Dossier sur la situation mondiale de l'offre et de la demande de céréales
La situation tendue des disponibilités céréalières maintient les prix à des niveaux élevés
|
Les dernières estimations de la FAO concernant la production
céréalière mondiale de 2007 ont de nouveau été revues à la baisse au
cours des dernières semaines, s’établissant aujourd’hui à 2 101
millions de tonnes (y compris le riz usiné). Il s’agit toujours
toutefois d’un niveau record, sensiblement supérieur à celui de l’année
dernière (4,6 pour cent). Alors que les dernières récoltes de blé sont
en cours dans l’hémisphère sud, l’estimation de la production mondiale
de blé pour l’année est aujourd’hui plus précise. Elle fait état d’une
augmentation d’environ 1,3 pour cent par rapport au niveau de l'an
dernier, qui était proche de la moyenne. Il semblait en début d'année
que la récolte serait bien plus abondante, mais au fil des mois,
certaines des principales cultures mondiales ont été durement touchées
par la sécheresse, en particulier dans l’est de Europe et de
l’Australie. Si les récoltes de céréales secondaires se sont elles
aussi révélées inférieures aux prévisions dans ces zones touchées par
la sécheresse, elles ont généralement été bonnes, voire
exceptionnelles, dans les autres régions, notamment aux États-Unis pour
le maïs, contribuant à une récolte mondiale de céréales secondaires
globalement meilleure que ce qui était prévu plus tôt dans l’année.
S’agissant du riz, les dernières indications continuent de faire état
d'une production proche du niveau de l’an dernier. Selon les
prévisions, l’ utilisation mondiale de céréales en 2007/08
progresserait de presque 2 pour cent par rapport à la campagne
précédente pour passer à 2 103 millions de tonnes. Selon les
dernières prévisions concernant la production et l’utilisation
mondiales, les stocks céréaliers mondiaux devraient reculer
pour atteindre 420 millions de tonnes à la fin des campagnes se
terminant en 2008, soit une baisse de presque 2 pour cent par rapport à
des niveaux d’ouverture déjà réduits. Il s’agit toujours du plus faible
volume enregistré depuis 1983. Les échanges céréaliers mondiaux
devraient selon les prévisions actuelles s’établir à environ 252
millions de tonnes en 2007/08, soit environ 1 pour cent en deçà du
volume de 2006/07. À ce niveau toutefois, les échanges céréaliers
mondiaux de 2007/08 occuperaient toujours la deuxième place après le
volume record de la campagne précédente. Les cours mondiaux de toutes
les principales céréales restent élevés et certains ont nettement
progressé par rapport à la campagne précédente. L’offre restreinte et
la forte demande expliquent la fermeté constante des prix de la plupart
des céréales. C’est particulièrement le cas du blé, dont le cours a
atteint des niveaux record aux mois de septembre et d’octobre et a
continué d’être élevé et fluctuant en novembre.

Les
campagnes de blé de 2007 vont bientôt prendre fin et la production
devrait avoisiner le niveau de l’an dernier, qui était proche de la
moyenne
|
Selon les dernières estimations de la FAO, la production mondiale de
blé atteindrait 602 millions de tonnes en 2007, un niveau sensiblement
inférieur aux prévisions établies plus tôt durant la campagne et une
augmentation à peine supérieure à 1 pour cent par rapport à 2006. Les
dernières moissons de blé de 2007 sont bien avancées dans l’hémisphère
sud et se déroulent comme prévu. Les récoltes des principaux
producteurs d’Amérique du Sud – l’Argentine et le Brésil – sont
supérieures à leur niveau de l’an dernier. Après une récolte réduite en
