Parti des travailleurs, membre de l'Entente internationale des travailleurs et des peuples

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Le non "antilibéral" d'ATTAC et les filières de soins

ATTAC vient de prendre position pour le non à la Constitution européenne. La presse donne une certaine publicité à cette prise de position.

Selon L'Humanité (13 décembre), non seulement ATTAC a pris position pour le non, mais l'association se propose d'être à l'initiative d'" une coordination nationale des partisans d'un "non" antilibéral " à la Constitution européenne.
" Non antilibéral" ? Qu'est-ce que cela veut dire précisément ? Selon l'actuel président d'ATTAC, Jacques Nikonoff : " La véritable question de ce référendum sera la suivante : "Oui ou non au néolibéralisme". "
Bon. Mais l'Union européenne existe-t-elle ou non ? Qu'a-t-elle décidé ?
Quelles sont les conséquences sur la vie quotidienne des salariés, de toute la population ? N'y aurait-il rien à dire là-dessus ? Nous allons voir ce qui se passe pour la Sécurité sociale. Le 21 avril 2004, la Commission européenne a exigé des Etat membres qu'ils " adaptent les systèmes de protection sociale, y compris les soins de santé ". Comment ? En " développant des politiques de prévention et d'orientation à l'intérieur des filières de soins permettant de réduire le recours à une prise en charge lourde, en particulier les soins hospitaliers. "
Qu'est ce qu'une " filière de soins" ? Il suffit de prendre la nouvelle convention médicale (lire article page 4). Au centre, il y a le " parcours de soins " : il est interdit au malade de consulter directement le spécialiste en ville ou à l'hôpital, sauf s'il paie de sa poche ! Eh bien, c'est cela une " filière de soins" ! Celui qui ne peut pas payer, comment se soigne-t-il ? Chacun imagine les conséquences pour les malades !
Ne faut-il pas en parler ? Peut-on dire que, avec cette convention, les malades ont encore accès à tous les soins que la la Sécurité sociale de 1945 leur garantissait jusqu'à maintenant et ce jusqu'à leur guérison quel que soit le coût ? N'est-ce pas cela l'Union européenne ?
LA PRIVATISATION DE LA SÉCURITÉ SOCIALE, FAUT-IL EN PARLER ?
Pour notre part, nous pensons que l'Union européenne, ce sont toutes ces mesures qui s'attaquent à la vie quotidienne de tous.
Le 18 mai 2004, l'ex-président de la Commision européenne, Romano Prodi félicitait le gouvernement français : " On va faire 115 milliards d' écomies pour la santé. C'est quelque chose d'absolument remarquable."
Remarquable, pour Romano Prodi, le rationnement des soins, alors que les patrons ont empoché 133 milliards d'euros d'exonérations en douze ans ! Et ils en veulent encore plus !
Si ATTAC a une position sur ces questions, pourquoi ne la donne-t-il pas ? Pour notre part, nous estimons qui'il n'est pas possible d'accepter les fermetures de lits qui ont déjà abouti, en région parisienne, à fermer 1 000 lits pour les personnes âgées et des services entiers d'accueil des malades psychiatriques , qu'il n'est pas possiible d'accepter que le gouvernement impose comme objectif aux médecins de réduire de 10 % les prescriptions d'antibiotiques, alors que les médecins constatent un retour de la scarlatine lié à des angines mal soignées. C'est pourquoi nous lions le non à la Constitution européenne à la revendication de réouverture des lits et des services fermés à la revendication de rétablissement de la liberté de prescription des médecins et des droits des malades.
Nous ne cherchons pas à polémiquer, mais nous avons lu dans un document d'ATTAC, daté du 14 décembre, intitulé : " Europe et monopole de la Sécurité sociale" : " En octobre dernier, le journal Le Parisien s'est fait l'écho de la campagne engagée par le patron de Buffalo Grill pour inciter ses employés à quitter la Sécurité sociale (...) et ce en invoquant les directives européennes. "
C'est clair : le patron de Buffalo Grill, qui veut détruire la Sécurité sociale, s'appuie, pour ce faire, sur les directives européennes.
Que dit l'article L.III-144 de la Constitution européenne : " Les restrictions à la libre prestation de services à l'intérieur de l'Union sont interdites. " Or cela vise directement la santé (lire page 3). Qui peut dire que cela ne signifie pas que les assurances privées sont incitées à investir ce qu'elles appellent le " marché de la santé " ?
Qui peut dire que ces dispositions ne les incitent pas à réaliser leur profit sur le dos des malades ?
Qui peut dire que cela ne met pas à la disposition du MEDEF, et du patron de Buffalo Grill, l'outil de privatisation de la Sécurité sociale fondée en 1945 ?
Or que dit ATTAC ? " Dire aujourd'hui que l'adoption du traité constitutionnel entraînerait automatiquement la suppression du monopole de la Sécurité sociale serait à la fois faux et désarmant pour les batailles futures en cas d'adoption de celle-ci."
Qu'est-ce à dire ? Ce n'est pas sérieux. Chacun comprend que l'Union européenne organise la marche à la privatisation de la Sécurité sociale, comme elle le fait d'ailleurs pour tout. Faut-il en parler ?
Nicole Villa     (semaine du 3 décembre 2004 au 5 janvier 2005 - n°672)

