Lutte de classe
Défense de la recherche publique et nationalisation sans indemnité ni rachat de l’industrie pharmaceutique et agroalimentaire :
une mesure de salut public !
A l'heure où les uns et les autres
voudraient subordonner encore davantage la recherche publique au financement
privé, un article publié le 9 janvier
dans la revue PLoS Medecine montre clairement que les industriels
influencent les conclusions des études réalisées lorsqu'il s'agit de camoufler
les conséquences néfastes possibles que pourraient avoir les produits qu'ils
commercialisent.
Après l'industrie pharmaceutique,
celle des boissons sucrées, fruitées et lactées est fortement suspectée de
n'être pas totalement désintéressée dans son financement de la recherche, c'est
un euphémisme.
Après avoir analysé 206 articles,
publiés entre 1999 et 2003, David Ludwig, de l'hôpital pour enfants de Boston
(Massachusetts), et ses collègues concluent que, lorsqu'ils sont financés par
les industriels, les articles scientifiques portant sur des boissons non
alcoolisées ont jusqu'à huit fois plus de chance d'être favorables aux intérêts
de leurs sponsors que lorsque les recherches sont conduites sans ce soutien.
L'industrie privée étant juge et
partie, les chercheurs seraient amenés à concevoir leurs recherches de façon à
respecter les intérêts financiers de leurs sponsors, les industriels pouvant
aller jusqu'à imposer leur veto sur des résultats qui s'avèreraient
défavorables sur certains produits. D'autre part, certains articles de
synthèse, extraits de colloques financés par l'industrie, pourraient refléter
les orientations d'organisateurs ayant omis d'inviter des chercheurs aux vues
dissidentes. Ce risque pour ne pas dire cet état de fait est confirmé par
Martijn Katan de l'université d'Amsterdam, à qui PLoS Medecine a demandé un
commentaire « les chercheurs
traitant avec l'industrie peuvent être soumis à des pressions ».
David Ludwig avance des
explications qui valent également pour le secteur pharmaceutique : « Les
sponsors industriels pourraient ne soutenir que les études dont ils croient
qu'elles présenteront leurs produits sous un jour favorable, ou ceux de leurs
concurrents de façon défavorable. » Nous savions déjà que les
dirigeants des multinationales du secteur pharmaceutique transformaient parfois
les patients en cobayes, le retrait de certains médicaments nocifs du marché
l'a malheureusement déjà démontré à de multiples reprises, c'est donc au tour
de ceux du secteur de l'agroalimentaire d'empoisonner consciemment les
consommateurs que nous sommes tous, et tout particulier les plus vulnérables,
nos enfants.
La preuve en a été fournie lors d'études consistant à comparer deux groupes de consommateurs, l'un « bénéficiant » d'un aliment, l'autre non. Aucune de celles financées par l'industrie n'a abouti à des conclusions défavorables au produit, alors que 37 % des études non financées par ce biais apportaient des estimations négatives.
Conclusion : non seulement il faudrait favoriser la recherche publique et refuser de financer la recherche privée, il faudrait que tous les produits mis au point par l'industrie privée fasse l'objet d'études par des laboratoires et des chercheurs du secteur public avant toute commercialisation, la facture serait réglée par les industriels, les résultats de ces études et les décisions rendues par le ministère de la Santé pourraient aller jusqu'à l'interdiction de commercialiser un produit présentant un risque pour une couche particulière de la population.
Au-delà, devant le cynisme et le manque manifeste de scrupules pour la santé de la population dont font preuve les industriels assoiffés de profits, il faudrait surtout nationaliser sans indemnité ni rachat tous les grands groupes industriels, les multinationales des secteurs pharmaceutique et de l'agroalimentaire dont le rôle est déterminant pour le bien-être de la population en générale.
(source : Le Monde du 10/01/07)