2006, une forte reprise était prévue au Brésil dès le début de la campagne. Cette augmentation s’est par contre concrétisée plus récemment en Argentine où l’on a découvert au fil de la campagne que les rendements pourraient être meilleurs que prévu. En Australie,
les pluies généralisées de début novembre ont été trop tardives pour
modifier les perspectives de cultures affectées par la sécheresse;
comme prévu, la production de blé sera cette année inférieure de moitié
à son niveau normal. Ailleurs, seuls des ajustements mineurs ont pour
l’essentiel été apportés aux estimations de récoltes, celles-ci étant
désormais achevées. En Amérique du Nord, les dernières estimations ont
été revues à la baisse s'agissant de la production annuelle des États-Unis, pays où la récolte s’est toutefois maintenue à un bon niveau, nettement plus élevé que l’année précédente. Au Canada,
comme prévu, la récolte s’est révélée largement inférieure à celle de
l’année dernière, la sécheresse et la chaleur aggravant les effets de
la réduction des superficies. En Europe, les dernières
estimations font état d’un recul de 2,3 pour cent de la production,
alors que l'on tablait en début de campagne sur une augmentation
importante. Les plus fortes pertes ont été enregistrées dans de
nombreuses zones productrices situées à l'est de la région, où
plusieurs semaines de temps exceptionnellement chaud et sec ont
gravement compromis les rendements, en particulier en Roumanie, en Bulgarie et au Moldova. Cependant, selon les dernières informations, la région productrice située le plus à l’est – la région sibérienne de la Fédération de Russie
– a échappé à la sécheresse et les rendements se sont révélés plus
importants que prévus au fil de la récolte. Le même phénomène a été
constaté au Kazakhstan, dans la région des pays asiatiques de
la CEI, au sud de la Sibérie. De ce fait, l’estimation asiatique totale
a été relevée par rapport aux précédentes prévisions; elle est
aujourd’hui supérieure de presque 4 pour cent à la récolte de 2006 et
largement supérieure à la moyenne des cinq dernières années. Ailleurs
dans l’hémisphère nord, la sécheresse a eu un effet dévastateur sur les
récoltes annuelles de blé du Maroc. Par conséquent, en dépit
des moissons proches de la moyenne rentrées dans les autres pays
d’Afrique du Nord, la production totale de la sous-région accuse un net
recul par rapport à l’an dernier et à la moyenne des cinq dernières
années.
Tableau 1. Production mondiale de céréales1 ( en millions de tonnes) | |
2006 estimations |
2007 prévisions |
Variation de 2006 à 2007 (%) |
Asie |
911.0 |
928.2 |
1.9 | Extrême-Orient | 809.2 | 824.4 | 1.9 | Proche-Orient en Asie | 71.8 | 70.2 | -2.2 | Pays asiatiques de la CEI | 29.8 | 33.4 | 12.1 |
Afrique |
144.0 |
134.1 |
-6.9 | Afrique du Nord | 35.8 | 28.9 | -19.2 | Afrique de l'Ouest | 49.1 | 46.9 | -4.5 | Afrique centrale | 3.6 | 3.5 | -2.7 | Afrique de l'Est | 34.0 | 33.1 | -2.6 | Afrique australe | 21.5 | 21.6 | 0.4 |
Amérique centrale et Caraïbes |
37.1 |
39.3 |
6.0 |
Amérique du Sud |
110.5 |
129.0 |
16.7 |
Amérique du Nord |
384.5 |
465.3 |
21.0 |
Europe |
404.4 |
385.7 |
-4.6 | UE2 | 246.9 | 258.2 | 4.6 | Pays européens de la CEI | 118.6 | 113.9 | -4.0 |
Océanie |
18.5 |
21.1 |
13.7 |
Monde |
2 008.8 |
2 101.3 |
4.6 | Pays en développement |
1 154.5 |
1 178.7 |
2.1 | Pays développés |
854.3 |
922.6 |
8.0 | - Blé | 594.4 | 602.2 | 1.3 | - Céréales secondaires | 985.9 | 1 069.3 | 8.5 | - Riz (usiné) | 428.6 | 429.7 | 0.3 | 1Y compris le riz usiné. 2 UE-25 en 2006; UE-27 en 2007. Note: Total calculé à partir de chiffres non arrondis. |
Alors que les semis de blé d’hiver sont presque terminés dans
l’hémisphère nord, les dernières indications font état d’une
augmentation significative des emblavures mondiales. Selon les
