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Emilio Gabaglio, secrétaire de la mal nommée Confédération européenne des syndicats (CES) prépare le Forum social européen de Florence (2002). Que dit-il? "Il faut à nos yeux une gouvernance mondiale de la globalisation économique et, dans le même temps, une globalisation des droits humains, de la justice sociale." C'est ce que revendiquent également les dirigeants du FMI et de l'OMC.
"Nous nous opposons, poursuit-il, à ceux qui préconisent un repli de l'État national". Et, pour faire bonne mesure, de regretter "que l'on n'avance pas vers une véritable gouvernance de l'économie européenne pour mettre les acquis - le marché et la monnaie uniques - au service du développement durable..."
Le marché commun européen et l'euro sont, d'après Gabaglio, des acquis à défendre. Plus facile à dire dans les colonnes de L'Humanité ou au Forum social européen de Florence que devant les ouvriers de Fiat.

Gabaglio va au sommet de Florence "dans le même état d'esprit que celui qui l'a conduit à Porto Alegre. Nous partageons les préoccupations de cette mouvance (...). Nous considérons que l'Union européenne en tant que telle, cette Europe que nous voulons continuer de construire, peut constituer un antidote, un contrepoids au processus de globalisation débridée."
Voilà l'Union européenne baptisée "antidote de la globalisation débridée", comme l'euro serait l'antidote du dollar. Quel syndicaliste qui réfléchit peut avaler de telles couleuvres?

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La Confédération européenne des syndicats (CES) a adopté les 9 et 10 octobre 2002, lors de son comité exécutif, une contribution à la Convention européenne présidée par Giscard, intitulée : "Un traité constitutionnel pour une Europe sociale et des citoyens."
Dès l'introduction du document, le ton est donné : « La CES souscrit à la nécessité et à l'objectif d'adopter désormais un "traité constitutionnel européen" (qui serait un jalon historique sur la voie d'une authentique "Constitution"). »
Or le principe même de l'élaboration d'une Constitution européenne est un pas majeur dans la destruction de toute souveraineté nationale et de tous droits nationaux.
Et sur quelle ligne, cette Constitution européenne? Pour la CES, « un aspect primordial a trait au rôle renforcé que doivent jouer les partenaires sociaux et de prévoir dans le "traité constitutionnel européen" un système européen de relations industrielles ».
Que cache cette formule?
Plus loin, la CES revendique une "gouvernance économique européenne", avec cette précision majeure : "Le but devrait être d'établir un cadre auquel tous les États membres participeraient, et dans lequel les partenaires sociaux joueraient un rôle institutionnalisé."
Les organisations syndicales nationales dont la CES revendique le monopole de la représentation devraient ainsi désormais être juridiquement un rouage des institutions de l'Union européenne ?
Ce serait faire disparaître ce qui a toujours fondé la base des organisations syndicales, à savoir la défense des intérêts distincts des salariés face aux gouvernements et au patronat.
Et sur quelle ligne, ce rôle institutionnalisé ? La CES n'a pas peur d'exiger "de garantir que l'objectif de l'équilibre budgétaire soit établi, que les dépenses d'investissements ne conduisent pas à un déficit".
C'est, en clair, l'alignement total sur les critères de Maastricht et les coupes dans tous les budgets des services publics!
Peut–on encore prétendre honnêtement parler d'une organisation syndicale à propos de la CES?

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Dans le document que la CES veut faire adopter par les confédérations de chaque pays lors de son congrès (mai 2003), il est écrit :
« Défendre la stratégie du sommet de Lisbonne (…). Les syndicats doivent s'impliquer dans le processus des réformes, la formation et l'apprentissage tout au long de sa vie. »
Au moment où les travailleurs, dans notre pays et dans de nombreux autres, combattent les contre–réformes impulsées par les gouvernements et le patronat, la CES voudrait que les confédérations, dans chaque pays, participent à ces contre–réformes.
Elle ne s'arrête pas là, puisque, concernant les élections européennes de 2004, elle veut faire voter lors de ce congrès le concept suivant :
« Accroître la participation aux élections européennes de 2004, afin que les élus bénéficient d'un soutien populaire. » Et, dans le même temps, elle propose de « promouvoir les services d'intérêt général » et de « revendiquer une réglementation démocratique des services publics libéralisés, avec implication des syndicats et des autres parties concernées ».
N'oublions pas que cette directive, corédigée par le patronat et la CES elle–même, doit permettre l'ouverture à la concurrence de tous les secteurs et services publics, c'est–à–dire à la privatisation massive.
« Soutenir le pacte de stabilité (…). Promouvoir la création, auprès de la Banque centrale européenne, d'un comité consultatif composé des partenaires sociaux (…). La participation des syndicats dans les restructurations, y compris les fusions–acquisitions (…). »
D'ailleurs, pour la CES, « les partenaires sociaux doivent devenir des corégulateurs au niveau européen ».
Mais que dit la CES, dans ce document, sur la question des retraites?
Elle propose « de sauvegarder les systèmes de pension légale comme majeure partie des droits de pension et de défendre le cadre juridique de l'Union européenne pour la mise en place de fonds pension (…). Privilégier des formules permettant un passage progressif de la vie professionnelle à la retraite sur une base volontaire, tout en luttant contre l'exclusion des travailleurs âgés du marché du travail. »
Les choses sont donc claires. Il s'agit du soutien inconditionnel aux décisions du sommet de Barcelone, qui allonge de cinq ans le nombre d'annuités, document signé par Jospin et Chirac à cette occasion.
C'est l'inverse de ce que réclament les travailleurs dans la rue, dans notre pays. Alors, les confédérations syndicales vont–elles voter à Prague contre le mandat des travailleurs et de l'immense majorité des syndiqués?
Alors, pour toi, la CES n'est pas un syndicat?
Non. Cette organisation ne vise qu'à intégrer les syndicats à des objectifs destructeurs. Elle propose un rapprochement du capital et du travail. Elle propose de s'intégrer dans tous les forums avec les ONG, les gouvernements, les institutions internationales…
Comme si le rôle des syndicats était celui–là : « La CES doit intensifier son engagement avec les groupes de la société civile au sein du Forum social mondial et du Forum européen. »

