les nécessités du moment, elle fait référence dans tel ou tel meeting.
La campagne pour les élections européennes a exigé une débauche d'efforts militants. Elle a amené un fantastique gaspillage d'argent (500 millions de centimes). Nombre de militants se sont endettés pour couvrir les frais de cette campagne et voilà à quoi tout cela aboutit. Certes, l’infaillible direction du PCI continue imperturbablement à affirmer "plus que jamais l'orientation s'avère juste, le succès est au bout ; s'il y a des faiblesses, elles proviennent d'une mauvaise application, donc des militants". Par contre, nombre de militants s'interrogent, tout en étant bien sûr prudents car la "chasse aux sorcières" se poursuit. Mais il y va de l'acquis que représente le PCI, de la construction du parti révolutionnaire en France et, au-delà, de la reconstruction de la IVe Internationale.
Des réactions limitées, partielles, portant au début sur tel ou tel point ne peuvent manquer de se faire jour. D'autant, et surtout, que l'opération "épuration" a manqué un de ses buts, le principal. Elle a réussi à empêcher que se constitue, à l'intérieur du PCI, à la suite du Congrès et de la campagne pour les élections européennes, une tendance pour son redressement. Mais elle n'a pu liquider le courant politique qui s'est dégagé dans la discussion préparatoire au Congrès. Les exclus se sont regroupés, organisés. Ils ont défini une ligne politique précise. Ils interviennent dans la lutte des classes et ils ont de nombreux contacts avec des militants qui sont restés à l'intérieur du PCI. Inéluctablement, leur influence positive se fait déjà sentir à l'intérieur du PCI et se fera, à l'avenir, encore plus sentir.
La direction du PCI s'est engagée dans un processus d'épuration politique en montant une machination. Elle a exigé que les militants s'inclinent devant cette machination. Mais une force politique s'est organisée pour la défense du trotskysme. La direction du PCI, confrontée à ces actions, doit aller plus loin. Immédiatement après le meeting du 6 juin qui a vu, au lieu du saut qualitatif qu'elle prophétisait, une diminution du nombre de participants par rapport aux meetings antérieurs (tout au plus 4000 sur les 6000 qu'elle annonce), le 9 juin, elle a sorti, sous la forme d'une " Lettre d'Informations ouvrières ", un texte intitulé : "Itinéraire". A première et même seconde lecture, on pourrait croire que ce texte est l'œuvre d'un déficient mental mais, ce qui est plus grave, c’est qu'il est crapuleux. Force est cependant d'y répondre en suivant sa trame car il a, néanmoins, sa raison d'être : par la calomnie et le mensonge, l'affabulation, brouiller les cartes et interdire aux militants de réfléchir.
En démontant ce texte je m'efforcerai, autant qu'il me sera possible, de clarifier les problèmes politiques.
Il ne pouvait en être autrement, le texte commence par un truquage : Stéphane Just, pas plus que des dizaines de militants, n'a décidé de quitter le PCI. Ils en ont été exclus de fait en ayant recours à une de ces roueries, non statutaires, mais en lesquelles Lambert est expert. Ne pas ratifier l'exclusion de Mélusine, C'était "se mettre en-dehors du parti". Ultérieurement d'ailleurs, d'autres impératifs, non contenus dans la résolution que le congrès a votée ont été ajoutés et nombre de militants qui n’ont pas voulu les ratifier, "se sont d'eux-mêmes" mis également "en-dehors du parti"..
Dès la phrase suivante, l'auteur laisse échapper sa bile. Exclus, Stéphane Just et d'autres, dont Mélusine, au lieu de se disperser dans la nature, se sont regroupés. Ils ont affirmé une orientation, un axe d'intervention dans la lutte des classes et en direction des militants du PCI. Là est leur véritable crime. Admirons l'inconsistance du plumitif de service : " Stéphane Just a réuni, à ses dires, 36 de ses partisans ". Si c'est "aux dires" de Stéphane Just ce n'est rien moins que certain. Mais notre Sherlock Holmes a le don de voir à distance et au travers des murailles. A moins que, comme n'importe quel flic de quartier, il ait recours à des indics. Il donne les précisions suivantes : "les 18 de la R.A.T.P., les 12 du secteur Lombart à Lyon - Lombart est la femme de Mélusine - 6 militants de différents secteurs ayant rejoint Stéphane Just dans son entreprise". Donc ce n'est pas "aux dires de Stéphane Just". Ils étaient bien 36 ! Ainsi, les 12 du secteur Lombart (dont le statut politique serait, selon notre auteur, d'être la femme de Mélusine) l'auraient suivie. Ces camarades connaissent pourtant bien Mélusine. Ils ont depuis des années apprécié son activité militante, son comportement politique. Or, précisément ce sont eux qui, dans leur ensemble, suivent politiquement la- femme dont le mari se serait comporté comme un "falsificateur" et dont viendrait tous les maux. Lombart (autrement dit la femme de Mélusine) ne les aurait-elle pas sélectionnés en raison de leur aptitude à falsifier ? Et l'on sait, depuis la fameuse enquête du commissaire Broué, que derrière chaque falsificateur se cache un provocateur de type stalinien. C’est l’évidence même. Notre Sherlock Holmes a laissé passer ce détail qui n'aurait certainement pas échappé à Hercule Poirot.
Donc, l'entreprise de Stéphane Just est vouée à l’échec (c'est écrit par la suite). Elle exige tout de même d'y envoyer un indic, lequel relève les noms, l'appartenance économique et politique et les matricules. Malheureusement il a fait un faux pas. Ils étaient bien 36. Ils l'ont annoncé eux-mêmes dans la résolution. Mais la composition n’était pas celle que donne " La lettre d’I.O. ". Et surtout la suite du rapport n’est pas strictement fidèle, et de beaucoup, à la stricte vérité.
Lambert sait parfaitement que "la dislocation de la IVe Internationale a marqué, continue à marquer, l'histoire du mouvement ouvrier" et singulièrement l'histoire du PCI qui n’a jamais réussi à surmonter, ne serait-ce que du point de vue des cadres et d'une équipe de direction, cette crise. Il sait aussi que "le rôle de Lambert n'est pas indépendant de l'héritage de cette crise ". Compte tenu du lâchage de Bleibtreu et de bien d'autres, de la disparition de Garrive, trotskyste depuis avant la seconde guerre mondiale, Lambert est apparu comme " le chef historique ", le continuateur. Pour le meilleur... et pour le pire, Lambert sait aussi que " son opportunisme (proverbial parmi les anciens militants trotskystes) a permis aux droitiers de prendre le pouvoir dans le PCI " en 1945-1946. Retenons l'aveu.
Par contre, non, "durant 38 ans dans l'œil du cyclone dévastateur S.Just" n'a pas " tout accepté, tout voté ". Il est vrai que, par "raison d'Etat", il en a accepté beaucoup, trop. Notamment sur la façon dont fonctionne et est géré le PCI. Avant l'affaire Berg, qui aurait pu être évitée, après l'affaire Berg dont les racines sont dans le mode de fonctionnement, de gestion, que Lambert imprime au PCI. Berg a été le produit des méthodes de Lambert. Le père politique de Berg, c'est Lambert. Ce sont des problèmes sur lesquels il faudra revenir et dont la solution fait partie du redressement politique et organisationnel du PCI. Une expérience "de 38 ans dans l'œil du cyclone" et son aboutissant, m'en a convaincu : on ne construira pas un authentique parti révolutionnaire avec ce mode de fonctionnement et de gestion.
Pourtant, n'en déplaise au plumitif de service, Stéphane Just n'a pas la même appréciation que Lequenne du rôle de Lambert. Lambert n'a pas été "le principal responsable de tout ce qui s'est passé dans la IVe Internationale (Pablo, SWP, G. Healy, Moreno, etc...)". J'estime que les tendances opportunistes de Lambert ont amené souvent à de graves et dangereuses erreurs. Je constate que les tendances de Lambert au mensonge, au truquage, à échapper à tout contrôle, sur tous les plans, à I’omnipotence, ont aujourd’hui des conséquences catastrophiques. Longtemps, il n'y a pas eu transformation de quantité en qualité. Les erreurs commises (y compris les miennes) ont été, dans l'ensemble, redressées. Ce n’est pas parce qu'il y a aujourd'hui transformation de quantité en qualité qu'il faut nier le rôle déterminant que Lambert a joué au cours de décennies de lutte contre le révisionnisme, pour reconstruire la IVe Internationale et ses apports considérables. Tout n'a pas été blanc ou noir. Pierre Lambert n'est pas le premier militant qui ait, malgré des tendances opportunistes et d'autres tendances, joué pendant un temps plus ou moins long un rôle positif. Mandel, Pablo, d'autres sont de ceux-là. Pierre Frank était de ceux-là. Bleibtreu a été de ceux-là. Jusqu'au jour où leurs faiblesses l'ont emporté sur côtés forts.
