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Daniel Cohn-Bendit, l'invité permanent des médias
Il y en a comme cela qu'on entend presque tout le temps sur les ondes. Je parle de France Inter, car je n'écoute pas d'autre radio. Trop de pub. L'invité incontournable, c'est le Cohn-Bendit. Celui-là, il se présente toujours comme le " monsieur je sais tout " (et je le dirai). Il ne manque jamais d'un micro conciliant pour lui, l'ex, devenu Vert et député... européen.
Débat sur la laïcité. Voilà sa grande gueule. Je ne vais pas faire de recherches pour savoir ce qu'il a dit, ce matin-là, entre 8 h 20 et 9 heures, mais j'ai bien compris le message. Faut-il laisser les jeunes filles musulmanes porter le voile islamique, comme il faut laisser tout un chacun porter les signes religieux de son choix, kippa et autres croix et bannières ! La loi de 1905 ? Archaïque. Si on n'est pas tolérant, ces pauvres êtres sans défense seront livrés aux imams et autres clercs (c'est clair) dans les écoles coraniques, hébraïques ou confessionnelles. Des écoles confessionnelles, c'est vrai, il y en a : j'ai vérifié en Bretagne, où l'enseignement catholique scolarise 40 % des enfants, avec, pour l'essentiel, l'argent des contribuables. Mais, si on comprend bien, ce sont les imams et autres qui viendront directement enseigner leurs dogmes à l'école, faire du prosélytisme à bon marché. Entre deux prières, on pourra peut-être faire de maths, du français, de la gym (si on y est autorisé par l'autorité représentative de Dieu - lequel - sur terre) ou de la bio...
1936 et 1945 ça te dit quelque chose?
L'autre matin, c'était encore à toi. Sujet : la " Constitution " européenne. Tu avais trouvé le ton, car le sujet te tient à cœur, toi le député européen. Grandiose. Démonstration : ceux qui sont contre l'Europe (la Constitution, mais faut bien amalgamer), ce sont les fascistes et les nostalgiques de la Révolution française. Rien que ça. Tu décoiffes, le soixante-huitard converti au libéralisme! Pendant la Seconde Guerre mondiale, Hitler et les nazis avaient installé le Reich pour mille ans.
Une Europe des régions, comme celle de Maastricht. Les indépendantistes de tout poil ont largement collaboré avec les fascistes. Ils avaient des gages. Aujourd'hui, on les retrouve pour défendre la " Constitution " que tu nous présentes comme la panacée! En Bretagne, on a été servi avec nos Breizh Atao.
Comme par hasard, tu trouves les mêmes arguments que ces chantres de la décentralisation que sont les régionalistes, nostalgiques de l'Ancien Régime. Leur ennemi juré : les vieux ringards jacobins de la Révolution française, attachés à la souveraineté de la République, une et indivisible. Ils ne pardonnent pas à cette révolution d'avoir mis à bas les privilèges de la noblesse, l'emprise permanente de l'Église sur les consciences... Ils ne lui pardonnent d'avoir créé les conditions qui ont permis des avancées pour la classe ouvrière. Plus de patrons de droit divin! Dans le sang, bien souvent, car la Révolution française a installé la bourgeoisie au pouvoir. Lutte des classes. Des révolutions, il y en a donc eu d'autres. La plus tragique fut incontestablement celle de la Commune de Paris.
Le mouvement ouvrier a construit petit à petit, en reculant quelquefois, à force de grèves et d'opiniâtreté, la civilisation d'aujourd'hui.
1936 et 1945, ça te dit quelque chose?
Le droit à la retraite après 37,5 annuités en était, la protection sociale en est encore. Ton Europe a décidé d'en finir avec tous ces acquis, ces statuts exorbitants, comme l'a dit un commissaire européen. Ils l'ont dit à Barcelone en mars 2002, socio-culs et réactionnaIres.
Cette Europe que tu défends bec et ongles, c'est celle de pouvoir exploiter tous les peuples d'Europe sans entrave. Liberté : celle de la concurrence. Égalité : celle pour tous les patrons d'exploiter avec les mêmes avantages, de Saint-Nazaire à Bucarest.
Fraternité : du capital! On se croirait revenu au XIXe siècle.
Et c'est nous les ringards?
FRANÇOIS LE PIVERT
(semaine du 26 novembre au 2 décembre - n°617)
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Le président de la Commission européenne, Romano Prodi, a reçu, le 23 mars, une délégation de partisans de " l'Europe sociale ", qui veulent rééquilibrer la future " Constitution".
La délégation était composée de plusieurs responsables social istes et écologistes français et belges, dont le président du PS belge et le responsable Vert français Noël Mamère. Ils revendiquent que l'Union européenne " reconnaissent à égalité avec le principe de concurrence le principe d'intérêt général ".
Des responsables politiques européens, comme l'ancien président de la Commission européenne Jacques Delors, soutiennent cette démarche, ont indiqué les membres de la délégation (AFP, 23 mars).
(semaine du 14 au 20 avril 2004 - n°636)
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