Mardi 25 décembre 2001, décédait à l’âge de 83 ans Marcel Bleibtreu.
De 1946 à 1954, il fut l’un des principaux dirigeants du Parti communiste internationaliste, alors section française de la IVe Internationale. Il fut rédacteur en chef de La Vérité, journal hebdomadaire du PCI. Après 1956, il quittera le PCI pour rejoindre la Nouvelle Gauche, où militait le journaliste et ancien résistant Claude Bourdet, qui participera à la création, en 1960, du Parti socialiste unifié (PSU).
Quelle qu’ait été sa trajectoire après 1956, que nous ne partageons bien évidemment pas, Marcel Bleibtreu aura été l’un des principaux, sinon le principal dirigeant trotskyste du PCI à combattre le cours liquidateur du Secrétariat international de la IVe Internationale qui aboutira à la scission historique de 1952-1953.
Une délégation de l’organisation La Commune et du Groupe socialiste internationaliste était présente à son enterrement, mardi 2 janvier, au cimetière Montparnasse, pour lui rendre un dernier salut militant.
Fait incompréhensible, aucun de ses anciens compagnons de combat de 1950-1953 dans la lutte contre le révisionnisme liquidateur de la IVe Internationale n’était présent, en particulier Pierre Lambert, dirigeant du PCI, ni aucun représentant de ce parti, aujourd’hui baptisé PT. Pourtant, le rôle essentiel de Marcel Bleibtreu fut précisément d’assumer la continuité du trotskysme et d’empêcher la liquidation pure et simple du PCI . C’est un fait historique avéré. Dans la brochure « Quelques enseignements de notre histoire » publiée en supplément à La Vérité n° 548 en mai 1970 (directeur de publication, Pierre Lambert), le PCI (alors OCI) rappelle entre autres (p. 86) que le choix, en 1952, était simple : « La Commission ouvrière (dirigée par Pierre Lambert - NDLR) dut choisir : ou bien se ranger derrière le “Secrétariat International” sous le prétexte que Bleibtreu n’était pas “un homme de parti”, ou prendre position politiquement avec Bleibtreu. D’un côté, la capitulation, de l’autre, la fidélité au “programme” en dépit du comportement petit-bourgeois du principal leader théorique de l’antipablisme » (souligné par nous - NDLR). Et c’est ainsi qu’au dernier moment, Pierre Lambert se rangea du côté de Bleibtreu, avec la majorité de la section française.
Voilà qui fut Marcel Bleitreu : « Le principal leader théorique de l’antipablisme ». Est-ce pour ne pas avoir à reconnaître ce fait, pourtant incontestable, que le CCI-PT, qui s’affirme pourtant aujourd’hui le continuateur du PCI de 1950-1953, était absent pour accompagner en terre le militant ouvrier Bleibtreu et que l’hebdomadaire Informations ouvrières n’a pas consacré une ligne pour informer ses militants ? Qu’importe. Les bassesses et autres oublis mesquins n’ont jamais empêché la vérité de s’imposer. Et nous garderons également en mémoire celui qui, au lendemain de notre exclusion du CCI-PT, en mai 1992, ne ménagea pas son temps, en dépit de son âge, pour nous expliquer, des soirées entières, avec passion, minutie et archives à l’appui, cet épisode de 1950-1953, si décisif dans l’histoire de la IVe Internationale et sa survie politique.