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Extraits du livre d'Émilio Gagaglio, secrétaire général de la CES de 1991 à 2003 : Qu'est-ce que la CES?
« À la différence des syndicats nationaux, l'évolution de la CES ne relève pas de la lutte des classes, mais de l'institutionnalisation de la politique européenne. »
Les retraites? Citons : « Il faut adapter les régimes de protection sociale aux nouvelles formes de travail, à l'évolution des structures familiales et au vieillissement démographique. Les droits à la protection sociale doivent être des droits individuels. »
Il s'agit là très exactement des arguments de la Commission européenne et des gouvernements pour justifier l'allongement de la durée de cotisation. Et cela ne s'arrête pas là : « La défense de la pérennité des régimes de pension publics, reposant sur la solidarité entre les générations et financés par répartition, reste notre priorité absolue. En raison du vieillissement démographique, les États membres doivent se préparer à une hausse des coûts des pensions. Il faut constituer des réserves pour soutenir les régimes statutaires à long terme. Les fonds de pension professionnels ne peuvent constituer qu'un second régime de pensions. »
Donc la CES accepte les fonds de pension… et, par là même, la liquidation des retraites par répartition.
La flexibilité? L'aveu : « La CES est attachée au plein emploi, car le travail est un droit. Néanmoins, elle est consciente que le sens de l'expression "plein emploi" a évolué. Elle ne signifie plus et ne peut plus signifier que la moitié de la population – plutôt masculine – est assurée d'un emploi à vie chez le même employeur.
Une conception moderne du plein emploi prend en compte des changements d'employeur, ainsi que des sorties et des retours sur le marché du travail. Cette position nous vaut d'être accusés de consentir à la flexibilité. Cette critique n'a pas de sens. La flexibilité à laquelle nous consentons est une flexibilité négociée. »
Peut–on être plus clair?
Les privatisations : « La CES a toujours défendu le principe que lorsqu'on ouvrait des marchés, il faut que cela se fasse d'une manière contrôlée et durable avec une régulation démocratique de ces secteurs. Vis–à–vis de la propriété publique ou privée des services, nous adoptons une position de neutralité. »
Neutralité? Donc pour la CES, tous les services publics peuvent être privatisés. On appellera cela services d'intérêt général (SIG). Mais la CES met une "condition" : « Il faut absolument éviter qu'un monopole public – contrôlé soit simplement remplacé par un monopole privé – non contrôlé. »
Mais, si le monopole privé est prétendument « contrôlé », alors là, pour la CES, pas de problème. Il suffit de voir ce qui s'est passé avec la privatisation de France Télécom, qui a été accompagnée de la mise en place d'une « Autorité de régulation des télécommunications » (ART). La privatisation a donc été « contrôlée », comme le demande la CES. Mais cela n'a empêché ni l'effondrement en Bourse, ni les milliers de suppressions d'emplois.
Voilà les véritables positions de la CES.