Le rédacteur de cette "lettre d'I.O." a sans doute voulu faire immédiatement la preuve que, désormais, le mensonge, le truquage, la falsification sont devenus la règle d'or de Lambert. Il affirme : "Le Bureau Politique précédant le Congrès avait décidé de l'ordre du jour, discuté des schémas de rapport et qu'il aurait constaté l'abstention muette de Just". C'est tout simplement un mensonge. Un tel B.P. (au moins auquel j’aurais été convoqué) ne s'est jamais tenu. Le dernier B.P. auquel j'ai participé, date du 13 avril 1984. A son ordre du jour : la situation politique, le Nicaragua, un rapport de la commission de contrôle sur le cas Maxime. Rien en ce qui concerne le Congrès. Une fois de plus, sans doute, le "Secrétariat" s’est occupé de régler cette ultime "préparation" du Congrès et de désigner ceux qui seraient proposés au Congrès pour constituer "le bureau du Congrès" nouveauté, en soi d'ailleurs juste. J'étais évidemment de trop pour régler un scénario dont l'acte principal était "l'affaire Mélusine", affaire concoctée de longue date dans le secret des dieux.
Pour aboutir où il veut aboutir, le Conan Doyle de sous-préfecture, rédacteur de cette "Lettre d'I.O." procède par affirmations successives qu'il faudrait accepter comme des postulats.
La préparation du Congrès a été démocratique : la preuve ? Tous les articles ont été publiés dans 12 bulletins intérieurs. Hélas, ce n'est pas si simple. La publication des articles de discussion, est une condition nécessaire de la préparation démocratique d'un Congrès. C’est loin d'être une condition suffisante.
On peut noter que bien souvent les B.I. n'étaient pas distribués en temps utile. Beaucoup ont été publiés après que se soient tenues des assemblées électives aux Congrès régionaux. Ce ne sont cependant encore que des broutilles.
Dès que j'ai eu remis mon texte à Lacaze le "Secrétariat" a réuni les membres du Comité Central présents à Paris... sans moi. Je n'ai pas été convoqué. L'objet de cette réunion était la condamnation de mon texte caractérisé de texte se dressant contre la construction du P.C.I.. Un "dispositif" a été mis en place pour lutter " contre Just et sa clique ". Seljouk devait en assurer la direction sous la supervision de Lambert. Tous ceux qui étaient considérés comme pouvant partager ma position ont été recensés. Leur nombre estimé était d'une quarantaine. Ceux qui étaient considérés comme "récupérables" ont été systématiquement visités. Tous les moyens de pressions sur eux, utilisables, ont été utilisés.
La préface de Kostas à l'article de Stéphane Just a donné le ton à cette campagne. Le texte de Lacaze et de Viviers a situé la ligne que la direction suivait à l'encontre de ceux qui n'adopteraient pas son orientation politique. Picaret avait correctement apprécié cette ligne lorsqu'en réponse à Lacaze et Viviers, il écrivait : "C'est un peu consternant. Les camarades Lacaze et Viviers exercent dans notre parti les plus grandes responsabilités. Or, ils se sont mis à deux pour écrire un texte qui, au lieu d'engager la discussion sur le fond des problèmes lance un anathème : " le camarade Just nous propose de tourner le dos et à la construction du parti " titrent-ils leur contribution. Après cela, il est bien évident qu'il n'y a plus qu'à proscrire le texte de Stéphanie Just et... pourquoi pas ? Son auteur ".
C'est ce qui a été effectivement réalisé.
De façon planifiée, la discussion sur les contributions a été bloquée, rendue impossible dans les cellules. Un long programme de discussion des textes votés par le C.C., en les prenant partie après partie a été imposé aux cellules et d'ailleurs abandonné en cours de route car, comme le " Secrétariat " craignait que ce ne soit pas suffisant pour écraser toute véritable discussion, au nom de l'exigence d'accomplir "les tâches" pour la campagne des élections européennes, on a fait "courir" les militants.
Aux assemblées générales, les "opposants" éventuels n'ont pu se faire élire délégués aux congrès régionaux, sauf exception. Des listes de candidats officiels ont été établies préalablement pour empêcher leur élection, là où la direction craignait que l'un d'entre eux soit élu. Ont cependant réussi à se faire déléguer : au Congrès régional de Grenoble : Virgil, Lombart, Amadis, plus Mélusine ; au Congrès de Paris : Picaret et Martial, élus par l'A.G. de la R.A.T.P.
Quelle a été, par ailleurs, l'attitude des dirigeants du parti dans la discussion ? Aucun ne s'est hasardé à aborder de front le fond des problèmes, honnêtement et pour éclairer les militants. Leurs textes, lorsqu'il y en a, parlent d'autre chose : des arrière-pensées supposées, de mon comportement personnel, de mes votes au C.C., s’en tirent par des formules de dérision, etc... ou lorsqu'ils font semblant d'être sérieux c’est comme Luis Favre qui a écrit un article qui est un exemple de "falsification". Les dirigeants du parti n’ont "discuté" qu'oralement et toujours en déformant et en truquant (en falsifiant, selon le petit Robert) les positions de ceux qui manifestaient quelques désaccords avec eux.
Pire encore : ils ont intensifié une campagne souterraine de dénigrement, et ensuite carrément de calomnies contre moi, qui a commencé il y a quatre ans. Alors que Lambert et Moreno s'entendaient comme larrons en foire, je manifestais plus que des réserves sur cette façon de "reconstruire" la IVe Internationale, de la considérer comme quasi reconstruite. L'aboutissement de cette campagne a été la machination montée contre Mélusine en vue, soit d'obtenir ma capitulation, soit de m'exclure. La ligne que dans leur article Lacaze et Viviers avaient tracée aboutissait à ce que Picaret avait prévu.
J'ajouterai un fait intéressant et significatif. Les biens immobiliers du PCI sont officiellement la propriété d'une Société dont les parts appartiennent nominativement aux membres du B.P. du PCI. La majorité des porteurs de parts peut déposséder un des porteurs de parts. Tous les ans, au mois de décembre, les porteurs de parts doivent signer divers papiers. La dernière fois que j'ai signé de tels papiers c'est au mois de décembre 1982. Depuis, Sorel ne m’a plus rien fait signer. C’est clair. Depuis des mois j'étais "dépossédé". La décision était prise de me retirer tout droit de "propriété" sur les biens immobiliers du PCI, sans que jamais personne ne me dise rien, ne m'informe de rien. Voilà un exemple de "démocratie" selon Lambert.
Autre postulat : " Estimant que 8 mn n'étaient pas suffisantes pour lire sa déclaration il (Just) refusait d'intervenir, cherchant par là-même à introduire l'idée d'une brimade à son encontre, d'entacher le débat. Mais Lacaze dans sa réponse devait lire l'intervention de Just (ce dernier l'avait remise au bureau du congrès) en moins de 8 mn. La démonstration était faite, il ne s'agissait que d'un prétexte ".
Quoi qu'en dise l'auteur de "la Lettre d'I.O.", l'expertise n'a pas donné ces résultats. Même en lisant à la vitesse d'une mitrailleuse Lacaze a mis plus de 8 mn pour lire mon intervention. J'avais demandé 15 mn pour une raison très simple : afin de savoir combien de temps il me faudrait pour lire mon intervention, je l'avais enregistrée. Il me fallait 14' 30" exactement, en parlant normalement. La preuve peut encore en être faite. Notre Sherlock Holmes de sous-préfecture doit brouiller les cartes et il n'y a pas de procédé, si lamentable soit-il, qu'il n'utilise.
Citant Eugène Dühring, Friedrich Engels rappelle sa "méthode" : procéder par "axiomes" qui, "d'après la pure logique elle-même, ne sont pas susceptibles de preuves et n'en ont pas besoin". L'auteur de cette "Lettre d'I.O." utilise la bonne vieille méthode d'Eugène Dühring. Selon lui, il suffit de répéter cent fois, mille fois "Mélusine a falsifié deux déclarations de Joëlle Bony"(en réalité, ce n’est pas Joëlle Bony mais Lambert qui les a écrites) et cela devient un " axiome " qui "d'après la pure logique elle-même n'est pas susceptible de preuve et n'en a pas besoin". La preuve vient de la répétition. Le mensonge devient vérité.
"Falsificateur" ne suffisant pas, rapidement Mélusine est devenu un " provocateur " et ensuite un "provocateur de type stalinien". A quand " agent du K.G.B. " ? De fil en aiguille on peut en ajouter sans fin (). Rapidement, ce triste sort n 1 est plus seulement réservé à Mélusine. Dans le style de flic de commissariat de quartier qui est le sien, l'auteur de ce mauvais roman policier, m'englobe dans ce processus.
" Stéphane Just a choisi de se solidariser avec le provocateur " et il est bien connu que qui se solidarise avec un "provocateur" devient lui-même "un provocateur". C.Q.F.D. Je serais responsable de ce que François Olivier écrit dans "Rouge" du 11 mars : " ces péripéties prouvent malheureusement une fois de plus la totale incapacité de mener une discussion démocratique en son sein (au sein du PCI), le désaccord politique se soldant par les exclusions et l'anathème de " provocations staliniennes " à l’égard des exclus. "
Le procédé n'est pas neuf. Staline l'a énormément utilisé en son temps pour calomnier et faire assassiner des centaines de milliers de vieux bolcheviks qualifiés de trotskystes, qu'ils le soient ou non. Les trotskystes dénonçaient et luttaient contre les procès de Moscou, contre l'horrible et sanglante dictature de Staline. Les sociaux-démocrates, les politiciens bourgeois utilisant les crimes de Staline, dénonçaient l'U.R.S.S. Staline y voyait la "preuve" de la collusion entre les trotskystes et les ennemis de l'U.R.S.S.