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"Nous n"allons pas simplement dire aux citoyens : "Votez non !"

Jacques Nikonoff, ex-membre du comité centrale du PCF et président d'ATTAC, se déclare de son côté un partisan résolu de ce "mouvementisme en vogue". Lors de l'assemblée annuelle d'ATTAC, il explique : " Dans quelle autre organisation existe-il des dirigeants qui ne sont pas membres de l'organisation ?", et d'en fournir l'explication : " Parce que les membres fondateurs désignent eux-mêmes leur représentant au conseil d'dministration. " Ce sont donc "les membres fondateurs", qui, par définition, ne sont pas élus, qui désignent les dirigeants du conseil d'administration d'ATTAC, sans en être eux-mêmes membres. Quelle belle leçon de démocratie !
Et ce même Nikonoff, traitant des résultats du référendum interne d'ATTAC sur la "Constitution" européenne décidée par le conseil d'administration, s'adresse aux 11% d'adhérents qui se sont pronocés en faveur de la "Constitution" européenne en déclarant "qu'ils ont toute leur place, (car) nous n'allons pas simplement dire aux citoyens "voter non!" Nous allons continuer à argumenter pour dire ceci : la véritable question à laquelle il faut répondre est la suivante : oui ou non au libéralisme."
Il serait donc, pour Nikonoff, secondaire d'appeler à "voter non", la seule véritable question serait donc, selon lui, qu'on appelle à voter oui ou non au référendum, de se prononcer ensemble contre le "libéralisme" !
C'est ainsi qu'on voit se dessiner la convergence organisée des partisans d'un "non-oui" et des partisans d'un "oui-non" dans le grand "mouvement apartidaire de la société civile".
(semaine du 3 décembre 2004 au 5 janvier 2005 - n°672)

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"Constitution" européenne :
quelques questions sur les positions d'ATTAC, de la LCR et du PCF

L'éditorial de notre journal développe les raisons du Parti des travailleurs d'appeler à la mobilisation pour la victoire du vote non. Plusieurs organisations, comme ATTAC, la LCR et le PCF, se sont également prononcées pour le non à la " Constitution " européenne. On lira ci-dessous quelques-unes des raisons données ces derniers jours par ces organisations pour appuyer leur décision. Raisons qui, on le verra, ne sont pas sans soulever quelques questions.