premières estimations provisoires, les superficies allouées au blé
d’hiver progresseraient aux États-Unis de 3,5 à 4 pour cent par
rapport à l’an dernier, en réponse à l’augmentation des prix. Les
emblavures de blé de printemps pourraient également progresser si, lors
de la période des semis de l'an prochain, les incitations de prix pour
ces cultures demeurent relativement meilleures que celles pour les
semis de printemps concurrents. Au Canada, le blé est le plus
souvent semé au printemps mais, selon les premières indications, ces
semis pourraient augmenter de quelque 10 pour cent après la réduction
enregistrée de ces surfaces cette année. Les semis de cultures mineures
d’hiver sont achevés et ils afficheraient, selon des estimations
provisoires, une progression de 5 pour cent environ. En Europe, les
semis de blé d’hiver et leur première phase de croissance ont dans
l’ensemble bénéficié de conditions favorables. Dans l’ UE, les emblavures devraient
s’accroître de quelque 6 pour cent en raison de la suppression pour
2008 du gel obligatoire de 10 pour cent des terres et du niveau des
cours actuels, qui incite fortement à semer cette céréale. Dans la
région de la CEI d’Europe, les superficies allouées aux céréales
d’hiver (principalement le blé) ont progressé d’environ 5 pour cent en Fédération de Russie, soit leur plus haut niveau depuis 2001, et elles devraient augmenter d’au moins 9 pour cent en Ukraine. En Afrique du Nord, les pluies abondantes enregistrées en Algérie et à l’est du Maroc ont
été favorables aux semis de blé d’hiver. Les précipitations sont
toutefois insuffisantes à ce jour dans les régions du sud-ouest du
Maroc où, après la sécheresse de la campagne précédente, l'humidité
reste trop faible pour semer à grande échelle. Les semis se poursuivant
normalement au mois de décembre dans cette sous-région, il reste encore
du temps pour les achever si les précipitations sont suffisantes. En
Asie, les conditions sont globalement favorables aux semis dans les
principales zones productrices de blé d’hiver. En Chine, ces
emblavures devraient correspondre au bon niveau enregistré l'an
dernier. Comme l’année dernière, ces superficies devraient être
importantes en Inde, l'augmentation de 17,6 pour cent du prix du blé jouant un rôle incitatif pour 2008. Au Pakistan, les
conditions sont généralement favorables pour les semis, l’humidité des
sols étant satisfaisante. Au Proche-Orient, les conditions sont
favorables pour les semis en Turquie, par contre la République islamique d’Iran souffre d’un temps sec.
Tableau 2. Données de base sur la situation céréalière mondiale ( en millions de tonnes) | |
2005/06 |
2006/07 |
2007/08 |
Variation de 2006/07 à 2007/08 (%) |
PRODUCTION 1 |
2 054.4 |
2 008.8 |
2 101.3 |
4.6 | Blé | 626.3 | 594.4 | 602.2 | 1.3 | Céréales secondaires | 1 003.7 | 985.9 | 1 069.3 | 8.5 | Riz (usiné) | 424.4 | 428.6 | 429.7 | 0.3 |
DISPONIBILITÉS 2 |
2 522.5 |
2 480.9 |
2 529.2 |
1.9 | Blé | 804.3 | 775.3 | 761.2 | -1.8 | Céréales secondaires | 1 194.8 | 1 171.5 | 1 231.6 | 5.1 | Riz | 523.4 | 534.1 | 536.4 | 0.4 |
UTILISATION |
2 039.6 |
2 063.5 |
2 103.2 |
1.9 | Blé | 620.4 | 621.0 | 619.2 | -0.3 | Céréales secondaires | 1 000.8 | 1 016.6 | 1 053.8 | 3.7 | Riz | 418.5 | 425.9 | 430.1 | 1.0 | Consommation humaine de céréales par habitant (kg par an) |
152.2 |
152.6 |
152.3 |
-0.2 |
COMMERCE 3 |
246.7 |
254.2 |
252.1 |
-0.8 | Blé | 110.3 | 112.8 | 107.5 | -4.7 | Céréales secondaires | 107.2 | 111.5 | 114.0 | 2.3 | Riz | 29.2 | 29.9 | 30.6 | 2.5 |
STOCKS DE CLÔTURE 4 |
472.1 |
427.8 |
419.7 |
