Parti des travailleurs, membre de l'Entente internationale des travailleurs et des peuples

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Luc Ferry, ministre de l'Éducation nationale : "On se retrouve sur tout"
Le président Jacques Chirac a mandaté son ministre de l'Éducation, Luc ferry, au Forum social mondial de Porto Alegre, "étape incontournable pour tout gouvernement de droite ou de gauche", note Le Parisien (24 janvier).
M. Ferry veut fermer les classes à tour de bras à la rentrée prochaine, et même des écoles entières. Il veut disloquer l'école républicaine, la remettre aux régions, trouve qu'on s'y "ennuie". Il s'apprête à jeter au chômage 20 000 aides-éducateurs, à détruire le statut national de tous ses personnels. Et qu'a-t-il dit à sa descente d'avion? "Un gouvernement comme le nôtre ne peut pas se désintéresser du plus grand mouvement social dans le monde."
Et le ministre a participé aux débats : "On se retrouve sur tout, c'est presque social-démocrate, je m'attendais à un truc plus radical", s'est-il félicité.
NICOLE FISCHER    (semaine du 15 au 21 janvier 2003- n°572)

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D'un Forum mondial de l'éducation à l'autre, une parfaite continuité :
celle de l'adaptation au plan de destruction de l'enseignement public

Le deuxième Forum mondial de l'éducation s'est tenu à Porto Alegre (Brésil) en janvier 2003 ; décision y a été prise d'élaborer une « plate-forme mondiale de l'éducation ».
Cette plate-forme doit confirmer les principes et les valeurs consignés dans une charte adoptée en octobre 2001, lors du premier Forum mondial.
On y traite d'une « éducation publique et de qualité pour tous les hommes et femmes ». On y parle « d'école citoyenne », fondée sur un « programme inter et multiculturel sensible aux différences, source de pratiques démocratiques, avec des processus d'évaluation émancipatrice et productrice de connaissances qui préparent tous les êtres humains à une citoyenneté active ».

L'école est un droit et non une marchandise! Certes, mais ce droit est décliné d'une curieuse manière par les promoteurs du Forum mondial de l'éducation ; il ne s'agit plus de rétablir le droit à l'instruction :
« Il convient de transformer beaucoup de pratiques pédagogiques actuelles, il ne s'agit pas seulement de défendre l'école publique, mais aussi de la transformer ; (...) cela implique le respect de principes d'organisation démocratiques : organisation du curriculum par cycles pluri-annuels plutôt que par classes d'une durée d'un an, en prenant garde que les pratiques correspondant à cette organisation par cycle soient mises en place ; gestion démocratique et participative des établissements avec participation des élèves eux-mêmes, de représentants des parents, de représentants de la communauté ; réunions régulières entre enseignants et développement de pratiques pédagogiques en équipes interdisciplinaires. »
La démocratie participative appliquée à l'école, en quelque sorte : les élèves eux-mêmes et leurs parents associés, avec les « représentants de la communauté » appelés à supprimer la notion de classe, avec tout ce qui l'accompagne, le programme, le niveau scolaire, les connaissances acquises à chaque niveau!
Et le Forum mondial ne manque pas d'« experts ». Luc Ferry, acteur des forums, y a proposé à son homologue brésilien de s'inspirer de sa politique, en particulier sur l'enseignement professionnel et l'enseignement supérieur!
Autonomie des universités, destruction des titres et diplômes nationaux, abandon au patronat de la formation professionnelle. Jack Lang, autre participant, y a estimé « fondamental de travailler en fonction des situations locales ». Le contraire d'une école publique nationale avec de mêmes droits pour tous les élèves, de mêmes programmes, de mêmes horaires, des maîtres au statut identique. L'Union européenne préconise, comme l'ancien ministre, une formation décentralisée, « car c'est au niveau local que les organisations de la société civile et les associations sont le mieux implantées ».
Le ministre et son prédécesseur ont côtoyé à Porto Alegre d'éminents syndicalistes et de nombreux spécialistes, experts en « sciences de l'éducation » ; ainsi va la pratique consensuelle des forums.
LE FORUM MONDIAL DE L'ÉDUCATION VEUT SUPPRIMER LA NOTION DE CLASSE :
LE PROGRAMME, LE NIVEAU SCOLAIRE, LES CONNAISSANCES ACQUISES !