Lorsque la direction du PCI organise une machination pour réaliser une épuration du PCI, ce ne sont pas les victimes de la machination et des épurations qui sont responsables de ce qu'Olivier peut écrire dans "Rouge" mais la direction du P.C.I.
Rien ne saurait arrêter un bon chien de chasse. Le plumitif de service est sur la piste. Il ne la lâche pas. " Stéphane Just déclare devant le congrès : " je ne connais pas Mélusine, je ne l'ai jamais rencontré " (conforme, répétons-le, à l'enregistrement des débats, procédure adoptée à l'unanimité).
" Nous allons voir qu'il n'en est rien. Moins de trois semaines après le congrès, Just qui déclare ne pas connaître Mélusine, propose ce dernier comme président de la réunion des 36 militants qui le suivent dans son entreprise. Moins de trois semaines après le congrès, Just a trouvé un drapeau Mélusine. À l'évidence, Just avait déjà rencontré Mélusine à Lyon. "
On reste abasourdi d'une telle démonstration. Fasse le ciel que ce type ne soit jamais procureur. Il ferait voler des têtes en "prouvant", rien qu'à-la couleur de ses chaussettes, la "culpabilité de l'accusé". Le fait que je demande, trois semaines après le Congrès, que Mélusine qui vient d'être la victime d'une machination préside la réunion des exclus prouverait "à l'évidence que Just avait déjà rencontré Mélusine". Et de plus " à Lyon ". On demande plus de précisions : Où çà : au Café de la Gare ou chez les femmes de petite vertu ?
Tout de même, le Sherlock Holmes du "Secrétariat" du PCI se rend compte que c'est un peu maigre pour convaincre le docteur Watson. Il reprend sa "démonstration". Dans une lettre au B.P. et aux militants du P.C.I. j'ai cité une note préparatoire à l'intervention que je pouvais être amené à faire au Congrès à propos de " l'affaire Mélusine ", ainsi qu'un mot que Mélusine m'avait adressé, m'informant qu'il avait transmis au C.C. du Parti une mise au point à propos de l'accusation portée contre lui dans son Assemblée générale, accusation selon laquelle il aurait falsifié les déclarations de Joëlle Bony. Je rappelle que dans ma lettre j'ai accusé Lambert d'avoir envoyé son "plombier" de service pour perquisitionner mon bureau fermé à clé. Le "plombier" en question a photocopié, après s'en être emparé, le mot de Mélusine et la note préparatoire à une intervention sur son "cas" et ensuite il a remis ces papiers à leur place. La preuve ? Lambert les a brandis au Congrès pour démontrer que j'étais en correspondance suivie avec Mélusine. Aucun démenti n'est apporté à ma lettre. Dont acte. Lambert n'hésite pas à utiliser les méthodes du Watergate, les méthodes des gangsters politiques.
Dans la note que j'avais préparée, j'ai écrit qu'Arié avait fait élire Mélusine comme délégué au Congrès régional de Grenoble en déclarant qu'il était un militant parfaitement honorable. Notre plumitif pose la question : " Arié l’a fait élire au Congrès. Comment Just est-il au courant avant le Congrès national de cette décision vous qui a été prise dans l'assemblée générale de section ? Comment Just sait-il que Mélusine a été élu, selon lui, par l'intervention d’Arié ? Comment Just a-t-il, avant la discussion, entre les mains des éléments qu'aucun militant hors de ce secteur n’a ? "
Il n'y a aucun mystère et le ton "Quai des Orfèvres" n'y change rien. Parce que des camarades de Lyon m'en avaient informé, de même que le 4 avril, Mélusine m’avait fait parvenir le double de sa mise au point envoyée au C.C. De multiples fois, Lambert, moi, d'autres, recevons des lettres, des envois de militants que nous ne connaissons pas et que nous n'avons jamais vus. Est-ce là " être en contact " ?
J'ajoute que si j'avais été "en contact" avec Mélusine je ne vois pas ce qu'il y aurait eu de condamnable.
Notre auteur n’a toujours rien prouvé. Il n'en formule pas moins des conclusions "décisives" : " Just n'a fait état de cette lettre à aucun moment (il oublie que c'est Just qui a publié le mot que lui avait envoyé Mélusine) pourtant elle est claire : " je ne leur ai pas indiqué que je jugeais nécessaire de t’en envoyer un exemplaire. " Le lien entre les deux était établi et Just au Congrès n’était plus libre de son vote. Il lui faut alors mentir, déformer la vérité, instituer des rapports de clique, puisque ne reposant sur aucun texte commun publiquement déclaré. "
Elémentaire, mon cher Watson.
Non, Stéphane Just n'était lié à rien du tout. Il était totalement libre de son vote. Ni avant, ni pendant, ni après il n'a établi " des rapports de clique ". Et c'est ce que nous allons voir.
Auparavant, il faut encore s'arrêter sur un montage qui n'est pas sans intérêt quant à l'état d'esprit de celui qui l'a construit. " Just s’abstenait d’une part et rencontrait secrètement (sic), de l’autre, des militants pourvu qu’ils professent des idées contraires à la direction. "
Ce n'est plus Conan Doyle mais Michel Zévaco qui inspire notre auteur. Une lourde atmosphère de conspiration nous saisit. Hélas, il n'y a pas matière, même à un mauvais mélodrame. Je n'ai jamais caché que je discutais avec quiconque voulait discuter avec moi. Je l'ai même écrit dans " une mise au point sur une mise au point " qui a été publiée dans le B.I. n° 8. Au Congrès, Lambert a dit que Just ne se gênait pas pour discuter avec qui il voulait, quand il le voulait. Et c'est normal. Le contraire n'est pas normal. Il règne dans le P.C.I. une conception du " centralisme démocratique " que la direction a. imposée et qui n'a rien à voir avec ce qui se passait dans le parti bolchevique. Elle procède directement de son interprétation par les staliniens. Sous prétexte du "respect des structures", il est interdit de discuter politique entre militants n'appartenant pas à la même cellule, aux mêmes organismes. La discussion n'est permise qu'avec les supérieurs hiérarchiques ou dans des instances déterminées. Il est évident qu'une telle conception n'est pas tenable. Et tout le monde sait que tout le monde discute avec tout le monde. On ne peut empêcher des militants de discuter ensemble, même s'ils ne sont pas membres d'une même cellule ou d'une même instance. C'est humain. Mais la susdite conception a I’avantage, aux yeux de la direction, de mettre en accusation, quand il lui convient, n'importe quel militant car tous discutent plus ou moins " en-dehors les structures ". A signaler de plus que, au moins jusqu'à la veille du 28e Congrès, j'étais membre du C.C., du B.P. et du Comité International, au moins en titre.
Revenons au texte. Se souvenant qu'à un Congrès précédent, Arsène avait émis des réserves sur la politique de l'organisation et la possibilité d'atteindre, dans les délais fixés, l'objectif des 10 000 militants, Omar lui a téléphoné. Il lui a demandé ce qu'il pensait des discussions en cours. Crime des crimes ! Les conclusions qu'en tire I’auteur de ce mauvais polar sont sensationnelles :
" Donc (admirons le "donc" qui permet tout) tout militant qui s'était hier ou il y a plusieurs années, abstenu ou opposé à l’orientation de la direction sur une question quelconque était démarché. " Petite merveille de syllogisme. Or ce n'est qu'un début, qu'une transition.
" Depuis quand Just établissait-il le fichier d'opposants potentiels. Depuis combien de années (d'années, pas moins) notait-il tous les militants intervenant de façon contradictoire dans les congrès. S'abstenant de voter " pour " d’une part, de l'autre, Just faisait le décompte exact (ah mais !) de l'activité interne des militants et cela, dans quel but ? N'est-on pas en droit de dire qu'il y a mensonge, duplicité vis-à-vis de la direction, duplicité vis-à-vis du P.C.I. ? " Et voilà pourquoi votre fille est muette. Omar téléphone à un militant qui, dans un congrès précédent, où Omar était également délégué, avait pris une position similaire à la sienne... donc... donc... donc... pour aboutir à la "duplicité" de Just. Heureusement que l'auteur de ce petit montage ne possède pas le pouvoir absolu. En ajoutant quelques "donc" et quelques points d'interrogation, C'était la balle dans la nuque.
Nous ne sommes pas au bout. L'auteur nous invite à poursuivre " la descente en enfer ". ("L'enfer ?). Longtemps Stéphane Just a marqué ses désaccords en se limitant à l'abstention et il n'a pas constitué de tendance. Il fut un temps où Lambert expliquait que je procédais ainsi parce que jetais "un homme politique responsable". J'attendais que l'expérience tranche dans un sens ou dans un autre sans faire d'inutiles remous. En effet, aucun militant responsable ne peut décider d'appeler à la formation d'une tendance à la légère. Constituer une tendance c’est déjà mettre en cause, non seulement l'ensemble de la ligne politique, mais encore la direction comme telle, c'est s'engager sur une voie dont personne ne peut dire jusqu'où 'elle mènera. Or, voter contre l'orientation de façon systématique, c'est appeler de fait à la constitution d’une tendance. Jusqu'à l'extrême limite, j'ai tenté d'éviter cette éventualité. A chaque fois qu'il m'a semblé possible d'amender un texte, je le faisais et je votais ce texte, même si celui-ci comportait des parties qui me semblaient discutables. On peut estimer que cette attitude était politiquement erronée. On ne peut pas sans duplicité parler de "duplicité".