-1.9 | Blé | 180.9 | 158.9 | 141.6 | -10.9 | - Principaux exportateurs5 | 59.8 | 39.6 | 25.0 | -36.9 | Céréales secondaires | 185.7 | 162.2 | 170.8 | 5.4 | - Principaux exportateurs5 | 91.3 | 63.3 | 76.6 | 20.9 | Riz | 105.6 | 106.7 | 107.2 | 0.5 | - Principaux exportateurs5 | 22.9 | 24.6 | 24.5 | -0.4 | Pays à faible revenu et à déficit vivrier (PFRDV |
Production céréalière 1 |
858.9 |
885.5 |
890.5 |
0.6 |
non compris la Chine et l'Inde | 293.6 | 305.2 | 296.6 | -2.8 |
Utilisation |
918.5 |
935.3 |
947.6 |
1.3 | Consommation humaine | 645.4 | 655.8 | 663.6 | 1.2 |
non compris la Chine et l'Inde | 271.6 | 278.6 | 282.8 | 1.5 | Consommation humaine de céréales par habitant (kg par an) | 157.0 | 157.2 | 156.8 | -0.3 |
non compris la Chine et l'Inde | 158.6 | 159.4 | 158.6 | -0.5 | Fourrage | 161.8 | 162.1 | 164.3 | 1.4 |
non compris la Chine et l'Inde | 46.4 | 48.8 | 47.4 | -2.8 |
Stocks de clôture 4 |
228.1 |
238.6 |
243.0 |
1.8 |
non compris la Chine et l'Inde | 53.5 | 55.0 | 48.5 | -11.8 | 1 Les données se rapportent à l'année civile, première année mentionnée. 2 Production plus stocks d'ouverture. 3 Pour
le blé et les céréales secondaires, les chiffres se rapportent aux
exportations de la campagne commerciale juillet/juin. Pour le riz, les
chiffres se rapportent aux exportations pendant la deuxième année
(année civile) mentionnée. 4 Ne correspond pas exactement
à la différence entre disponibilités et utilisation, les campagnes
commerciales couvrant des périodes différentes selon les pays. 5 Les
principaux pays exportateurs de blé et de céréales secondaires sont
l’Argentine, l’Australie, le Canada, l’UE et les Etats-Unis. Les
principaux pays exportateurs de riz sont l’Inde, le Pakistan, la
Thaïlande, les États-Unis et le Viet Nam. 6 Comprend les
pays où le revenu annuel par habitant est inférieur au niveau retenu
par la Banque mondiale pourdéterminer le droit de bénéficier de l’aide
de l’IDA(à savoir 1 575dollars EU en 2004); conformément aux
recommandations et critèresapprouvés par le CPA ces pays doivent être
considérés comme prioritaires pour l’octroi de l’aide alimentaire. |
Certaines récoltes de céréales secondaires ont été revues à la baisse pour 2007, mais la récolte s’annonce toujours record
|
Même si elles ont été récemment légèrement revues à la baisse,
les dernières estimations de la FAO concernant la production mondiale
de céréales secondaires pour 2007 (1 069 millions de tonnes) font
toujours état d’une récolte record, en augmentation de 8,5 pour cent
par rapport à l’an dernier. Cette révision est essentiellement
imputable aux ajustements apportés aux États-Unis, où la récolte de
maïs s’est récemment achevée en affichant une production légèrement en
deçà des prévisions précédentes. Selon les estimations, la récolte
atteint toujours toutefois un record absolu aux États-Unis, conséquence
de l’augmentation des cours et de la demande soutenue du secteur des
biocarburants. Cette forte augmentation est le principal facteur
contribuant à la progression de la récolte mondiale de céréales
secondaires enregistrée cette année. Des récoltes abondantes ont aussi
été rentrées en Amérique du Sud, reflétant l'expansion des semis et des
conditions de végétation favorables qui ont permis de dégager des
rendements exceptionnels. La récolte de la campagne secondaire qui
vient d’être rentrée au Brésil serait en augmentation de 25 pour cent
par rapport au bon niveau déjà enregistré l’an dernier. Une récolte
record est également escomptée en Amérique centrale, les semis ayant
progressé au Mexique, principal pays producteur. Ailleurs, la récolte
de céréales secondaires de 2007 resterait pratiquement inchangée en
Asie et en Afrique, tandis que le temps sec et chaud a compromis les
récoltes en Europe et en Australie, où la production a chuté en 2007.