Pour les signataires des chartes et déclarations du Forum mondial, l'école publique est « un espace et un moment de rencontres entre hommes et femmes de tous âges avec des trajectoires jusqu'ici à peine entrevues ».
Ce jargon peut être éclairé par la « revendication d'une éducation publique gratuite et de qualité pour toutes et tous, qui soit accessible tout au long de la vie », et l'exigence faite aux gouvernements « d'offrir une éducation de base obligatoire d'au moins neuf ans » (le curriculum) ! Au nom de la formation tout au long de la vie, le droit à l'instruction serait réduit à un minimum « de base ».
Sur tous les continents, l'existence même de l'école publique est menacée, en application d'une politique initiée par les institutions internationales (Banque mondiale, FMI, OMC, Union européenne). Cette politique se traduit par la remise en cause du service public d'éducation. Et cette offensive destructrice est développée au nom de la « formation tout au long de la vie ».
Les plus lourdes menaces pèsent sur les systèmes nationaux d'éducation ; l'Assemblée générale de l'OIT de juin 2003 va discuter de la révision de la recommandation 150 sur la formation professionnelle ; cette révision se ferait aussi au nom de la « formation tout au long de la vie » et entérinerait la substitution des compétences aux qualifications, le remplacement du droit à la scolarisation par l'éducation dite « non formelle » ou « informelle », qui compléteront le minimum « de base ». De ces menaces immédiates, les chartes et déclarations du Forum mondial de l'éducation ne parlent pas.
Il est nécessaire d'établir en toute clarté que le Forum mondial de l'éducation et toutes ses succursales s'appliquent à maquiller et à relayer les positions qu'ils prétendent combattre.
Contre les privatisations, contre la déréglementation, pour la défense des conventions collectives et des statuts, pour la défense des services publics d'éducation, la conférence internationale de juin 2003 (1) fournira des points d'appui à la résistance qui s'exprime sur tous les continents.
HUBERT RAGUIN     (semaine du 14 au 20 mai 2003 - n°589)

(1) Conférence internationale contre la guerre, pour la défense de l'enseignement public, organisée à l'initiative de l'Entente internationale des travailleurs et des peuples, le 14 et 15 juin 2003.

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Réflexions à propos d'un "forum social" sur l'école

CORRESPONDANCE
Je vous fait parvenir un article de La Provence, datée du 27 août, avec quelques réflexions comme contributions au débat sur les forums sociaux.
Sous le titre : « Des professeurs ouvrent le débat avant la rentrée », La Provence nous informe qu'un « groupe d'enseignants s'est réunis hier au théâtre Toursky à Marseille pour discuter de l'avenir de l'école républicaine et de cette nouvelle année scolaire qu'ils veulent résolument différente ». Nous apprenons que « le public est composé d'enseignants, quelques visages connus du SNES, de SUD, de la CFDT, ils sont là à titre individuel... » Le ton est à l'« antimondialisation » et à l' « altermondialisation ». L'orateur du matin est Samuel Joshua (élu LCR des quartiers nord de Marseille). Pour le journaliste de La Provence, « ces assises à petite échelle constituent un échantillon d'une gauche qui se cherche et se retrouve au chevet d'une école depuis si longtemps en crise ».
"L'école républicaine est un mythe"...
Quels débats et quelles décisions ont donc été prises, au moment même où le gouvernement venait de rendre public son projet de décentralisation de l'Education nationale ? Selon l'un des coordonnateurs de ces assises, « on ne pouvait pas repartir comme ça, pour une année scolaire, qui sera une année ordinaire ou une année de lutte - ce sera à chacun de décider (selon notre « altermondialiste », si la casse de l'école républicaine passe, ne cherchons pas noise à Aschieri, qui parle de « recul » du gouvernement, mais aux enseignants, qui auront « décidé une année ordinaire », sans faire quelque chose, sans avoir une réflexion. On ne pouvait pas attendre et s'en tenir aux débats bouclés d'avance. »
La Provence rend compte des propos de Joshua : « L'école républicaine est un mythe (souligné par nous), l'école n'a jamais été égalitaire. »
Le système scolaire a quand même du bon puisque « le cheminot de base s'est rapproché culturellement de l'ingénieur qui lui donne des ordres » et qu'un « facteur est en mesure de se présenter aux élections présidentielles ».
Conclusion de ces assises, en référence au débat sur l'école annoncé par le ministre : « Attention aux grands débats. Débattre de l'école, de ses valeurs, en oubliant le contexte socioéconomique (souligné par moi), l'intégration des populations immigrées, l'organisation géographique des villes, serait une vaste... raffarinade. »
Finalement; pour nos « altermondialistes », il faudrait que les syndicats participent au « grand débat sur l'école » de Raffarin-Ferry afin que ces derniers « n'oublient pas le contexte socioéconomiue ». C'est précisément la méthode qui a permis, avec la mise en place du Conseil d'orientation sur les retraites par la « gauche plurielle », de faire passer la contre-réforme des retraites.
N'est-ce pas le but de ces « forums sociaux » que de faire oublier aux militants syndicaux la défense pied à pied des revendications et acquis de la classe ouvrière par de grands débats institutionnels, en lieu et place de l'organisation nécessaire pour résister ?
JEAN-MARIE TRIBOUT   (Un lecteur de Marseille)   (semaine du 24 au 30 septembre - n°608)