Jusqu'à l'extrême limite du possible, j'ai essayé de maintenir cette position. C'est pourquoi j'ai écrit dans un texte publié dès l'ouverture de la discussion, préparatoire au 28è Congrès :
" On pose la question : mais pourquoi s'abstenir et ne pas opposer texte à texte ? Je voulais marquer ainsi que, si importants que soient mes désaccords, je ne crois pas que ce soit, du moins l'étape actuelle, la bonne méthode. Même si cela paraît extrêmement difficile, il faut essayer de convaincre l'ensemble de l'organisation, y compris sa direction actuelle, de la justesse de mes positions ; à moins que la position des uns des autres évolue et se rapproche ; à moins que je sois moi-même convaincu que j'ai partiellement ou totalement tort. "
Si ce n'est pas là une position responsable, qu'est-ce donc qu'une position responsable ? Assurément pas celle de la direction. Au lien d'engager une discussion responsable, elle a procédé de la façon dont il a été fait mention plus haut et dont les textes de Kostas, de Lacaze, et de Viviers ont été une expression.
A la suite de la publication de mon texte des dizaines de militants m'ont demandé de discuter avec eux. J'ai discuté avec les camarades qui me le demandaient. C'était parfaitement mon droit et je ne m’en suis jamais dissimulé. Certains ont écrit des textes que les B.I. ont publiés. C'est un fait : un courant politique se formait. Ce n'était pas une tendance mais il pouvait être à l'origine d'une tendance. Ce commencement de courant politique se manifestait par des abstentions. Certains sont allés jusqu'à voter contre les textes de Kostas et de Lacaze. Ainsi, à la R.A.T.P., sur 18 votants, 17 ont voté contre ces textes, un seul s'est abstenu.
Le "référent" de service affirme : "Just a opéré un regroupement sans aucun texte politique". Il prend ses lecteurs pour des imbéciles. Il suffit de lire le texte que j'ai écrit pour voir qu'il développe toute une ligne politique, pratiquement une plate-forme politique. On peut être en accord ou en désaccord total ou partiel, mais il faut une singulière mauvaise foi pour le nier après avoir d'ailleurs réuni un C.C. sans me convoquer pour caractériser mon texte et organiser la lutte contre "Just et sa clique".
En termes mesurés je n'ai pas caché ce que je pensais de la ligne suivie par la direction du P.C.I. J'ai écrit :
" Allons plus loin. Le gouvernement de front populaire, d'union de la gauche concentrent ce que sont les fronts populaires, l’union de la gauche. Ne pas mettre en cause, avec toute la souplesse nécessaire, les gouvernements d'union de la gauche, ce n'est pas mettre en cause le front populaire, l'union de la gauche, mais tendre à les " gauchir ", à faire pression sur eux. " (avant dernier paragraphe de la page 25 du B.I. n°2). Or, chacun sait que la direction du PCI identifiait "mettre en cause le gouvernement" et lancer le mot d'ordre de "A bas le gouvernement". N'est-ce pas clair ?
Oui, une contribution peut développer toute une ligne politique. Oui, un courant qui se forme est loin d'être encore une tendance. Ce n'est pas une clique s'il se forme à partir d'une contribution politique qui développe une ligne. Oui, discuter avec des militants à partir d'un texte politique que l'on a écrit est parfaitement normal et, pour ainsi dire, inéluctable. D'autant plus que ces militants s’expriment à leur tour dans le B.I. et qu'ils manifestent en général leur accord. Non seulement "Stéphane Just (ne) refusait (pas) un débat démocratique" mais c'est lui qui l'a engagé dans le bulletin intérieur. C'est la direction qui a mis en œuvre tous les moyens dont elle dispose pour empêcher qu'il ait lieu.
Un courant politique qui se dessine peut, ou disparaître dans le cours ou en conséquence de la discussion, ou s'affirmer et être à l'origine de la constitution ultérieure d'une tendance. Tout dépend du développement de la discussion et ce n'est pas joué à l'avance. En tout cas, même si l'aboutissant est la constitution d'une tendance, au commencement il faut écrire un texte qui développe une ligne politique ou, au moins, l'esquisse. J'espérais que les divergences, aussi profondes soient-elles, se résorberaient. Il n'en a pas été ainsi.
Il faut une bonne dose de culot et d'hypocrisie pour écrire : "En opérant ainsi, comme il l’a fait (en présentant un texte sous forme de contribution) quelle était son intention ? "Je ne fais pas une tendance" dit-il. Il- s'agit donc d'autre chose et cela s’appelle une clique. Stéphane Just se tait au Congrès sur ce point. Une fois sorti, il déclare : "C'est un courant". "
Entre janvier 1984 et la fin avril il s'est passé beaucoup de choses quant à l'engagement politique du P.C.I. La ligne "couverture gauche du Front Populaire", surtout de son aile "réformiste" s'est précisée. La façon dont la direction comprend la discussion à l'intérieur du PCI, en ne répondant pas aux arguments, mais par des mesures d'appareils, en montant une machination et en préparant une épuration est devenue évidente. Il n'était plus possible de s'abstenir. Mais l'auteur de ce mauvais polar n'hésite pas à ajouter d'autres mensonges à ceux dont est rempli son texte. Après avoir cité la résolution politique votée au 28è Congrès, il écrit : "La position de l’organisation sur ce point est claire mais Just s’abstient toujours. " Le B.I., en date du 22 avril 1984, rapporte les votes émis au 28e Congrès. On y lit :
"Rapport sur le parti des 10 000 présenté par le camarade Kostas
Adopté à l'unanimité des délégués
Vote C.C. sortant : unanimité moins 1 contre (S. Just)
"Deuxième rapport préparatoire au XXVIIIe Congrès présenté par le camarade Lacaze
Adopté à l'unanimité des délégués
Vote C.C. sortant : unanimité moins 1 contre (S. Just)
" Résolution générale
Adoptée à l'unanimité des délégués
Vote C.C. sortant : unanimité moins 1 contre (S. Just)
Pour étayer sa thèse, le rédacteur du texte a absolument besoin de faux grossiers. Bien entendu, les votes "Contre" signifiaient que, désormais, j'estimais qu'il faudrait opposer ligne à ligne, c'est-à-dire s'orienter vers la constitution d’une tendance. Le courant politique qui se dessinait avait à se préciser et à se développer pour former une tendance devenue nécessaire et possible. Quant à la formule "une fois sorti" du Congrès, elle est totalement équivoque. Je ne suis pas "sorti du congrès". J'en ai été exclu, ainsi que Lang. Lui et moi avons été sortis du Congrès par la décision de nous exclure. En procédant ainsi qu'elle l'a fait, la direction a monté une machination pour procéder à une épuration du P.C.I. Il ne fallait pas que les abstentionnistes donnent naissance à une tendance. En l'occurrence, la direction du P.C.I. démontrait, comme la preuve en a déjà été administrée dans le passé, dans la lIe Internationale, la IIIe Internationale, la IVe internationale et leurs organisations, qu'en général, l'opportunisme, le révisionnisme se développent à la tête des organisations ouvrières. Très rapidement, ils deviennent liquidateurs. Dès lors, les directions atteintes de ces maux ne souffrent pas que s’instaure une discussion politique honnête et loyale. Du même coup, les conditions de la lutte politique changent. Aucune loyauté n'est plus due à des dirigeants déloyaux.
Chemin faisant, des affirmations perfides sont débitées : " Just manifestait une certaine réserve vis-à-vis du développement de l’organisation, ce qui était son droit : opposition au B.P. sur la mise en place de permanents après 1968, au passage à " Informations ouvrières " hebdomadaire, aux campagnes financières. Oppositions, interrogations toujours orales qui, après discussion, ne se sont jamais cristallisées. " En effet, j'ai vu avec beaucoup de méfiance se développer à vive allure un corps gigantesque, par rapport à ce que l'organisation était et est, de permanents. Beaucoup ne sont, socialement parlant, ni ouvriers, ni intellectuels, ils n'ont aucune expérience personnelle sérieuse de la lutte des classes. Tous vivent dans un monde artificiel qui a peu à voir avec la réalité. Ils sont exposés à devenir rapidement des déracinés sociaux et ils ont peu de chance, surtout depuis que la crise s'aggrave, de se réinsérer socialement. Très rapidement, ils forment une coterie qui a sa façon de vivre et de penser. Chacun d'entre eux a le souci de rester permanent. Ils sont dépendants économiquement et politiquement, ils n'ont aucune autonomie d'action et de pensée. Pour se donner une justification vis-à-vis d'eux-mêmes et des autres, ils se décernent le titre de "révolutionnaire professionnel". Sur une trentaine de participants au C.C., 24 ou 25 sont ce type de permanents.