S’agissant de la première des grandes récoltes de maïs de 2008,
les semis du maïs d'été, culture importante, sont déjà en cours en
Amérique du Sud. Les premières indications font état d'une expansion
continue de la superficie ensemencée, les recettes escomptées étant
plus attrayantes que pour les autres cultures.
La
production mondiale de riz devrait peu évoluer en 2007 et avoisiner la
production supérieure à la moyenne enregistrée l’an dernier
|
Selon les dernières estimations de la FAO, la production mondiale de
riz (en équivalent riz usiné) devrait atteindre environ 430 millions de
tonnes, légèrement au dessus des dernières estimations pour 2006. Les
perspectives sont globalement positives pour l’Asie, où la production
devrait s’accroître de 3,7 millions de tonnes pour s’établir à 585
millions de tonnes, tirée par la progression significative de la Chine et de l’ Indonésie, qui comptent parmi les principaux pays producteurs de riz. Des augmentations importantes sont également attendues en Inde et au Myanmar.
Toutefois, la production finale de la campagne est encore incertaine
dans ces pays, celle-ci étant largement tributaire des cultures
secondaires d’hiver qui viennent juste d’être semées. La campagne
devrait également s’achever avec de bons rendements en République islamique d’Iran, au Japon, en République démocratique populaire lao, en Malaisie, au Népal et en Thaïlande. Au contraire, les perspectives de récoltes se sont détériorées au Bangladesh et au Cambodge,
où elles seront sans doute très inférieures à celles de la dernière
campagne. Cela s'explique dans le premier pays par les pertes
importantes imputables aux inondations et, dans le deuxième, par les
parasites et les maladies qui ont affecté les rendements.
La plupart des autres producteurs de la région devraient connaître
une chute de leur production. En Afrique, bien que certaines
incertitudes subsistent, les perspectives font état d’une légère
contraction de la production. Ce recul est largement dû aux mauvaises
récoltes prévues en Côte d'Ivoire, au Mali et au Nigéria, qui neutralisent plus que largement les bons rendements anticipés pour la Guinée et Madagascar.
En effet, bien que les précipitations aient été durant cette campagne
particulièrement abondantes sur le continent, les pluies ont souffert
d’une répartition inégale dans le temps, ce qui a affecté les
rendements du riz et compromis les perspectives de gains de production.
S’agissant des États-Unis au contraire, les prévisions de début de
campagne, qui tablaient sur une réduction de la production, ont été
inversées à la lumière des rendements record qui devraient cette année
conduire à une augmentation de 2 pour cent de la production. Ailleurs,
la production de paddy évoluera vraisemblablement peu en Europe,
chutant par contre en Amérique latine, aux Caraïbes et en Océanie.
Les cours des céréales demeurent élevés et fluctuants
|
Les prix à l’exportation du blé sur le marché mondial, qui
ont augmenté depuis le mois de juin, demeurent à des niveaux élevés. Le
blé des États-unis n°2 (HRW, f.o.b.) atteignait en moyenne 332 dollars
EU la tonne en novembre, en légère baisse par rapport à son pic
d’octobre mais 113 dollars EU la tonne (52 pour cent) de plus qu’il y a
un an. La plus grande précision des estimations relatives à la
production de 2007, le fait que des évolutions importantes semblent
moins probables pour les dernières récoltes en cours et que les
emblavures seraient selon les prévisions plus importantes en 2008, ont
été à l’origine de la baisse des cours enregistrée au mois de novembre.
Toutefois, la situation tendue de l’offre et de la demande après une
deuxième année consécutive de baisse des récoltes mondiales de blé, en
particulier dans les pays exportateurs, ainsi que le très faible niveau
des stocks, ont maintenu les cours de cette céréale au plus haut. Les
prix élevés du blé et la flambée du fret ont provoqué une envolée des
prix au détail du pain et d’autres aliments de base dans un grand
nombre de pays importateurs, affectant en particulier les populations à
faibles revenus.