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Le ministre Ferry ne détruit pas les diplômes nationaux,
il entre en "résistance à la marchandisatlon"...

" J'étais l'année dernière à Porto Alegre et j'ai eu le plaisir de débattre avec des responsables d'ATTAC " rappelle le ministre de l'Éducation nationale, Luc Ferry. Question : " Quel cadre offrirait une résistance à la mondialisation ? " Réponse : " De toute évidence, le cadre européen. Il faut opposer l'Europe à la mondialisation américaine. Quand je propose une loi sur les universités, cela est loin d'être un projet d'inspiration libérale, comme on me le reproche, c'est une forme de résistance à la marchandisation, car ce n'est qu'au niveau européen que le service public pourra redevenir un sujet politique " (Le Monde, 15 novembre).
(semaine du 19 au 25 novembre 2003 - n°616)

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A propos du Forum mondial de l'éducation de Porto Alegre

Le troisième Forum mondial de "éducation se tiendra du 29 au 31 juillet prochains à Porto Alegre (1). L'un des objectifs affichés est de constituer un " réseau permanent de mobilisation mondiale" et de " construire une plate-forme mondiale de l'éducation pour tous les peuples de la Terre ".
Mais pour quoi faire, et avec qui ? S'agit-il de combattre les orientations appliquées par les gouvernements dans tous les pays, sous l'impulsion des institutions internationales (OCDE, Union européenne, Banque mondiale), qui conduisent au démantèlement de l'école publique et à sa privatisation ?
A l'initiative de militants brésiliens, l'Entente internationale des travailleurs et des peuples adresse une lettre ouverte aux participants de ce forum et pose ces questions essentielles (2).

1-  Une autre éducation serait possible... sans s'opposer aux privatisations ?
Dans la quasi-totalité des pays, une offensive est menée contre le droit à l'instruction publique : gouvernements et institutions internationales (Banque mondiale, OCDE, Union européenne, etc.) mènent tout en œuvre pour démanteler les systèmes publics, couper dans les budgets, remettre en cause les qualifications reconnues dans les conventions collectives et les statuts, supprimer les postes d'enseignants et de toutes les catégories de personnels, privatiser. On sait, par exemple, ce qu'il en est dans des pays de l'Union européenne où la Commission milite ouvertement pour développer la " diversité des prestataires de formation ".
On nous dit qu'il s'agit d'élaborer " une plate-forme de luttes qui défende l'éducation comme un droit social inaliénable, jamais réduite à la condition de marchandise ".
Mais comment comprendre que les textes qui servent de référence à la convocation du Forum de Porto Alegre, que ce soient les déclarations adoptées lors des précédentes sessions en 2001 et 2003 ou les textes préparatoires de 2004, ne fassent pas une seule fois la référence au combat contre les privatisations, menées sous diverses formes dans la quasitotalité des pays ?
On lit par ailleurs, dans le texte préparatoire au débat sur le thème : " Ecole citoyenne.. l'alternative à la marchandisation de l'éducation" :
" Pour que cet objectif éducatif se concrétise dans le quotidien scolaire, il faut débattre les questions de genre, d'ethnie, de religion, de sexualité et de classe sociale : comment ces questions se présentent-elles dans la réalité, comment construisent-elles des pédagogies et des cultures, et comment occupent-elles un espace qui dépasse le paramètre du marché... "
Le marché " dépassé " par l'école-forum de débat permanent, où les " différences " y compris ethniques seraient mises en avant... Il fallait y penser.