C'est cet appareil qui contrôle le P.C.I. et qui échappe à tout contrôle du parti comme tel. Le contrôle se fait par le haut. Ils se comportent en "petits chefs" dont l'arrogance devant les militants n'est dépassée que par leur platitude politique par rapport à Lambert.
Là est la source de l'unanimisme du C.C. et dans le P.C.I. Mais là aussi est le secret du rôle que Berg a joué et de comment il a pu le jouer. En comptant les permanents techniques, il doit y avoir vraisemblablement une centaine de permanents, sans compteur les permanents syndicaux qui sont membres du P.C.I. Or, l'organisation doit compter en réalité de 3 à 3 500 militants effectifs. La proportion est considérable, surtout quand on sait que les finances du P.C.I. ne sont soumises à aucun contrôle réel : ni de l'organisation dans son ensemble, ni du C.C. et pas même du B.P.
J'avais raison d'être réticent à la constitution de ce corps de permanents. Il faut me reprocher autre chose : d’avoir, néanmoins, laissé faire. En ce sens, je porte une part de responsabilité dans les rapports qui existent actuellement dans le P.C.I. Il faudra qu'un jour je m'en explique en détail.
Quant à l'affirmation concernant I.O., Ies faits sont déformés. J'estimais qu'il fallait un plan d'ensemble des publications de l'organisation qui inclue, notamment, la publication régulière de " La Vérité ".
L'affirmation selon laquelle j'aurais dit au début de la guerre entre l'Iran et l'Irak " La guerre Irak-Iran n’est pas une guerre, elle sera finie dans 15 jours. C’est une guerre-éclair " est une pure et simple invention. Non moins mensongère est celle selon laquelle j'aurais dit que : " l’Europe allait damer le pion aux U.S.A. ". On peut et on doit vérifier. Dans l'amendement n°6 que j'ai présenté au texte voté par le Conseil Général de la IVe Internationale (CIR), on lit : " il est inévitable que la crise générale du système impérialiste ait des conséquences particulièrement dures en Europe et, finalement, remettent en cause le relèvement et la reconstruction d’après-guerre. Dans la guerre économique qui oppose désormais les U.S.A., le japon et les différents capitalismes européens, le capitalisme d’Europe apparaît nécessairement comme la partie la plus faible, précisément parce qu’il n’existe pas de capitalisme européen et qu’il ne peut s’en constituer un. Le capitalisme reste prisonnier de ses origines et des vieux cadres historiques. En même temps, la dépendance des capitalismes européens, par rapport au marché européen et au marché mondial, s’est multipliée depuis la fin de la guerre.
" Ce n'est pas assez que de parler du déclin de l'Europe. Le pourrissement du mode de production capitaliste, masqué pendant plusieurs décennies par la conjoncture économique évoquée plus haut, s’est poursuivi. Son ampleur et sa profondeur se manifestent d'autant plus que chaque puissance capitaliste d'Europe entrante conflit avec toutes les autres, que lassé que chaque puissance capitaliste d'Europe se heurte désormais, pour son propre compte, à des rivaux autrement plus puissants que sont le capitalisme des U.S.A. et le capitalisme du Japon. La seule logique économique (qui ne peut cependant être isolée des rapports politiques et sociaux) conduit à un nouvel effondrement du capitalisme en Europe et dans chaque pays d'Europe pris en particulier. "
Peut-on imaginer plus impudent mensonge, plus impudente falsification ? Et ces gens s'érigent en juges de Mélusine. Ils lui imputent une falsification qu'il n’a nullement commise. Alors que les falsifications politiques, ce sont les déclarations qu'ils ont fait faire à Joëlle Bony. Ils ne cessent de mentir, de truquer, de falsifier Les ennemis du P.C.I. sont à sa direction actuelle.
Les preuves de leur truquage se succèdent. L'auteur poursuit. Il cite un des amendements que j'ai présenté au Conseil Général d'avril 1984 et il conclut : " cet amendement constituait en soi un exemple rare de duplicité politique. Toutes les réserves de S. Just traduites en abstentions à répétition ont porté sur l'objectif d'un parti de 10.000 jugé utopique et désarmant. Et soudain, voilà qu’il se découvre un farouche défenseur de cet objectif, à condition qu'il soit opposé au combat pour le parti des travailleurs, en d'autres termes, que le PCI soit présenté comme contradictoire à la volonté de constituer un parti des travailleurs qui ne soit ni le PS, ni le PCF et que le parti des travailleurs soit compris comme la liquidation de l'organisation trotskyste.
" La duplicité politique joue ici à un double niveau. La défense du " PCI des 10.000 " est une manœuvre démagogique sans cohérence avec le reste des positions développées par Just. Mais de plus, il lui faut définir la politique du PCI dans des termes qui sont contradictoires avec la réalité, à savoir présenter la lutte pour un parti des travailleurs comme un substitut à la construction du PCI.
" Le résultat, c'est l'abandon de toute compréhension dialectique de la construction du parti révolutionnaire au profit d'une alternative formelle dont les deux termes opposés sont PCI ou parti des travailleurs. C'est, corollairement, la mise en avant comme " solution " de ce que précisément Just dénonce par ailleurs comme la liquidation du PCI, à savoir la construction d'un parti centriste cristallisé sur un " programme révolutionnaire minimum ". La rhétorique (" parti ouvrier révolutionnaire pour le socialisme ") ne peut, en effet, masquer que ce dont il s'agit, c'est de constituer un parti d'ores et déjà soudé sur un programme qui n'est pas le programme de la IVe internationale.
" Voilà le premier point de chute de Stéphane Just.
Il n'y a aucune duplicité. Voilà comment je posais la question du " parti des 10.000 " dans mon texte que le B.I. n°2 a publié :
" Je ne suis pas très sûr que le " parti des 10.000 " soit " le parti révolutionnaire " et qu’il soit prouvé a priori que " toutes les conditions sont réunies " pour le construire mais je pense que la deuxième façon d'aborder la question est la bonne. " C'est en agissant sur l'objectif de la construction du parti révolutionnaire dans des délais rapides que nous nous armerons pour aborder les nouveaux problèmes que soulèvera la crise révolutionnaire " même si nous ne parvenions pas à le construire avant la crise révolutionnaire. " (les passages entre guillemets sont des citations du texte de Kostas).
Plus loin :
" Pour que " le parti des 10.000 " soit le parti révolutionnaire (bien qu'il ne s'agisse pas du parti dirigeant de la classe ouvrière), il faudrait qu'il soit un parti ayant de profondes racines dans des secteurs décisifs que la classe ouvrière et être 10.000 ne donne pas obligatoirement ces racines. Mais enfin acceptons qu'il y ait identité : Parti des 10.000 = parti révolutionnaire. "
C'est ainsi que l'amendement présenté au conseil général comprend " le PCI des 10.000 " : " En France nous restons sur l'orientation de la construction du PCI comme parti qui, s'il ne sera pas à court terme le parti révolutionnaire dirigeant, peut jouer un rôle national dans la lutte des classes (c'est la signification du parti des 10.000 dans les plus courts délais). "
Où y a-t-il contradiction et duplicité ? Nulle part. Une fois de plus, il y a tentative de brouiller les cartes. J'explique aussi dans mon texte :
" L’expérience m'a amené à dire souvent : je suis d'accord, les possibilités de construire le parti révolutionnaire se dégagent mais l'expérience nous a appris que sa construction ne peut être rigoureusement planifiée dans le temps comme avec un ordinateur. Il y a trop d'inconnues que nous ne maîtrisons pas, objectives et subjectives. Est-ce en un an, en deux, en trois ? Nous ne pouvons l'affirmer. Nos plans doivent être des plans d’orientation et être rectifiables. "
Je ne me suis pas élevé contre l'objectif de la construction du parti révolutionnaire "dans les plus courts délais" mais contre les plans farfelus, subjectivistes, jamais réalisés et pourtant à chaque fois renouvelés. Petite nuance. Mais comment demander à ce médiocre falsificateur de respecter les nuances ?
Quant au "2e niveau", c'est l'évidence : " en France, à l'étape actuelle un nouveau parti ouvrier ne peut être un acquis, une transition vers le parti de la IVe internationale, que s'il affirme que c'est la seule voie (celle qui mène au socialisme par la révolution prolétarienne) et s'il fait sien un programme d'action axé sur " on ne peut rien résoudre si on craint de s'engager sur la voie qui mène au socialisme ". "
En d’autres termes : " un parti ouvrier révolutionnaire pour le socialisme, un parti qui se prononce inconditionnellement pour le renversement de la Ve république par la classe ouvrière, les masses populaires et les partis de la classe ouvrière et qui combat pour la république ouvrière et socialiste. "
L'épouvantail du "programme minimum révolutionnaire" est d'abord une falsification. Ni moi, ni les camarades membres du Comité que nous avons constitué, n'ont jamais parlé de " programme minimum révolutionnaire ". Prouvant, une fois de plus qu'il est un faussaire et un escroc, le rédacteur de cette "Lettre d'I.O." met ce membre de phrase entre guillemets comme s'il s'agissait d'une citation. De plus, c'est un épouvantail à moineaux. Un programme d'action n'a pas à englober la totalité du programme de la IVe internationale, Trotsky, lui-même, a tracé en 1934 les grandes lignes d'un tel programme. Par contre, il n'a jamais proposé un "programme" sur "la ligne de, la démocratie" dont l'objectif serait le retour à la démocratie parlementaire. Trotsky l'explique. Un programme d'action est forcément incomplet. Il n'est pas pour autant un programme minimum dans la mesure où, en son centre, est la mobilisation des masses pour prendre le pouvoir, pour un gouvernement Ouvrier et Paysan, pour exproprier le capital, pour détruire l'Etat bourgeois et commencer à construire l'Etat ouvrier. Par nature, le programme de transition doit être projeté sous forme de programme d'action correspondant aux conditions concrètes de la lutte des classes dans chaque pays, à chaque moment donné.