Les prix à l’exportation du maïs, qui sont restés fluctuants
depuis février, date où ils ont atteint leur plus haut niveau depuis
dix ans à 177 dollars EU la tonne, ont augmenté au cours des deux
derniers mois. Le maïs jaune des États-Unis n°2 (HRW, f.o.b.)
atteignait en moyenne 171 dollars EU la tonne en novembre, soit 5
dollars EU de plus qu’il y a un an. Les cours du maïs ont réagi aux
récentes révisions à la baisse de la production mondiale de céréales
secondaires pour 2007, apportées après la fin de la récolte de maïs aux
États-Unis. La récolte mondiale atteint toutefois toujours un niveau
record. Malgré cette production élevée, le marché demeure tendu,
essentiellement du fait de la croissance continue de la demande du
secteur des biocarburants aux États-Unis. La fermeté des prix du maïs
ainsi que les pénuries de blé fourrager ont tiré les cours de la
plupart des autres céréales fourragères.
Conformément à la tendance qui a dominé depuis le début de l’année, les cours mondiaux du riz
se sont raffermis au cours des deux derniers mois, malgré l’arrivée sur
les marchés depuis le mois de novembre de la majeure partie de la
récolte de paddy de 2007. Soutenue par l'offre limitée des principaux
pays exportateurs et par la forte demande d’importation mondiale, cette
hausse a été généralisée, affectant le riz de toutes les qualités et de
toutes les origines. Depuis le mois d’août, l’imposition de
restrictions à l’exportation par l’Égypte, l’Inde et le Viet Nam a
contribué à raffermir davantage le marché, déjà dynamisé par la baisse
du dollar EU.
Tableau 3. Prix à l’exportation des céréales* (en dollars EU/tonne) | |
2007 |
2006 | |
nov. |
oct. |
sept. |
août |
juillet |
nov. |
États-Unis | | | | | | | Blé1 | 332 | 352 | 343 | 277 | 250 | 219 | Maïs2 | 171 | 163 | 158 | 152 | 146 | 166 | Sorgho2 | 171 | 172 | 177 | 171 | 157 | 169 |
Argentine 3 | | | | | | | Blé | 290 | 321 | 325 | 273 | 249 | 185 | Maïs | 179 | 180 | 170 | 157 | 141 | 172 |
Thaïlande 4 | | | | | | | Riz blanc5 | 354 | 338 | 332 | 336 | 337 | 305 | Riz, brisures6 | 308 | 297 | 279 | 269 | 261 | 218 | *Les prix se réfèrent à la moyenne du mois. 1 No.2 HRW (ordinaire), f.o.b. Golfe. 2 No.2 jaune, Golfe. 3 Up river, f.o.b. 4 Prix marchand indicatif. 5 100% deuxième qualité, f.o.b. Bangkok. 6 A1 super, f.o.b. Bangkok. |
Les prix élevés des céréales affectent les populations vulnérables des pays en développement
|
|
Les cours élevés des céréales sur les marchés internationaux, associés
à la flambée du fret et aux niveaux record des cours mondiaux des
carburants, ont provoqué dans plusieurs pays des augmentations
substantielles des prix au détail d’aliments à base de céréales comme
le pain, les pâtes et les tortillas, ainsi que du lait et de la viande,
générant une pression inflationniste sur les marchés alimentaires
nationaux ainsi que des troubles sociaux. Au cours des derniers mois,
des émeutes de la faim ont éclaté dans des pays tels que le Mexique, le Maroc, l’ Ouzbékistan, le Yémen, la Guinée, la Mauritanie et le Sénégal.
Ce sont les pays en développement fortement tributaires des
importations du marché mondial pour satisfaire à leur exigences de
consommation céréalière qui sont le plus affectés par la flambée des
cours céréaliers. Les populations pauvres devraient le plus souffrir de
cette situation, leur alimentation comprenant une très forte proportion
de céréales. En outre, les pauvres consacrent à l’alimentation une part
plus importante de leur revenu que les populations plus aisées: les
groupes les plus vulnérables peuvent allouer jusqu’à 80 pour cent de
leur budget total aux seuls aliments de base. Il s’ensuit que la
flambée des prix des céréales provoque non seulement une détérioration
de la quantité et de la qualité de leur alimentation, mais également
une érosion sensible de leur pouvoir d’achat global.