2 - L'heure de l'éducation informelle ?
On lit, par exemple, dans la convocation de la rencontre préparatoire de Sao Paulo, qui s'est tenue début avril : " La marque de ce forum est celle de la recherche de la garantie des droits sociaux pour toutes les personnes, par des projets émancipateurs dans les divers espaces éducatifs formels, non formels et informels, dont l'objectif est l'éducation citoyenne pour construire la ville éducatrice " (souligné par nous).
On peut se demander ce que sont les " espaces non formels et informels ". L'Union européenne, tout comme d'ailleurs l'OCDE et la Banque mondiale, y a répondu... Les organisateurs du forum n'ont donc rien inventé. Par exemple, selon l'Union européenne, " l'éducation non formelle peut s'acquérir sur les lieux de travail... " et " l'éducation informelle est le corollaire naturel de la vie quotidienne " (3).
Dans la " charte " adoptée en 2003, on lit :
" Les divers espaces et collectifs dans lesquels l'éducation peut exister sont des lieux de discussion, de vie, de partage. L'école publique, dans ce processus, se transforme et se régénère comme cadre spatial et temporel de rencontres d'hommes et de femmes de tous âges. "
On lit également un appel à " la construction de la ville éducatrice, par la restructuration et la mobilisation de toutes les ressources, dans tous les secteurs et toutes les instances ".
Comment ne pas voir la marque des politiques de décentralisation, appliquées dans des dizaines de pays, aussi bien en Europe qu'en Afrique ? Hier, pour développer l'instruction publique, il était admis qu'il fallait construire des écoles et que c'était à l'Etat de le faire et de les financer... Aaujourd'hui, on nous parle d'éducation informelle et de décentralisation : les organisateurs du forum de l'éducation emboîtent le pas.

3 -  Un "réseau" sans frontières de classe
L'une des figures de proue du Forum mondial de l'éducation, M. Gadotti, affirme que " nous devons rassembler de nombreux fronts, qu'ils soient syndicaux, populaires, gouvernementaux (...) ".
Une dépêche de presse (AEF, 5 mai) confirme que " la manifestation (le forum - NDLR) rassemblera des enseignants, des chercheurs, des associations, des ONG, des gouvernements, des mouvements sociaux et syndicaux de différentes nationalités et toute personne s'intéressant au débat sur l'éducation et la construction d'un autre monde possible ".
Lors des forums de l'éducation précédents, il est vrai que les ministres français de l'Education en titre, Jack Lang et Mélenchon, puis Luc Ferry, avaient fait le déplacement.
La lettre ouverte soumise à l'échelle internationale à la signature des militants se conclut ainsi : " C'est à vous, camarades, que nous nous adressons, pour alerter du danger de ce type de "forum", qui se revendique des "principes et objectifs du Forum social mondial". En dissolvant les distinctions de classes dans ce qui est appelé la "société civile" - où se retrouvent grandes multinationales, fondations privées, Banque mondiale, gouvernements, ONG, jusqu'aux syndicats de travailleurs de l'éducation - les principes et objectifs du FSM se résument dans le slogan.. "Donner un visage humain à la mondialisation" ! Le capitalisme ne "s'humanise" pas, collègues éducateurs, il se combat. "
Ce dont il s'agit aujourd'hui, c'est du combat contre une furie destructrice jamais vue, pour préserver les vieilles conquêtes, dont le cadre formel de l'école publique et gratuite, avec les budgets publics nécessaires pour rémunérer ses professionnels et répondre au droit de tout citoyen à un enseignement de qualité.
JACQUES PARIS    (semaine du 7 au 12 juillet 2004 - n°648)

(1) Les deux sessions précédentes ont eu lieu à Porto Alegre en 2001 et 2003, à la veille des forums sociaux mondiaux.
(2) Le texte intégral de cette lettre ouverte est paru dans lnformations internationales, n° 79, édité par l'Entente internationale des travailleurs et des peuples.
(3) Mémorandum sur l'éducation et la formation tout au long de la vie Commission des Communautés euro péennes, SEC (2000) 1832, Bruxelles, 30 octobre 2000.

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