Le mot d'ordre "un parti ouvrier révolutionnaire pour le socialisme" est un mot d'ordre de transition. Il a un caractère algébrique. Il peut aussi bien permettre une transition que la construction directe du parti de la IVe Internationale. Lambert a souvent eu la fâcheuse tendance à confondre la dialectique et les combinaisons les plus éclectiques et incohérentes. Il confond la dialectique et la salade, voire les salades. Sous prétexte de ne pas constituer un parti centriste, il propose de construire "un parti des travailleurs" "sans programme". En conséquence, un tel parti ne propose aucune solution économique et politique à la crise de la société bourgeoise, Les revendications mises en avant, pour justes qu'elles soient, ne permettent en rien à la classe ouvrière de résoudre, à sa façon, la crise économique et politique en posant et en résolvant la question du pouvoir.
Or, c'est l'essentiel. Les revendications de la classe ouvrière, de la jeunesse, des masses populaires, peuvent et doivent être satisfaites parce que la responsabilité de la crise incombe au capitalisme et que la solution positive qui peut être donnée à cette crise est la solution ouvrière, par l'expropriation du capital, la planification de la production sous contrôle ouvrier, ce qui exige un gouvernement ouvrier et paysan, la démocratie ouvrière, ce qui exige de s'engager sur la voie qui mène au socialisme. Avancer le mot d'ordre d'un "Parti ouvrier révolutionnaire combattant pour le socialisme" sur cette base, c'est traduire en termes pratiques, d'action politique immédiate, le programme de transition.
Vouloir construire un Parti des travailleurs, sans programme, c'est vouloir constituer un regroupement hétérogène et sans principe. Bien sûr, si un parti ouvrier révolutionnaire se construisait en tant que parti transitoire vers le parti de la IVe Internationale, d'autres problèmes seraient soulevés, notamment celui de l'Internationale. Il faudrait y répondre dans le cours du développement du Parti ouvrier révolutionnaire. La conception du Parti des Travailleurs, telle qu'elle est exposée, est au mieux une conception manœuvrière : les trotskystes ont à distiller goutte à goutte leur programme que les autres devraient ingurgiter petit morceau après petit morceau (une cuillerée pour papa, une cuillerée pour maman, etc..). A la vérité le Parti des Travailleurs devrait avoir un programme minimum, celui de "la démocratie" ; les trotskystes garderaient par-devers eux le programme pour le socialisme qui, du coup, deviendrait un programme maximum utilisé " les dimanches et les jours de fête ", objet de discours, le cas échéant, en certains meetings. La conception que Lambert a du Parti des travailleurs confond une fois de plus salade, combinazione et dialectique. La conception d'un Parti ouvrier révolutionnaire, combattant pour le socialisme, sur la base d'un programme d'action est un mot d'ordre de transition de caractère algébrique. Il exprime la conception dialectique de la construction du parti, de la IVe Internationale.
Nous n’avons encore que "goûté" aux hors d'œuvre. L'inquisiteur rédacteur de cette "Lettre d’I.O." suggère fortement, sans toutefois le dire expressément que je suis au service de la LCR et du stalinisme. Nous l'avons vu, la L.C.R. tenterait d'utiliser mon exclusion et celle de nombreux militants du P.C.I. J’en serais responsable. Ce n'est qu'un premier pas. Continuons à suivre notre agent de Scotland Yard. Il paraît que les étudiants staliniens ont écrit :
" Joël Bonne Maison, responsable nantais du Front national, patronne cette opération (la construction du Parti des Travailleurs).
" L’extrême droite la plus ultra à ce journal, en témoignent les signatures de J.F. Chiappe (FN) et Jean Silve, exclus en 1982 du Front national pour extrémisme.
" Parmi tout ce beau monde, Alexandre Hébert, secrétaire général de l’U.D.-F.O. de Loire-Atlantique, est également membre éminent du comité central du P.C.I.
" En novembre 1979, lorsque Bonne Maison (FN) sera inquiété pour malversation à l’ASSEDIC, il sera défendu mordicus par Hébert et par son groupuscule. Il trouvera écho dans IO n°925 de sa campagne. "
Que dire de ce petit poulet ? Il est cuit selon la méthode, ultra classique de l'amalgame d'éléments invérifiables chère aux staliniens. Qui sont Joël Bonne Maison, J.F. Chiappe et Jean Silve ? Je l'ignore. Par contre, Alexandre Hébert est bien connu, je le connais bien. Mais quel est le statut politique d'Alexandre Hébert ? Il est difficile de le savoir. Est-il ou non membre du PCI ? Les pratiques politiques de Lambert permettent à certains de le prétendre. Avec des suppositions on peut échafauder n'importe quel procès. La vérité est que Lambert, si exigeant vis-à-vis des militants quant au fonctionnement de l'organisation et au respect de ses frontières, ne connaît lui, ni frontières, ni règles de fonctionnement. Grâce à lui beaucoup de gens qui ne sont pas du PCI en savent plus sur le parti que beaucoup de membres du C.C. et même du B.P. Lorsqu'il parle à certains de ses amis Lambert est souvent très bavard. Et il leur parle d'autant plus facilement que les circonstances agréables de certaines rencontres, c’est connu, sont propres à délier la langue, sinon l'élocution. De même, il est capable d'inviter à n'importe quelle réunion intérieure du PCI, et même au C.C., n'importe qui s'il le juge bon. Une chose est certaine : ses relations personnelles et politiques avec Alexandre Hébert sont patentes et étroites. Il ne s'en cache pas. De là, à ce que nombre de milieux, dont les staliniens, affirment qu'Alexandre Hébert est membre du P.C.I., il n'y a qu'un pas.
Alexandre Hébert est un militant de l'appareil de la Confédération FO. Il fonctionne comme un membre de cet appareil en utilisant la couverture commode de l'anarcho-syndicalisme, idéologie indéfinie et inconsistante qui permet tout et n'importe quoi. Alexandre Hébert ne s'embarrasse pas de considérations théoriques. Il lui arrive certaines fois de prendre des positions très positives... et d'autre fois des positions ahurissantes.
Mais dans cette " Lettre d'I.O. ", le nom d'Alexandre Hébert est introduit afin de faire diversion. Quoi que prétende le Saint-Esprit, lorsque l'on parle du fils on n'évoque pas nécessairement le père. En post-scriptum, la résolution des 36 a posé une question précise : " Est-il vrai que, ainsi que "Rouge" le prétend, Patrick Hébert, membre du C.C. du P.C.I. ait été élu président de la Caisse Maladie de la Sécurité Sociale de Nantes avec les voix du C.N.P.F. " ? La résolution affirme que " si c'était vrai, Patrick Hébert devrait être exclu du PCI. " Qu'il reste membre du C.C. du PCI, s'il est vrai, qu'il a été élu président de la Caisse Maladie de Nantes grâce aux voix du C.N.P.F., cela donnerait toute sa signification à la vague d'épurations en cours dans le PCI. C'est à cette question qu'il aurait fallu et qu'il faut répondre.
L'auteur de cette "Lettre d'I.O." a décidément beaucoup appris des staliniens. En particulier, l'art de l'amalgame et de la diversion. Il cite ces derniers et m’attribue l'origine de ce qu’ils prétendent, dans le but de jouer sur les noms entre le père et le fils, et d'opérer une diversion. Ce type est vraiment une canaille. Après de pareils exploits ce n'est plus que péché véniel de tenter de mettre en opposition les positions que je défends aujourd'hui et celles que j'ai défendues contre Moreno, un des autres amis, mais celui-là d'un moment, de Lambert, autre caudillo, produit de la crise de la IVe Internationale, lorsqu'il s’est brusquement retourné pour attaquer ouvertement l'O.C.I. et qu'il a rompu la chaleureuse amitié qui l’unissait à Lambert.
Contre cette attaque de Moreno j'ai défendu inconditionnellement l'O.C.I., tout en étant conscient des oscillations de la politique que la direction lui imprimait. Je crois avoir eu raison. Cependant, reprenons d'après la citation qu'en fait cette "Lettre d’I.O." ce que j'ai dit alors :
" Aucun parti, aucune organisation se réclamant des seuls intérêts des masses laborieuses et de la jeunesse ne devrait refuser de réaliser l’unité pour les revendications pour lesquelles l’OCI(U) combat. Camarades, c’est la forme concrète de la rupture avec la bourgeoisie… C’est l’esquisse – rien que simplement l’esquisse – d’un programme d’ensemble de combat contre le capital et son Etat pour un gouvernement sans ministre capitaliste. "
En évoquant " les revendications pour lesquelles l’OCI(U) combat et l’esquisse – simplement l’esquisse – d’un programme d’ensemble de combat contre le capital et son Etat " je faisais allusion à la déclaration du C.C. de septembre 1981 intitulée : "on ne peut rien résoudre si l'on craint de s'engager sur la voie qui mène au socialisme". Et même j'indiquais qu'il fallait, non seulement une esquisse de programme mais un programme... d'action.