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Dans une « lettre commune » avec les organisations patronales européennes adressée à la Commission européenne, datée du 16 septembre, la CES écrit que : « les partenaires sociaux sont favorables à la démarche de rationalisation telle que proposée par la Commission européenne, qui a pour objectif de conforter la dimension économique et sociale de la stratégie de Lisbonne ».
Précisons... La « stratégie de Lisbonne », adoptée en 2000 sur proposition de la Commission européenne par les gouvernements réunis lors d'un Conseil européen, a, entre autres, décidé « d'accélérer la libéralisation dans les secteurs tels que le gaz, l'électricité, les transports et les services postaux ». La CES dit donc elle-même qu'elle y est favorable.
La « lettre commune» poursuit : « Ils (les "partenaires sociaux") soutiennent aussi la synchronisation proposée des calendriers des processus de coordination pour l'emploi, la protection sociale et la politique économique » . Concernant la retraite, rappelons que ce « calendrier » exige d'augmenter de cinq ans l'âge de départ à la retraite : « Il faudrait chercher d'ici 2010 à augmenter progressivement d'environ cinq ans l'âge moyen effectif auquel cesse, dans l'Union européenne, l'activité professionnelle », a-t-il été en effet décidé au Conseil européen de Barcelone (mars 2002).
Ce programme de destruction sociale de l'Union européenne, la CES le revendique donc totalement, et elle le revendique même en commun avec les patrons!

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La bien mal-nommée « Confédération européenne des syndicats » (CES), qui a corédigé le projet de « Constitution européenne » s'en est félicitée en ces termes, le 13 juin 2003 : « Par rapport aux exigences posées par le mouvement syndical, des avancées ont été réalisées, avec toutefois des limites évidentes. » Et de saluer « la reconnaissance du rôle des partenaires sociaux et du dialogue social, résultat positif », en concluant : « S'adressant à notre congrès de Prague, le président Valéry Giscard d'Estaing nous a parlé d'une "Constitution démocratique, moderne et sociale". Pour le social au moins, des efforts restent à faire. »


La CES écrit, dans un mémorandum déposé le 18 septembre 2003, lors d'une entrevue auprès du président du Conseil italien, SilvioBerlusconi : « la Convention européenne a présenté un avant-projet de traité constitutionnel, qui (...) représente un remarquable pas en avant »


John Monks, secrétaire général de la CES, a déclaré à Rome, le 4 octobre 2003 : « La nouvelle Constitution pour l'Europe doit refléter les valeurs de l'Europe sociale. C'est le cas du projet rédigé par la Convention. J'adresse le message suivant aux dirigeants des Etats-nations alliés aux forces sombres du conservatisme : bas les pattes devant ce projet! »

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Le secrétaire général de la CES, dans un discours au cours de sa manifestation (4 octobre 2003), a tenu à se présenter comme le défenseur intransigeant du projet de « Constitution » européenne :
« Aujourd'hui, nous manifestons pour l'avenir, un avenir où l'Europe sociale sera un phare pour le monde (...). La nouvelle Constitution pour l'Europe doit refléter ces valeurs. C'est le cas du projet rédigé par la Convention. J'adresse le message suivant aux dirigeants des États-nations alliés aux forces sombres du conservatisme : bas les pattes devant ce projet! »
C'était une confirmation du mémorandum qu'il avait déposé le 18 septembre lors d'une entrevue auprès du président du Conseil italien, Silvio Berlusconi :
« Aux yeux de la CES, lit-on dans ce texte, la Convention européenne a présenté un avant projet de traité constitutionnel, qui, dans le contexte politique actuel, représente un remarquable pas en avant vers une Union européenne plus efficace, plus démocratique et, dans une certaine mesure, plus proche des préoccupations et aspirations des citoyens et citoyennes. »
UNE ORGANISATION QUI A USURPÉ LE NOM DE SYNDICAT
« L'Europe a besoin d'une gouvernance économique renforcée, fondée sur l'application intelligente des dispositions du traité actuel. » Autrement dit, la CES demande que le traité de Maastricht, qui permet à la Commission européenne de privatiser, de déréglementer, de détruire les nations avec l'arme de la régionalisation et de l'euro, soit appliqué intelligemment.


Le commissaire européen Pedro Solbes, exigeant 6 milliard de coupes supplémentaires dans le projet de budget du gouvernement français a lancé quelques pistes : « La France doit faire des réformes structurelles détaillées dans les grandes orientations de politique économique (GOPE). Un pas a été fait sur la réforme des retraites, nous demandons de réformer le système d'assurance-chômage, celui de la santé. Le gouvernement français sait très bien les réformes qui sont nécessaires, et il y travaille (...), mais il nous faut des engagements et un calendrier de réformes précis ».
(Le Monde, 12 octobre 2003).

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L'Europe des transports, c'est la privatisation

Le 14 janvier, Loyola de Palacio, vice-présidente de la Commission européenne, en charge de l'Énergie et des Transports, a prononcé un discours devant la Banque européenne d'investissement sur la politique européenne des transports. Son axe ? " Il est nécessaire d'inciter activement la participation du capital privé (...). La Commission calcule qu'autour de 20 % des investissements nécessaires aux projets prioritaires pourraient être réalisés par le secteur privé. "
Et comme on sait, qui paie commande. Derrière les discours sur le réseau transeuropéen, c'est la privatisation.
(semaine du 21 au 27 janvier 2004 - n°624)

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