Lutte de classe
quand
le PT lave plus blanc que blanc les appareils.
Dans le numéro 738 d'Informations
ouvrières, page 16, Stentor nous a encore gratifié d'un article des plus
réactionnaires, et dont il ne possède hélas pas l'exclusivité au sein du Parti
des travailleurs.
Après un court badinage
superficiel sur la précarité, dont il a seul le secret, il évoquait la crise
récurrente des institutions qui dure depuis l'avènement de la Ve République en
1958, mais dont le PT feint de
découvrir l'existence chaque semaine depuis des décennies, sans doute parce
qu'ils n'y comprennent rien ou pour noircir du papier, ce qui sous cet angle ne
présente évidemment aucun intérêt.
Ensuite, il citait un interview du
président de l'Unef, au cours duquel Juliard semblait particulièrement
préoccupé par la mobilisation croissante des étudiants et des lycéens qui
risquait de se poursuivre au-delà du retrait annoncé du CPE, comme s'il ne le
souhaitait pas, ce qui n'est pas vraiment un secret, sauf peut-être pour
Stentor et les dirigeants du PT qui vont une nouvelle fois se servir d'un faux
prétexte pour se livrer à une nouvelle
à une manipulation bien réelle, une escroquerie intellectuelle, et nous allons voir de quelle manière ils
s'y sont pris.
Juliard a déclaré : "ne
pas être certain que l'abrogation du CPE pourra mettre fin à l'agitation
actuelle". Et de s'en remettre aux assemblées générales, selon
Stentor.
Stentor fait le commentaire suivant sur le ton de l'historien averti qui en impose : "Avec cette posture, Bruno Juliard parodie le maréchal de La Feuillade, qui, sous Louis XIV, disait : "Je suis leur chef, donc je les suis".
Qu'est-ce que cela signifie ? Je vois déjà la tête de nombreux militants pour lesquels cette comparaison demeure énigmatique. Elle ne tient pas du hasard. C'est très simple.
Si l'on comprend bien, Juliard
explique qu'il voudrait bien que le mouvement s'arrête dés que le CPE sera retiré, mais rien n'est moins
sûr, il est donc obligé de reconnaître dans la foulée qu'il ne maîtrise pas la
totalité du mouvement étudiant qui s'est organisé en coordination nationale,
suite aux nombreuses assemblées générales qui se sont réunies dans les
universités.
Question : La coordination
nationale des étudiants et l'Unef étaient-elles sur la même ligne ? Évidemment
non, et tout le monde le savait, y compris Stentor le renégat.
Souvenez-vous, la coordination
nationale s'était adressée aux organisations et aux syndicats en leur demandant
d'appeler à la grève générale, tout en
précisant qu'elle demandait non seulement l'abrogation du CPE, mais aussi du
CNE et de la totalité de la loi dite sur l'égalité des chances, alors que tous
les syndicats et organisations, dont l'Unef, étaient sur une position nettement
en retrait, puisqu'elles avaient refusé d'appeler à la grève générale et
d'étendre les revendications au CNE et à la totalité de la loi dite sur
l'égalité des chances.
Donc les choses sont parfaitement
claires, Stentor demande à Juliard de reprendre le contrôle du mouvement, d'en
être "le chef", tout en sachant pertinemment qu'il est contre
son extension au CNE et à la totalité de la loi dite sur l'égalité des chances,
contre l'appel à la grève générale, en sachant que pour l'Unef, l'urgent est
d'en finir le plus vite possible avec ce mouvement social qu'elle n'a pas
souhaité, d'où les multiples journées d'action pour le pourrir...
Comment appelle-t-on cela ?
Subordonner le mouvement des
étudiants aux appareils traites du mouvement ouvrier, couvrir le rôle des
appareils, les blanchir à l’avance de toute responsabilité dans l’échec de
la poursuite du mouvement social, sur lequel le PT s’empresse de faire
l’impasse, tel était le contenu de cet article très bref, mais pas du tout
anodin. Interdire toute issue politique à un mouvement social qui poserait directement à un moment donnée
la question des Institutions et du gouvernement, tel est le rôle que s’est
assigné le PT en bon valet de la bourgeoisie.
Comment s'y prendre pour liquider
un mouvement qui échappe au contrôle des appareils et qui risque de s'étendre ?
Il suffit de faire en sorte que les
appareils reprennent la main et l'affaire est réglée, ce à quoi le PT s’est
employé, et c’est finalement ainsi que ce mouvement social s’est achevé.
N'était-ce pas le meilleur moyen pour
venir en aide au gouvernement et au régime conspués par les millions de
manifestants le 28 mars et le 4 avril, que de remettre en selle les appareils
au moment où ils étaient débordés par le mouvement des masses ?
Stentor a donc manifesté son
soutien à ce processus de liquidation du mouvement social au nom du Parti des
travailleurs. Stentor est fidèle à lui-même, un fieffé réactionnaire, un
vulgaire trade-unioniste comme dit Lénine dans Que faire ? (voir le
dernier article dans le site).
Coté cour, le PT prétend combattre
pour l’abrogation du CPE, côté jardin, il prête main-forte aux appareils pour
liquider le mouvement contre le CPE quand il s’engage sur la remise en cause
des Institutions.
Lénine disait qu’il n’y avait pas
pire comportement en politique que l’opportunisme (Que faire ?),
avait-il raison ? A vous d’en jugez. Vous devinez ce que nous en pensons.
Voilà le Parti des travailleurs tel qu'il est, pour ceux qui ne le savaient pas déjà.
Le 29 avril 2006.