Contre Moreno j'ai également expliqué : " la dénonciation qu'est-ce que c'est, c’est faire éclater la contradiction entre les aspirations des masses et ce que représente le gouvernement ".
En décembre 1981, pas plus que maintenant d'ailleurs, il ne s'agissait de dénoncer hystériquement le gouvernement de Front Populaire. Il fallait cependant déjà "faire éclater la contradiction entre les aspirations des masses et ce gouvernement", c'est-à-dire qu'il fallait aider les masses à réaliser que ce gouvernement n'était pas "leur gouvernement" mais celui de la bourgeoisie et non lui adresser (à ce gouvernement) des suppliques.
La direction du P.C.I. a multiplié les oscillations. Elle est passée à une politique franchement opportuniste qui maintenant est devenue carrément révisionniste. Je suis resté, quant à moi, sur la ligne que j'ai défendue contre Moreno.
Depuis lors, deux ans et demi ont passé. La mise en cause du gouvernement doit être beaucoup plus ouverte et directe. L’ouverture d'une perspective politique contre ce gouvernement est devenue indispensable. Que la majorité de députés PS, PCF décide : l'assemblée nationale et souveraine, le gouvernement émane d’elle et répond devant elle et applique une politique anti-capitaliste. Mais la majorité de députés PS, PCF à l'assemblée nationale couvre le gouvernement Mitterrand-Mauroy-Fitermann-Crépeau. Pour que la classe ouvrière, les masses populaires puissent imposer leurs revendications, leur volonté, il faut réunir les conditions d'une manifestation d'un million à l'assemblée nationale donnant tout son sens aux mouvements que la classe ouvrière peut engager (grèves ou même grève générale). Il faut un programme d'action intégrant les revendications, l'expropriation du capital, le contrôle ouvrier, le gouvernement ouvrier et paysan.
Tissu de faux, de falsifications, tentatives de maquillages, le texte du porte-plume de Lambert ne pouvait néanmoins éviter de montrer où le bât blesse : les relations privilégiées de la direction du PCI et avec le bureau confédéral de FO. Nul ne peut les ignorer tellement elles sont manifestes. Aux yeux de tous, et notamment de la presse, c'est en compagnie des membres du bureau confédéral que Lambert arrosait joyeusement et copieusement la victoire électorale de FO aux élections à la sécurité sociale.
Lambert a théorisé les rapports privilégiés entre la direction du PCI - très personnellement Lambert - et le bureau confédéral FO. Il a découvert que le vote pour la centrale FO participait du regroupement de la classe ouvrière sur un nouvel axe (voir la résolution votée l'unanimité moins une voix (la mienne) au C.C. du PCI de novembre 1983). Que la position en retrait et critique, par rapport au gouvernement, de FO ait été la raison de sa victoire électorale est évident. En portant massivement ses voix sur le PS en mai-juin 1981, la classe ouvrière a voté pour le parti qui lui semblait vouloir chasser Giscard. En octobre 1983, une grande masse de travailleurs a voté contre la politique du gouvernement Mitterrand-Mauroy-Fitermann-Crépeau et contre ce gouvernement, en votant pour la centrale la plus critique vis-à-vis d’eux. La direction du PCI a continué à dire : il ne faut pas mettre en cause ce gouvernement, les travailleurs le reconnaissent toujours comme " leur gouvernement ".
En votant pour F.O., les travailleurs ne se regroupaient pas sur un nouvel axe, pas plus qu'ils ne se regroupaient sur un nouvel axe au sens que nous, trotskystes, attribuons à ces termes, c'est-à-dire la reconstruction du mouvement ouvrier sur l'axe de la révolution prolétarienne, en votant en mai-juin 81 pour le P.S. Pas plus F.O., que la C.G.T., que la F.E.N. ne sont des organisations qui peuvent, telles qu'elles sont, basculer du côté de la révolution prolétarienne. Tout comme l'appareil du P.S., l'appareil de F.O. se proclame lui-même ouvertement opposé, contre la révolution prolétarienne. Ceux du P.C.F., de la C.G.T., de la F.E.N. ne se proclament pas contre la révolution. Ils n'en sont pas moins des appareils contre-révolutionnaires autant que ceux du P.S. et de F.O. Le regroupement, de la classe ouvrière sur un nouvel axe passe par la destruction des appareils qui, ouvertement ou non, sont contre-révolutionnaires. Léon Trotsky et l'expérience pratique nous l'ont appris. De ce point de vue, il n'y a aucune raison d'attribuer à l'un ou à l'autre un signe plus ou un signe moins. Chaque appareil joue le rôle qui est le sien, à la place qui est la sienne.
L'idéalisation de F.O. se traduit par une politique d'adaptation à sa direction. C'est un fait : il n'y a jamais dans "I.O." de critique de la politique de la direction confédérale de F.O. et, en particulier, de celle que son secrétaire général, A. Bergeron, exprime. Et pourtant il ne s’est pas gêné pour dire, par exemple, que le plan de licenciement chez Talbot, mis au point par le gouvernement, devait être appliqué. En règle générale, s'il met en garde le gouvernement, c'est parce qu'il redoute que la politique de celui-ci provoque une explosion sociale (formule que reprend, en la modifiant à peine, " I.O. "). Il dit ouvertement que le gouvernement devrait être plus prudent et souple dans l'application de sa politique. La direction de FO n'apprécie surtout pas que le gouvernement actuel comprenne des ministres, membres du PCF. Comme toutes les autres centrales syndicales, FO, après un simulacre d'action, a laissé le champ libre au gouvernement pour appliquer sa politique salariale et dans tous les domaines. L’opposition de FO à la politique du gouvernement est purement formelle.
L'adaptation à la politique du bureau confédéral FO a pris une dimension particulière dans l'enseignement. En accord avec le bureau confédéral, la direction du PCI a mandaté les trotskystes pour construire des syndicats FO dans tous les secteurs de l'enseignement. À ce propos, un autre faux délibéré du rédacteur de cette " lettre d'informations ouvrières " doit être signalé. Il écrit :
" Indiquons que sur le passage du SNES à FO, S. Just ne s’est pas abstenu sur le passage à FO. Mais bien sûr, il soutiendra ceux qui sont contre. "
Je me suis abstenu sur la résolution du C.C. du PCI qui a décidé du passage des militants du PCI du SNES à FO. J'ai déposé plusieurs amendements à la résolution. Ils insistaient notamment sur le caractère syndical que conserve la FEN et, surtout, conditionnaient le passage à FO à l'engagement d'une bataille véritable dans le SNES pour faire reculer la direction stalinienne sur les sanctions dont elle avait frappé quelques militants et c'est seulement au cas où ces sanctions n'auraient pas été rapportées que pourrait être décidé le passage à FO. Lambert a alors carrément expliqué que ces amendements étaient contradictoires à l’ensemble de la résolution. Selon lui, sanctions ou pas, il fallait que les militants du PCI passent à FO, en raison du rôle nouveau que cette centrale jouait dans la lutte des classes et de ce que la FEN était devenue la courroie de transmission de la politique du gouvernement de front populaire.
Lambert rejoignait, par ce biais, une position qui - tous ceux qui ont eu l'occasion d'en discuter avec lui le savent - a toujours été celle d'Alexandre Hébert. Il était pour la scission en 1948, y compris des syndicats d’enseignants. Il considère la FEN comme n’étant pas vraiment lune organisation syndicale parce qu’autonome et non membre d'une centrale confédérale. Ce qui ne prouve pas qu’A. Hébert est du PCI mais que le PCI s'est aligné sur des positions qu'il avait jusqu'alors rejetées.
N'en déplaise au rédacteur de cette "Lettre d'I.O.", le camarade Ribes a parfaitement raison : la F.E.N., pas plus que F.O., que la C.G.T. ne peuvent être réduites au rôle de simple courroie de transmission de la politique de front populaire. C'est une organisation syndicale contrôlée par un appareil contre-révolutionnaire. N'en déplaise encore à notre auteur, il est parfaitement exact que le Bureau Confédéral F.O. reconnaît la légitimité de l'enseignement privé. Ce n’est pas une position conforme à la revendication démocratique de la séparation de l'Église et de l'Etat qui implique une seule école, l'école publique dispensant un enseignement rationnel et scientifique (patrons et curés hors de l'école, pas un centime à l'enseignement privé, pas d'enseignement privé). N'en déplaise au rédacteur de "La lettre d'I.O." la position du bureau confédéral de F.O. est une position qui, par rapport aux "laïcs" bourgeois, de l'époque révolutionnaire n’est pas même un quart laïque. F.O. ne fait rien, sauf de vagues déclarations pour défendre son peu de laïcité. Il s'agit d'une pure et simple couverture, et encore pleine de trous, élimée et transparente.