Les gouvernements du monde entier ont mis en œuvre une série de
mesures visant à limiter l’augmentation des prix alimentaires
intérieurs et à empêcher une baisse de la consommation: contrôle des
prix, subventions, réduction/levée des barrières à l’importation et
restrictions à l’exportation. L’impact de ces mesures sur la sécurité
alimentaire des ménages vulnérables variera fortement et doit encore
être évalué.
En Afrique du Nord, en Algérie, en Égypte et au Maroc,
qui ont en moyenne respectivement importé 66 pour cent, 50 pour cent et
36 pour cent de leur utilisation totale de blé au cours des cinq
dernières années, la flambée des cours sur les marchés mondiaux a
entraîné une hausse des prix intérieurs du pain, la principale denrée
alimentaire, affectant gravement la sécurité alimentaire des ménages
vulnérables. Le gouvernement marocain a récemment baissé les droits de
douane, les ramenant à leur plus bas historique, alors que l'Égypte a
pour sa part sensiblement augmenté les subventions alimentaires.
Dans les pays de la CEI, les disponibilités de blé sont inquiétantes au Tadjikistan et au Kirghizstan.
Dans ce dernier pays, où les personnes pauvres consacrent plus de 70
pour cent de leurs revenus pour leur seule alimentation, le prix du
pain a augmenté de 50 pour cent dans la capitale, Bichkek. Les salaires
et les pensions n'ont par contre gagné que 10 pour cent cette année.
Environ 500 000 personnes de la couche la plus pauvre de la
population seraient directement affectées par l’augmentation du pain et
d’autres produits de base. Afin d’améliorer la situation, dans les
zones les plus pauvres, le gouvernement a distribué du blé provenant de
la réserve d'urgence, ce qui n'a toutefois eu aucun effet sur
l'inflation. Avec la montée en flèche des coûts alimentaires, le
gouvernement a revu à la hausse son estimation annuelle du taux
d’inflation pour 2007, qui est passée de 5-6 à 9 pour cent.
En Amérique centrale, la production de la tortilla,
principale denrée alimentaire, est tributaire de grosses importations
de maïs, une céréale dont les prix au détail sont largement supérieurs
à ceux de l'an dernier dans la plupart des marchés de la sous-région.
Au Guatemala, le prix du maïs était en septembre presque 50
pour cent plus élevé qu'un an plus tôt. Le pain à base de farine de blé
(dont la totalité est importée, sauf au Mexique), autre composante
importante du panier alimentaire en Amérique centrale, a également
fortement augmenté, affectant le pouvoir d’achat des ménages les plus
pauvres et leur accès à l'alimentation.
Dans les pays andins d’Amérique du Sud, où la production du
pain, aliment de base, est fortement tributaire des importations de
farine de blé, les cours élevés enregistrés aujourd'hui sur les marchés
mondiaux du blé soulèvent également des inquiétudes quant à la sécurité
alimentaire des ménages à faibles revenus. Au Pérou, le prix du
blé importé a augmenté de 50 pour cent depuis le début de l’année,
entraînant une hausse du prix du pain. L’association locale des
boulangers a proposé l’adoption de coupons dans le but de
subventionner le pain à l’intention des familles les plus pauvres. En Équateur,
le gouvernement a autorisé des importations exemptes de droits pour la
farine de blé en provenance d’Argentine afin de contrôler le prix du
pain au niveau local. En Bolivie, le gouvernement a autorisé
l’armée à exploiter certaines boulangeries industrielles pour que du
pain soit produit à des prix abordables pour les groupes de population
les plus vulnérables.
Ailleurs dans le monde, les pays tributaires des importations de céréales, tels que le Cap-Vert, la Gambie, l’ Érythrée, la Somalie, le Lesotho et le Swaziland en Afrique, ou la Mongolie, le Sri Lanka et le Timor-Leste
en Asie, qui, même lors des bonnes années agricoles importent au moins
50 pour cent de leur consommation totale de céréales, font partie des
pays les plus affectés à cause du niveau élevé des prix des céréales
sur les marchés mondiaux. |
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