Dans une tribune dans Libération du 4 janvier, M. Nikonoff, président d'ATTAC, commence par rappeler que son organisation s'est prononcée en faveur du non à la " Constitution " européenne. S'indignant à propos des quelque 30 millions d'euros débloqués par l'Union européenne pour les pays sinistrés du Sud-Est asiatique, il accuse : " Rien n'est plus symbolique que cette attitude de l'Union européenne." Pointant du doigt " un des articles du traité constitutionnel (qui) stipule que "le budget de l'Union est, sans préjudice des autres recettes, intégralement financé par ses ressources propres" ", Nikonoff se plaint que " l'Union européenne, contrairement aux particuliers, aux entreprises et aux Etats, ne peut emprunter. Or, poursuit-il, l'emprunt permet des investissements dans les grands travaux d'infrastructures publiques, que ce soit en Europe ou au titre de la solidarité internationale. "
Pour lui, " cette castration politique de l'Europe, dont nous avons aujourd'hui un exemple emblématique, ne pourra que renforcer notre détermination à assurer le succès du non lors du référendum".
LA CONSTITUTION, UNE "CASTRATION POLITIQUE" DE L'UNION EUROPÉENNE
Faudrait-il comprendre qu'il faut " voter non " à la " Constitution " européenne parce que la " Constitution " castrerait la politique de l'Union européenne ?
Mais la politique de l'Union européenne, n'est-ce pas toutes les mesures prises depuis douze ans, lors de la ratification de Maastricht ? Est-ce que ce ne sont pas les privatisations, la remise en cause des services publics, la casse des droits sociaux, la " libéralisation " du transport, de l'énergie, la remise en cause des retraites, de la protection sociale, la " réforme " LMD et la " réforme " de l'école ?
Et la " Constitution " européenne n'en est-elle pas le prolongement et le parachèvement ? La question ne se pose-t-elle pas en conséquence de rompre précisément avec toute cette politique pour laquelle l'Union européenne a été constituée et organisée ?
Pour sa part, la LCR de Besancenot et Krivine a pris position pour le non, mais, précisent-ils, un " non de gauche ", et " anticapitaliste ", qui les a amenés à se regrouper avec d'autres sur la base d'un appel dit des " 200 ".
Commentant cet appel, le journal de la LCR, Rouge, précise qu'il " récuse tout repli souverainiste pour dessiner les contours d'une Europe refondée" (28 octobre 2004). Question : défendre, les
"LE PARLEMENT EUROPÉEN DEVRAIT AVOIR LE POUVOIR DE LÉGIFÉRER"
diplômes nationaux, les services publics nationaux, les conventions collectives nationales, etc. - autant de mots absents de l'appel - relèverait d'un " repli souverainiste " ?
A propos du Parlement européen, Rouge écrit : " Le Parlement européen, élu au suffrage universel direct, devrait avoir le pouvoir de légiférer" (n° 2085, 4 novembre 2004). Mais le Parlement européen ne peut légiférer que dans le cadre du traité de Maastricht.
Et Rouge de regretter que le " projet de Constitution ne bouleverse pas les équilibres entre les pôles de pouvoir. Une autre raison de voter non" (Rouge, 4 novembre 2004).
Il faudrait donc voter non pour renforcer les pouvoirs du prétendu " Parlement " européen, qui vote toutes les contre-réformes.
Dans la troisième des fiches que publie Rouge chaque semaine pour argumenter pour le non, on peut lire, à propos de la Banque centrale européenne (BCE) - qui, rappelons-le, a été mise en place avec l'instauration de l'euro comme machine de guerre contres les travailleurs et les peuples : " La BCE n'est pas censée se préoccuper du cours de l'euro, mais la priorité accordée à la stabilité des prix implique de fait une tendance permanente à sa surévaluation, alors même que la baisse du dollar dégrade la compétitivité des produits européens" (23 décembre 2004). Certes, certes...
Mais Rouge insiste : " Une véritable banque centrale devrait au contraire être mise au service du développement et de l'harmonisation ", alors qu'on sait que la mission principale de la Banque centrale européenne est de veiller au respect de la règle des 3 % de déficit public, exigeant la liquidation des services publics, de la santé et de l'école, notamment. Pourquoi ne pas l'écrire ?
Pourquoi ne pas dire que l'Union européenne est une machine de guerre pour détruire l'ensemble des acquis des travailleurs.
La dénonciation du " libéralisme " par Rouge n'accrédite-t-elle pas l'idée que le slogan de ce journal, " Une autre Europe est possible ", signifierait " une autre Union européenne est possible " ?
LUCIEN GAUTHIER     (semaine du 6 au 12 janvier 2005 - n°673)

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ATTAC : "Ni urgence, ni affolement"

Dans la dernière circulaire d'ATTAC, on peut lire, sous le titre " Ni urgence, ni affolement, la vie continue dans l'Union européenne ", une question et une réponse.
La question : " Que se passe-t-il vraiment si la France ou un autre pays refuse de ratifier la Constitution ? "
La réponse : " Strictement rien. Le traité de Nice en vigueur, ainsi que les traités précédents, continuent à régir l'Union européenne. "
Le vote non ne changerait donc " strictement rien". On peut le faire en toute quiétude, car, dixit la note, cela " n'empêche pas l'Union européenne de fonctionner ". Il serait donc faux de penser que la victoire du non porterait un coup d'arrêt à l'Union européenne, poserait la question de l'abrogation du traité de Maastricht.
Confessons la surprise de partisans du vote non, pour qui le rejet de la " Constitution" européenne doit constituer un premier acte de la rupture avec tous les traités, toutes les directives.
(semaine du 20 au 26 janvier 2005 - n°675)

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