Jean Ribes a écrit : " L'attitude des dirigeants FO sur la question scolaire, sous des formes qui lui sont propres, est en contradiction totale avec une orientation de front unique pour la défense de la laïcité, ce front unique dont l'unité organique de la FEN peut constituer à la fois un facteur déterminant, une composante et une image pour tout le mouvement ouvrier. "
Le plumitif de service cite ce passage d'une déclaration que Jean Ribes a faite au S.N.P.E.N. Le mensonge et la falsification étant devenus chez lui une seconde nature, il l’interprète ainsi :
" Lorsque l'on connaît la politique actuelle de la FEN, chacun appréciera où mène l'unité sans contenu, ou plutôt l'unité sur la ligne de la FEN. Cet acte d'allégeance publique a sa propre dynamique. Ribes et Charden en appellent au maintien de la tendance I.S.L. dans le SNES et la FEN. Alaphilippe et les dirigeants staliniens du SNES sauteront sur l'aubaine, contact n’a-t-il pas été pris y compris avec la L.C.R. ! L’" unité de la politique actuelle de la FEN " vaut bien une messe même si ce sont les dirigeants staliniens qui l’ordonnent. "
Le lecteur peut constater les faux patents en comparant la citation et son interprétation ; or déjà cette citation est coupée arbitrairement de la déclaration de Jean Ribes. Ribes écrit : " L'unité organique de la FEN peut(souligné par moi) constituer à la fois un facteur déterminant, une composante et une image de front unique tout le mouvement ouvrier ". Elle peut seulement. C'est-à-dire à la condition que sa direction pratique une toute autre politique. Le faussaire traduit que jean Ribes préconise " l'unité sur la ligne de la FEN ". Il va plus loin encore. Il met entre guillemets une phrase qui n'est pas dans le texte de Jean Ribes mais qui, présentée ainsi, semble en être extraite. Il écrit : " L'unité de la politique actuelle de la FEN vaut bien une messe, même si ce sont les dirigeants staliniens qui l'ordonnent ". Quelle messe sert donc ce faussaire ?
Alaphilippe ne " saute " pas sur l'aubaine que serait pour lui la volonté que Ribes et Charden et beaucoup, beaucoup d'autres ont exprimée, de poursuivre la tradition de lutte à l'intérieur de la FEN pour l'indépendance de classe ; la défense de l'école publique contre l'école privée ; la défense des revendications matérielles et morales des enseignants et des enseignés ; la lutte pour la suppression de toute subvention aux écoles privées ; le combat pour l'unité dans une seule centrale unitaire et démocratique et, d'ores et déjà, l'unité des travailleurs et de leurs organisations contre la politique du gouvernement de l'union de la gauche. Par contre, il se réjouit que les trotskystes lui abandonnent le terrain sans combat à l'intérieur du SNES.
Pire encore, la direction du P.C.I. apporte une aide inestimable aux staliniens qui tentent depuis des années de disloquer la F.E.N. Jusqu'alors ils ont échoué. Mais en tirant de leur côté pour rejoindre la C.G.T., les trotskystes du leur pour rejoindre F.O., ils peuvent espérer y parvenir lorsque le moment leur en semblera venu. Alaphilippe n'apprécie pas du tout que des militants fidèles à la tradition de la tendance I.S.L. combattent pour le maintien de l'unité de la F.E.N.
N'en déplaise encore au plumitif, rédacteur de cette "Lettre d'I.O.", il est de notoriété publique que c'est en corrélation avec au moins une partie du bureau confédéral F.O. que la formule du "Parti des travailleurs" a été lancée. L'aile marchante de cette opération devait être à Nantes à partir de l'Appel des " 121 ". Ce n'est pas par hasard. En arrière fond, il y a l'U.D.-F.O. et Alexandre Hébert. En ce qui concerne ce dernier, il est fidèle à son point de vue. C'est normal. Personne, n'est-ce pas ne saurait lui reprocher de ne pas être marxiste, de ne pas être trotskyste. Par contre, les trotskystes feraient bien de réfléchir à ce que L. Trotsky écrivait à propos de Marceau Pivert et des francs-maçons, dans une lettre à Daniel Guérin, publiée dans "Le Mouvement Communiste en France" :
" Comment peut-on dire que l'intransigeance idéologique est " indigne " de notre époque, alors que celle-ci, plus qu'aucune autre, exige de la clarté, de l'audace et de l'intransigeance ?
" Dans la franc-maçonnerie se réunissent des gens de différents partis, avec des intérêts différents et avec des fins personnelles différentes. Tout l’art de la direction de la franc-maçonnerie consiste à neutraliser les tendances divergentes et à aplanir les contradictions entre les groupes et les cliques (dans l'intérêt de la " démocratie " et de " l'humanité ", c'est-à-dire de la classe dominante). On s'habitue ainsi à parler à haute voix de tout sauf de l'essentiel. Cette morale fausse, hypocrite, frelatée, imprègne en France, directement ou indirectement, la majorité des chefs ouvriers et officiels. Marceau Pivert lui-même est pénétré de l'influence de cette morale. Il lui semble que nommer à haute voix un fait désagréable, c'est une inconvenance. Nous, nous jugeons criminel de taire les faits qui ont une importance pour la lutte de classe du prolétariat. C’est là la différence fondamentale de notre morale.
" Pouvez-vous Guérin, répondre clairement et franchement aux ouvriers ? Qu'est-ce qui lie Pivert à la maçonnerie ? Je vous le dis : c'est ce qui le sépare de la IVe internationale, c'est-à-dire l'indécision sentimentale petite-bourgeoise, la dépendance à l'égard de l'opinion publique officielle. Si quelqu'un me déclare qu'il est matérialistes et qu'en même temps il se rende à la messe le dimanche, je dis que son matérialisme est faux. Il peut bien crier que je suis intolérant, que je manque de tact, que j'attente à sa " personnalité ", etc., cela ne m’émeut pas. Combiner le socialisme révolutionnaire à la franc-maçonnerie est aussi inconcevable que combiner le matérialisme au catholicisme. Le révolutionnaire ne peut avoir politiquement deux domiciles : l'un avec la bourgeoisie, pour l'âme, l'autre avec les ouvriers, pour la politique courante. La duplicité est incompatible avec le révolutionnaire prolétarien. Excluant toute stabilité interne, la duplicité engendre la sensibilité, la susceptibilité, la timidité intellectuelle. À bas la duplicité Guérin ! "
Or, il est à craindre que nombre d'initiateurs du parti des travailleurs, dirigeants F.O. ou non, soient membres très actifs de la franc-maçonnerie. Il faut savoir choisir.
La diatribe mensongère, falsificatrice, truquée que constitue cette "Lettre d'I.O." a une raison précise. La direction actuelle du P.C.I., et Lambert en particulier, pensaient que l'épuration du P.C.I. était parfaitement au point. Les quelques dizaines de militants exclus du P.C.I. allaient du même coup cesser d'exister. Ils seraient incapables de se regrouper, de définir une ligne politique, de s'organiser et d'organiser la lutte pour la défense du trotskysme en direction du P.C.I., d'intervenir dans la lutte des classes, de construire. Mais leur coup a manqué. Les exclus se sont organisés dans les Comités pour leur réintégration dans le P.C.I. et son redressement politique et organisationnel, qui vivent et combattent politiquement. C'est ce qui fait éructer notre plumitif. Aussi, fulmine-t-il contre Etienne Laurent, contre Ribes, contre Charden, contre Orveillon, contre Sophie, contre Lang et surtout contre Omar. Ce dernier a osé dire son fait à un officier porte-coton du nom de Robin.
Le porte-plume de Lambert commet une petite erreur : les militants exclus du P.C.I. ne "demandent" pas leur réintégration, ils combattent pour leur réintégration. Ils considèrent que la direction actuelle du P.C.I. a failli. Mais ils ne mettent pas un signe égal entre la direction actuelle du P.C.I. et le P.C.I. En cela, comme en tout, ils sont fidèles à l'enseignement de L. Trotsky qui, jusqu'en 1933, a combattu pour le redressement de la IIIe Internationale.
Le P.C.I. c'est aussi une tradition, des militants, la volonté de ceux-ci de construire le parti de la IVe Internationale en France, de reconstruire la IVe Internationale, de rester fidèles au programme. La lutte des classes, et notre combat politique aidant, la contradiction entre cette tradition, cette volonté et la politique du mini-appareil, reflet des grands appareils du mouvement ouvrier, malgré le carcan qu'il tente de maintenir, empêchant la démocratie ouvrière de jouer à l'intérieur du P.C.I., malgré la chasse aux sorcières qu’il accentue, ne peut que se manifester et de façon explosive.
Le mini-appareil ruinera-t-il le P.C.I. comme organisation trotskyste ou, au contraire, la vitalité des aspirations des militants brisera-t-elle le mini-appareil ? Seule la lutte politique en décidera. Il n'est qu'un moyen pour faire que l'issue soit, en tout état de cause, positive : il faut participer, à l'extérieur, comme à l'intérieur du P.C.I., à notre combat ; même s’il y a des désaccords sur tel ou tel aspect de la lutte que nous avons engagée.
Le 2 Juillet 1984, Stéphane JUST.
Retour à la section: textes constitutifs du
Cercle